Les années 2000 n’ont pas été la période la plus agréable et la plus glorieuse pour les studios Disney, entre les classiques comme "Kuzco : l’empereur Mégalo" ou "La planète au trésor" qui étaient sympa mais n’attiraient pas vraiment le public, "Atlantide l’empire perdu" qui a marqué définitivement la fin de l’âge d’or des studios Disney depuis les années 1990 et "La ferme se rebelle" qui était simplement très mauvais en plus de devoir marquer la fin de l’animation en 2D des studios aux grandes oreilles, par la suite les films Disney n’ont pas vraiment fait parler d’eux et c’est franchement très triste, pour un studio qui m’avait tant émerveillé avec des grands films d’animation comme "Aladdin", "Pocahontas", "Le Roi Lion", "Mulan" ou encore "La petite sirène", ça me faisait vraiment de la peine.
Mais… car oui il y a un « mais » à absolument tout quand on réfléchit un instant, en 2009 Ron Clements et John Musker qui avaient déjà réalisé 5 très bons ou même excellent classiques Disney auparavant ont décidé de revenir au bon vieux style de l’animation en dessin en nous offrant une nouvelle adaptation de conte en film d’animation comme au bon vieux temps mais en apportant beaucoup de modernité à pas mal de point : "La princesse et la grenouille" a été, selon moi et selon d’autres je suppose, une sorte de début de renaissance pour les studios de Mickey mais au final on n’en a pas tant parler que ça malgré trois nominations aux oscars et quelques récompenses dans les Annie Awards, alors je vais rendre justice à ce film comme il se doit en tant que fan de Disney car je le classe sans mal dans mon top 5 de mes classiques d’animation Disney favoris, parce qu’il pue tellement le bon et le Jazz/blues attitude qu’il en devient génial !
Commençons par les deux personnages principaux : Tiana, notre héroïne, est l’anti-stéréotype de la majeur partie des princesses Disney qu’on a pu voir et ça c’est déjà un excellent plus en soi, et pour ma part je trouve que c’est une des meilleurs « princesse » Disney qui ait vu le jour depuis Belle et Pocahontas. C’est une droguée du travail, motivé et déterminé qui sait qu’on n’obtient rien sans mettre la main à la pâte, et elle se bat pour réaliser le rêve d’une famille et en soi c’est déjà très admirable, mais comme personne n’est parfaite allons-y pour ses défauts sinon ça ne serait pas drôle : elle ne sait pas s’amuser et profiter des plaisirs simple de la vie comme la danse et elle se révèle très affectée
par la mort de son père qui est clairement évoqué (preuve encore une fois qu’être parent d’un héros dans un classique Disney porte malheur).
J’aime bien son Design, et on a une princesse noire, et d’ailleurs ça va me permettre de parler d’une controverse au sujet de Tiana : le personnage, aux USA, a fait un buzz sur le fait qu’à la base ça devait être une femme de chambre et non pas une serveuse dans un petit restaurant de quartier, et en voyant à quelle époque l’histoire se passe beaucoup ont pesté sur le fait que ça changeant les choses telles qu’elles étaient à l’époque dans notre monde.
Mais justement ! C’est un film Disney avant tout et une adaptation de conte de fée, pas une retranscription historique au détail près, alors ou est le mal à ce que les noires aient une vie décente ou même à peu près égal à celle des blancs ? Avec "Le Bossu de Notre-Dame" ça pouvait passer et il y avait peut être une bonne raison à ce que ce film là soit un scandale puisqu’il est assez loin d’un divertissement familial habituel des studios, mais vous savez : ici on a une grenouille, un alligator et plein d’autres animaux parlant donc ça va, personne ne va en mourir. Pour revenir à Tiana, elle est mémorable et elle prend beaucoup d’initiative et se bat pour avoir ce qu’elle veut. La princesse moderne est donc une pure réussite, quand est-il du prince Disney modernisé Naveen ?
Et bien, encore une fois, je l’adore tout autant qu’il est l’exact opposé de Tiana en terme de caractère : c’est un grand garçon égocentrique qui adore se la péter, un fêtard et un Don Juan de service qui est étonnamment divertissant mais ne sait absolument rien faire de professionnel
ce qui explique pourquoi ses parents l’ont mis à la porte en lui coupant les vivres
. J’adore son apparence que ce soit en humain ou en grenouille, il est vraiment marrant quand il s’y met et c’est la transition toute trouvé pour faire la comparaison entre lui et Tiana, et parler de la morale du film qui est bien plus importante que beaucoup ont l’air de le penser : au fur et à mesure du film, tout deux vont découvrir en l’autre ce qui ne vont pas chez eux et apprendre de leur erreur tout en évoluant pour au final apprendre qu’il y a un temps pour le travail et un temps pour s’amuser et prendre du bon temps, dis comme ça c’est peut être simpliste mais il y a du vrai là-dedans et ça s’applique à chacun d’entre nous dans la vie de tout les jours. Le seul point sur lequel je pourrais faire mon chieur, c’est la romance qui est développé de façon rapide comme dans beaucoup de Disney, certes Tiana et Naveen ont un point commun qui leur permet de se rapprocher, oui ils ont des moments intimistes qui font plaisir à voir et leur personnalité les rend très agréable à suivre et à connaître mais en une heure et demi il se déroule à peu près trois jours, personnellement ça me dérange pas étant un habitué des films du studio mais comme je sais qu’il y aura quelqu’un pour parler de ce point, ça méritait qu’on en parle, malgré tout ça reste une belle romance de conte de fée et les deux personnages sont juste géniaux.
Et quand on a deux héros géniaux, qu’est-ce qui peut rendre ce film meilleur encore ? Je vais le résumer en quelques phrases : un putain d’alligator qui joue de la trompette ! Une vieille mémé de 177 ans aveugle qui fait de la magie vaudou ! Une luciole avec l’accent du bayou amoureux d’une étoile et une meilleure amie de l’héroïne tellement surexcité que chacune de ses réactions la rendent hilarantes à souhait ! Sérieusement, tous ces comiques de services sont vraiment top de chez top, commençons par ordre d’apparition : Charlotte, la fille du maire Eli Bœuf est une blondinette aussi excentrique et agité qu’à chaque fois qu’elle prenait la parole et faisait des mimiques pour faire bonne figure, elle me faisait sourire lorsqu’elle ne me faisait pas rire comme un imbécile heureux. Louis, l’alligator est clairement un de mes comic-relief préféré avec Charlotte, non content d’être drôle il n’est pas très malin mais il est sympa et il a une motivation qui amène des bons rires, il veut intégrer ou groupe de musique de la Nouvelle-Orléans
et la scène flash-back ou il s’incruste sur un paquebot pour jouer de la trompette et essayer de se faire remarquer est tellement drôle qu’il me revient toujours en tête quand je pense au personnage.
Ray, la luciole beauf est lui aussi drôle et son amour pour sa belle Evangeline apporte quelques beaux moments également, sans oublier Mama Odie qui est une grande sage totalement loufoque qui nous fait rire à chacune de ses apparitions. En plus de ça, l’humour fonctionne très bien pendant tout le film même quand ce ne sont pas les comiques de services qui l’amènent, Tiana et Naveen apportent pas mal de rire eux aussi.
Et enfin, venons-en au méchant du film : Facilier est ultra-classe ! Pourquoi ? Parce que ses amis viennent de l’au-delà ! La chanson en elle-même est tellement bien animé et le personnage dégage un tel charisme et il a une telle gestuelle qu’il devient très vite iconique, c’est un showman, un manipulateur d’ombre, un maître du vaudou, son ombre bouge comme un serpent, il fait voler ses cartes comme il le désire et le final de sa chanson de méchant Disney est l’apothéose pour le personnage, son design est excellent, c’est un grand magicien droit aux membres longilignes et même si sa motivation se limite
à conquérir la Nouvelle-Orléans en réglant ses dettes aux esprits de l’autre mond
e, je ne peux que l’apprécier. Quant à Lawrence… c’est plus un pion qu’autre chose et un valet plus que saoulé de sa situation qui se laisse facilement manipuler, son cas est du déjà-vu mais il ne gêne pas plus l’intrigue que ça, la mère de Tiana est sympa et au moins elle échappe à la malédiction des parents Disney, et Eli Bœuf est sympa, en même temps avec la voix de Jacques Frantz en VF difficile de ne pas rendre un personnage Disney sympa ou même agréable quand c’est un personnage secondaire. Donc si chez les personnages c’est réussie, qu’en est-il de l’animation en 2D ?
Et bien, à vrai dire Disney espérait que ce point permettrait à leur film d’avoir un réel impact sur le public, mais étant donné que les films d’animation familiaux étaient et sont désormais très souvent réalisé avec des images de synthèse, pas mal de monde ont dû prêter très peu attention au film en pensant que ça n'était destiné qu'aux enfants. Pourtant, et avec un budget de 105 000 000 de $ (ce qui est quand même un budget modeste comparé aux derniers classiques Disney sorti), le travail se sent et l’aspect visuel de la Nouvelle-Orléans et du Bayou est vraiment somptueux à voir et ça fait du bien d’avoir revu Disney revenir pendant ce film à l’animation en 2D : les effets de lumière lors de l’apparition des lucioles sont très beaux, les nuances de vert que ce soit pour l’apparence en grenouille de Tiana et Naveen, les couleurs sombres du bayou la nuit ou plus clairs lors de la journée ainsi que ceux des lucioles et de Ray sont nombreuses, variés et très beaux à voir et certaines scènes ont une certaines beauté et architecture naturel très belle à voir. Et bien sur, quand on ouvre le film sur la ville, c’est un beau régal visuel également, on sent qu’il y a de la vie par-ci par-là, le déplacement des ombres de Facilier est aussi très bien foutu, la gestuel du personnage également, et les environnements sont plein de richesse et divergeant, les dessinateurs ont fait un très bon boulot avec un budget plus élevé que pour "Atlantide l’empire perdu", mais quand même inférieur à "La Ferme se rebelle" et "La planète au trésor", d’un façon ou d’une autre ce film est magnifique à voir au niveau de l’animation.
Les chansons, quant à elle, ont été écrites pas Randy Newman à qui on doit la bande-son de la trilogie Toy Story des studios Pixar. Et ce film fait parti des quelques Disney ou l’intégralité des chansons me donnent envie de me lever de mon fauteuil et de swinguer sur le rythme de Jazz et de Blues qui règne pendant la major partie du film, chacune des chansons est génial : "La Nouvelle-Orléans" est en soi une belle introduction avec l’ambiance que nous promet la suite du film et sa reprise finale est So Jazzy and So Funny, "Au bout du rêve" est très belle et la voix de China Moses la rend plus agréable et sympathique à écouter qu’elle ne l’est déjà, "Mes amis de l’au-delà" est tout bonnement génial et, comme dis plus haut, démontre toute la classe du méchant et met bien en avant l’animation et sa magie du vaudou qui est un grand plus à l’animation du film, "Humain pour la vie" est très entraînante, de même pour "A travers le bayou", "Ma belle Evangeline" est très mélodieuse et tendre, "Creuse encore et encore" est sans doute ma deuxième préféré puisqu’on laisse la fantaisie parler pleinement durant cette chanson avec les flamants roses venant participer à la chorégraphie et puis je pouvais pas résister à cette vieille folle totalement barré de Mama Odie ?
Mais que seraient les chansons en VF sans un excellent doublage, et sur le coup je vous le dis, on a eu le droit à du lourd, du très très lourd en terme de doublage vocal : China Moses avait donné toute sa personnalité à Tiana grâce à son accent, Alexis Tomassian est toujours un réel plaisir à entendre au doublage d’un film ou d’une série d’animation, Richard Darbois doublait une nouvelle fois un personnage secondaire dans un Disney en la personne de Louis mais qu’est-ce qu’il est bon encore une fois, on sent qu’il se lâche dans son personnage, Dorothé Pousséo était hilarant et pleine d’entrain pour faire la voix de Charlotte, Jacques Frantz est toujours aussi top, Anthony Kavanagh qui n’est pas mon humoriste favori bien que je n’ais rien contre lui était quasiment méconnaissable pour jouer Ray, Liane Foly également était surprenante pour interpréter Mama Odie et au chant elle était génial et entendre Frantz Confiac pour doubler Facilier était juste un pure bonheur, pour expliquer mon ressenti si il y a bien un domaine dans lequel le doublage français est vraiment excellent c’est dans le doublage à travers les films d’animations et ce film nous le montre clairement.
Et enfin, venons-en au dernier point qui a posé problème à pas mal de monde pour ce film : son scénario qui est au final plus compliqué et moins fluide que les Disney des années 1990. Parce que, ouais, quand on analyse le film en détail, il y a toute une série de sous-intrigues qui rejoint plus ou moins indirectement l’histoire de base, comme la motivation du méchant du film, les évènements qui se déroulent antérieurement
du côté de Charlotte et du mariage en préparation avec le faux prince Naveen,
ou encore les motivations des personnages plus secondaires. Personnellement, ça ne m’a pas plus perturbé que ça et j’arrivais à suivre le film sans problème la première fois que je l’ais vu et ça ne gâche pas le plaisir du film puisqu’on a largement ce qu’il faut pour aimer "La princesse et la grenouille", il y a juste une légère sottise que j’ais du mal à laisser passer :
Tiana ayant disparu pendant une journée entière après avoir été transformée en grenouille, comment se fait-il que sa mère Eudora et Charlotte ne se soient pas inquiété plus que ça de son absence ? Vous allez surement me dire que pour Charlotte elle avait son rencard avec le faux Naveen mais elle passe un long moment éloigné de lui et pour la meilleure amie de l’héroïne, elle ne s’en fait pas tant que ça pour sa copine… quant à sa mère… enfin merde, c’est sa mère nom de dieu ! Elle devrait être plus inquiète que ça non ?
La faute revient à un rythme rapide comme tout film Disney puisque leur durée est d’une heure et demie en moyenne, et ce classique ne déroge pas à la règle. Néanmoins, il fait sans problème parti des grands classiques Disney qui mériteraient, selon moi, plus de distinction, et en plus de ça ce film fait un joli clin d’œil à l’un des anciens classique réalisé par Musker et Clements, je vous laisse deviner lequel en regardant ce film.
Mais bon, vous l’aurez compris : j’adore La princesse et la grenouille à tel point qu’il est troisième dans mes 5 Disney préférés, les personnages sont géniaux, les chansons rythmique et entraînantes, l’animation est un grand et bel hommage au film d’animation 2D d’auparavant, et l’histoire en elle-même est une excellente adaptation de conte, si vous ne l’avez pas encore vu n’attendez pas plus longtemps pour le voir ! On regrettera seulement que désormais, les films d’animations en 2D aient disparus depuis le temps chez Disney, ce qui a le don de nous rendre nostalgique à la bonne veille époque des Disney en dessin.