La famille est une entité complexe intéressante selon Thomas Arslan, qui y a vu la possibilité de "dérouler plusieurs fils narratifs et de jouer avec les différentes facettes de ces histoires de famille et d'amour." Le cinéaste avoue s'être beaucoup inspiré de ce qu'il a observé autour de lui pour écrire son scénario et pour mettre en scène les inévitables conflits de générations auxquels sont confrontés ses personnages.
Thomas Arslan a réalisé quelques courts-métrages avant de signer son premier film en 1997: se penchant déjà sur la famille et ses drames, Geschwister - Kardesler
Angela Winkler est une habituée du rôle difficile de mère de famille. Elle a joué entre autre la mère du héros peu communicatif de Benny's Video, film de Michael Haneke qui interrogeait les dangers de la manipulation des médias et en dénonçait la violence.
Même si son sujet principal est la famille, le réalisateur a voulu mettre en scène des individualités: "Les structures familiales sont basées sur des relations entre des personnes individuelles. Je voulais savoir comment cette constellation particulière fonctionnait. Je voulais voir ça de plus près". Refusant d'"enfermer les personnages dans un carcan", Thomas Arslan choisit de se centrer sur les liens qui se tissent entre chaque personnage, les uns après les autres. Aussi filme t-il rarement la famille au complet: "Il manque toujours quelqu'un pour parvenir à cette harmonie tant espérée. Ils seront tous réunis quand il sera trop tard", souligne-t-il.
Selon Thomas Arslan, le comportement d'un personnage ne s'explique pas par sa position au sein de la société. Il a en outre situé l'action pendant les vacances, ce temps suspendu et à part durant lequel les individus ne se caractérisent plus vraiment par leur origine sociale ou leur profession: "A mon avis, cela suffit de juste évoquer le fait que cette famille est issue de la classe moyenne supérieure, qu'elle a connu des temps meilleurs et qu'elle s'est appauvrie, mais qu'elle continue tout de même de mener la vie qu'elle a toujours menée, comme si rien n'avait changé, ajoute le cinéaste qui a résolument voulu peindre l'individu en tant que tel, détaché au sein même du groupe.
Privilégiant une narration simple, le metteur en scène a pris le parti de montrer ses personnages en train de se chercher et d'évoluer, faisant ainsi l'économie de ressorts dramatiques évidents: "Il m'importait de trouver un équilibre entre les différents fils narratifs tout en les faisant progresser ou basculer au cours du récit. Tous ces personnages qui évoluent ne vivent qu'une fois. Ils essaient tous d'être heureux sans savoir comment faire", commente-t-il.
L'atmosphère irréelle latente qui règne tout au long du film correspond à la vision du monde du cinéaste "à la fois concrète et étrange. (...) Le cinéma a aussi ce côté un peu bizarre et irréel" affirme-t-il.