A Very British Gangster a remporté le Grand Prix au Festival du Film Policier de Cognac 2007.
Comme tout film de gangsters, A Very British Gangster aborde les éternels thèmes de la famille, de la vengeance ou encore de la mort. Mais, si le film parvient à toucher ces sujets au plus près, c'est parce que tout ce qu'il décrit est véridique. Les meurtres, les procès ou les enterrements ont bien eu lieu. Les personnages ne jouent pas la comédie et les décors n'ont pas été fabriqués. Tout est réel et véridique, comme l'explique le réalisateur Donal MacIntyre: "C'est une fiction déguisée en documentaire. Il y avait un script. Il a été écrit lorsque ces hommes sont nés, les prédestinant à une vie de crimes (...) Je voulais que le spectateur découvre ce monde comme moi, dans un état proche de la crise de nerfs. Je veux qu'il puisse toucher, sentir et respirer l'environnement de ce gangster et de sa famille jusque dans ses moindres recoins. "
Si A Very British Gangster rappelle énormément l'imaginaire du film de gangsters, il interroge vivement sur les origines de cette ambiance et de ces attitudes entrées dans les codes du genre. Est-ce le cinéma qui a copié les méthodes des gangsters ? Ou sont-ce les mafieux d'aujourd'hui qui sont enclins à imiter les comportements classiques qu'on attend du "gangster de cinéma" ? Lors du tournage, le réalisateur a d'ailleurs assisté à ce mimétisme : "Quand j'arrivais sur le "plateau", cela signifiait arriver dans leur monde, un monde qui est familier à tout spectateur de cinéma avec, bien entendu, des meurtres, des kidnappings et des trafics de drogue. Les personnages principaux, tous les membres de la famille Noonan, ont été baignés dans les films de Martin Scorsese et Quentin Tarantino, comme tout le monde. Ils sont ce que l'on voit, ils vivent dans leurs propres films, imitant les poses, les fanfaronnades, les répliques qui sont tombées dans la culture populaire, mais ils ne peuvent pas dissimuler leurs costumes mal taillés et leur accent de Manchester."
Célèbre journaliste d'investigation en Grande-Bretagne, Donal MacIntyre est connu pour ses reportages détonnants. Récompensé à de multiples reprises, il s'est aussi attiré des ennemis et de nombreuses représailles. Après des menaces de mort, des attentats et des tentatives de rapt, il a été obligé de vivre sous protection policière. Depuis une dizaine d'années, il infiltre des milieux dangereux et a ainsi travaillé sur le commerce illicite des armes en Europe de l'Est et sur la traite des blanches. Cette réputation de reporter courageux, mais surtout un peu trop curieux, lui a valu un drôle d'accueil lors de son premier entretien avec le "parrain" de Manchester. "Quand j'ai rencontré Dominic Noonan, qui est à la tête de la famille, dans le quartier de haute sécurité de la Belmarsh Crown Court, il m'a dit 'Tous les gens que je connais veulent te tuer. On a demandé à mon frère de te tabasser. Je vois que le boulot n'a pas été fait'. C'est le genre de conversation dont on se souvient."
La famille Noonan est célèbre pour avoir passé de nombreux séjours derrière les barreaux. A lui tout seul, Dominic Noonan est resté 22 ans en prison, des peines qu'il a purgées au sein de 27 pénitenciers différents. Il a d'ailleurs commencé à commettre ses premiers délits à l'âge de 9 ans. Au cours de sa vie, il a ainsi été condamné 40 fois pour évasion, fraude, possession d'armes à feu ou encore voie de fait sur policiers. Toutefois, ces séjours à l'ombre ne l'ont jamais empêché d'exercer son influence à l'extérieur. " Bien que la police luttait pour s'occuper des Noonan dans les rues, les enfermer ne les empêchait pas d'agir. Alors qu'il était en isolement, Dominic a organisé une "opération glue", un assaut à la super glue sur toutes les serrures des centres de détention à travers la Grande-Bretagne le 1er Avril, engendrant des frais de plusieurs millions de dollars pour les institutions pénales britanniques. Il a été l'un des organisateurs principaux des émeutes de la prison de Strangeways, et il a également organisé des attentats contre des employés de la prison et leurs familles à l'extérieur", explique Donal MacIntyre.
Si Dominic Noonan connaît bien les pénitenciers, il est aussi très familier de l'évasion. Il est d'ailleurs le détenteur d'un record plus que surprenant : en une seule journée, il est parvenu à s'évader et a eu le temps de commettre deux braquages. Cette évasion avait en réalité été orchestrée par les membres de son clan qui, après l'attaque de deux fourgons, l'ont tout bonnement ramené à la prison.
Pour faire en sorte que sa légende continue de s'épanouir, Dominic Noonan a légalement adopté le nom de "Lattlay Fottfoy". Il s'agit en réalité de l'acronyme de la devise familiale des Noonan : "Look After Those That Look After You, Fuck Off Those That Fuck Off You", signifiant plus ou moins en français :"Prends soin de ceux qui prennent soin de toi, et entube tous ceux qui t'entubent."
A la fois protecteur et manipulateur de toute une communauté, Dominic Noonan n'a pas peur de dire ce qu'il pense. Il n'est d'ailleurs pas avare d'expressions qui pourraient tout à fait servir de répliques dans un film de gangsters :"Ici, c'est Manchester. Le jour, la police fait la loi. La nuit, ce sont les gangsters.""Avoir de l'allure, c'est primordial, surtout en face d'un jury.""La compassion pour mes victimes ? Elles ont semé le vent et elles récoltent la tempête.""Je reste dangereux. Tout le monde est dangereux. Mais certains plus que d'autres."