Gina Kim, la réalisatrice de Never Forever, ne tarit pas d'éloges sur son actrice Vera Farmiga. Elle explique pourquoi elle s'est tournée vers elle en particulier : "Mon film n'est pas un film de dialogues et je cherchais donc quelqu'un qui n'ait pas à "jouer" le rôle, mais qui puisse vraiment l'"habiter". J'ai d'abord vu Vera dans Down to the Bone de Debra Granik. J'ai été frappée par sa performance. Elle a la capacité de s'effacer derrière le personnage qu'elle joue. Il n'a fallu qu'un rendez-vous au café pour me confirmer qu'elle était Sophie. Elle est à la fois diaphane et mystérieuse. Son corps crée aisément une tension cinématographique, avec peu d'images. Son visage se lit comme une carte où sont tracés ses sentiments. C'est grâce à sa présence que j'ai pu me dispenser de dialogues trop explicatifs."
Never Forever évoque le destin d'une femme vivant dans un milieu aisé et dont le désir inassouvi de devenir mère la conduit à "recruter" un "inséminateur". Une histoire de facture assez classique, à l'exception que la jeune femme est new-yorkaise et que son mari et son amant sont coréens. La réalisatrice Gina Kim parle de la question raciale évoquée dans le film : "J'ai écrit cette histoire quand j'ai commencé à enseigner à l'Université d'Harvard. Je n'avais jamais vécu sur la côte Est auparavant et je fus assez frappée par l'absence de diversité ethnique à Boston. J'y suis devenue plus consciente de ma nationalité : coréenne née et élevée en Corée, je ne me posais pas ces questions de race. J'ai découvert la manière dont les Asiatiques sont perçus par les majorités blanches aux États- Unis. J'étais consciente de la manière dont les femmes d'origine asiatique sont "hyper sexualisées" dans la culture populaire américaine, mais j'avais très peu de notions de la manière dont l'homme asiatique est perçu. Il est plutôt largement "désexualisé" : il est très rare qu'il soit décrit comme objet de désir aux États-Unis. Après m'être penchée sur cette question, j'ai constaté que c'était avant tout une affaire de classe sociale."
La réalisatrice Gina Kim évoque de nombreuses influences pour son cinéma et Never Forever en particulier, notamment certains films de Douglas Sirk ou des films européens comme Belle de Jour. Son influence principale reste les films coréens des années 60. Elle raconte : "Je les trouve incroyablement subversifs – à la fois sur le plan esthétique et dans leur contenu. Des films comme Jayu Buin (1969), Hanyo (1960) ou encore Sarangbang Sonnimgwa Eomeoni (1961) m'ont profondément touchée par leur description des personnages féminins. Ces femmes sont toutes guidées par leurs désirs propres et se battent pour les satisfaire. Le dénouement de ces films est souvent loin d'être satisfaisant, mais ils m'ont néanmoins inspirée. Je me suis demandée ce qui se passerait si je mettais ce type de femmes dans un univers contemporain."
L'actrice américaine Vera Farmiga, qui tient le rôle principal de Never Forever, s'est fait connaître du grand public en 2006, en incarnant la compagne de Matt Damon dans Les Infiltrés de Martin Scorsese. Elle s'était auparavant illustré aux génériques de 15 minutes (2001), Un crime dans la tête (2004) ou encore Par effraction (2006).
Never Forever a obtenu le Prix du Jury lors du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2007.