Rithy Panh est un cinéaste multi-récompensé, notamment pour ses documentaires, dont les plus connus sont La Terre des ames errantes et S21, la machine de mort Khmere Rouge. Ce réalisateur cambodgien, rescapé des camps de la mort des Khmers Rouge alors âgé de 15 ans, filme, à travers la plupart de ses oeuvres cinématographiques, la tragédie de son pays et de ses conséquences aujourd'hui.
Le Papier ne peut pas envolopper la braise a reçu le FIPA d'Or 2007 du Festival International des Programmes Audiovisuels, dans la catégorie documentaires de création & essais.
"Le papier ne peut pas envelopper la braise" : cette phrase a été prononcée par l'une des prostituées qui interviennent dans le film. Le réalisateur explique pourquoi il l'a choisie comme titre de son film : "elle résume le tragique de la situation dans laquelle se trouvent ces jeunes Cambodgiennes contraintes de vendre leur corps. Contraintes par la misère, par la faim, par la violence familiale, par la maladie d'un proche, par la drogue..."
Le réalisateur a choisi de donner la parole à ces prostituées car il voulait donner un nom et un visage à celles dont on entend parler uniquement à travers les satistiques ou les rapports d'ONG.
Avec ces différents portraits de prostituées, le cinéaste a souhaité dénoncer plusieurs choses : "A travers elles, le film interroge l'état de la société au Cambodge. Pays fracassé par des années de guerre, par un génocide sous le régime des Khmers rouges, par le règne de l'impunité, par la course à l'argent, par la corruption, par la fossé croissant entre pauvres et riches, par un abîme d'incompréhension entre le peuple et les puissants, par d'incessants et stériles rapports de force..."
En plus de dénoncer des malaises sociaux, Rithy Panh a voulu souligner le mal être de la jeunesse cambodgienne et des valeurs traditionnelles qui la compose : "Ces prostituées questionnent les valeurs traditionnelles de solidarité, d'entraide, d'amitié, d'amour, de justice, elles s'interrogent sur leur place dans la société, sur l'avenir d'une jeunesse en mal d'identité, en quête de repères, qui représente aujourd'hui plus de la moitié des treize millions de Cambodgiens."
Le quartier où habitent les prostituées se surnomme "le Building blanc", et se situe au coeur de Phnom Penh. Elles vivent en situation très précaires, en retrait de la société.