Après 3 longs métrages de très mauvais goût (mais très bon), trash et ultra gore, Peter Jackson sort un peu de sa zone de confort en se réappropriant un fait divers tenu dans les années 50, dont on voit l'issue dans les premières minutes du film.
Il se le réapproprie oui, puisqu'il ne raconte pas seulement les écrits de Pauline (l'une des deux amis), il s'en inspire, ils sont même présent par le biais de voix off, mais il prend le sujet à bras le corps, et nous livre un film à l'univers mystérieux. Il met en scène une amitié entre deux adolescentes, dont une jouée par une jeune Kate Winslet très impliquée. Une amitié qui prend le pas sur tout, sur les études, sur leurs familles et même sur la réalité. Le néo-zélandais joue entre les limites de l'imaginaire et du réel, en créant une atmosphère mystique, avec un côté quasi onirique très prenant, dans des paysages magnifique de la Nouvelle Zélande natale du cinéaste. Peter Jackson s'amuse profondément (encore plus quand il se trouve dans le monde imaginaire des 2 amis), que ce soit en terme de mise en scène, de montage, de cadrage ou de choix musicaux très différent au gré des émotions ressentis par les adolescentes, et il y en a énormément (bonheur, frustration, isolement, passion, amour, haine...). Il peut y avoir des moments léger, comme un peu plus sombre et malsain. Et c'est là aussi qu'on ressent ce côté très personnel qu'il a dans son approche, le Peter Jackson de l'horreur n'est jamais très loin, surtout dans la seconde partie du film s'accélèrant drastiquement.
A travers cette histoire Jackson va aussi dénoncer une certaine société de l'époque post 39-45. Un "régime" oppressif, intolérant où la religion est omniprésente et ne laisse pas la place à ceux qui ne sont pas dans la norme. C'est une certaine ode à la liberté, à la marginalité, à l'imagination. On peut donc dire que le père de Braindead prend partie pour les 2 jeunes filles, puisque en quelque sorte il explique ce que pourrait être les raisons de leur futur geste, au contraire des journaux de l'époque les condamnant scrupuleusement sans tenter de les comprendre.
Pauline et Juliet sont bien évidemment au centre du récit, il n'y a pas une seule scène où elles ne sont pas l'écran (ou presque). Personnellement je ne peux pas dire que j'ai vraiment apprécié les 2 amis, mais ce qui est sûr c'est qu'au fur et à mesure que le film avance, on s'identifie de plus en plus à elles, ou dans mon cas on se rapproche un peu d'elles. Mais si je dois émettre une limite à ce film, c'est bien le portrait de ces jeunes filles, qui sont parfois assez énervante je dois l'avouer, et qui m'ont empêcher de ressentir de l'empathie pour ces deux là. Bien que leur amitié sans limite soit touchante, c'est carrément une relation amoureuse qui est créée, donc homosexuelle et on se trouve dans les années 50 je le rappelle. Le regard qu'elles portent sur le monde, et sur leur parent par exemple est lui aussi intéressant.
C'est un film très surprenant je fois l'admettre, encore plus que les 3 précédents du cinéaste néo-zélandais, car ici je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. En ressort un film à l'atmosphère particulière, parfois enchanteresse, parfois malsaine, touchante dans tout les cas. (7.5/10)