Import Export s'intéresse aux flux migratoires entre l'Est et l'Ouest. Le réalisateur Ulrich Seidl explique que son attirance initiale pour l'exportation de la force de travail a donné naissance au long-métrage : "C'est en travaillant à un autre film que j'ai eu l'idée de faire celui-ci. Lorsque je préparais Zur Lage, un documentaire en plusieurs parties, j'ai rencontré une famille de prolétaires dont tous les membres étaient au chômage. J'y ai vu le thème d'un film de fiction. En ce qui concerne l'importation, il y a des années que j'avais envie de réaliser un film en Europe de l'Est, parce que je me sens très proche des gens là-bas. C'est pourquoi j'ai commencé à écrire une histoire qui irait d'est en ouest, et une autre en sens contraire."
Le tournage d'Import Export s'est déroulé dans des conditions extrêmes : moins trente degrés en Ukraine, proximité avec des mourants en Autriche... Le réalisateur Ulrich Seidl, qui considère "que les images intenses et extrêmes ne peuvent voir le jour que dans des conditions elles-mêmes intenses et extrêmes", revient sur le tournage aux côtés de personnes mourantes : "Les seules difficultés sont venues de l'administration et du personnel. J'ai fait l'objet de pressions énormes visant à m'empêcher de tourner, principalement à cause de scandales récents dans des services de gériatrie en Autriche. Plusieurs mois avant le tournage, nous avons commencé à passer du temps avec les patients. (...) Les patients qui étaient encore conscients nous ont accueillis avec plaisir, puisque le tournage rompait la monotonie de leur quotidien carcéral."
Au tarvers de sa filmographie (dont le remarqué Dog days, Grand Prix du Jury à Venise), Ulrich Seidl s'est affirmé comme un cinéaste résolument provocateur et dérangeant. Il explique sa vision : "Mon propos n'est pas uniquement de divertir le spectateur, mais aussi de le toucher, voire de le déranger. Mes films ne critiquent pas des personnes, mais la société dans laquelle ils vivent. Et j'ai une conception claire de la dignité. Un film atteint son objectif lorsqu'il dépasse le divertissement et pousse le spectateur à découvrir quelque chose en rapport avec sa propre vie. Mon intention est de renvoyer au spectateur une image de lui-même. (...) Je ne connais pas d'idéologie pour un monde meilleur, et je ne cherche jamais à juger les individus. J'essaye seulement de jeter un regard impartial sur la vie. Je crois que la réalité dépasse tout - toutes nos angoisses, toutes nos passions, l'angoisse de la mort comme la recherche passionnée de l'amour. (...) Tous mes films sont le fruit d'une conception humaniste du monde. Même ceux qui dérangent, qui provoquent ou qui choquent."
C'est l'Américain Edward Lachman qui officie comme directeur de la photographie sur Import Export. Après avoir travaillé aux côtés de Werner Herzog, Wim Wenders et Volker Schlöndorff, il connaît une belle carrière aux Etats-Unis en signant notamment les photos d'Erin Brockovich, seule contre tous, Virgin suicides ou encore I'm Not There. Edward Lachman est également le co-réalisateur de Ken Park avec de Larry Clark.
Import Export a été présenté en compétition au Festival de Cannes 2007.