Comme le dit lui-même le film par la voix de Vincent Cassel, la perfection ne se résume pas à la maîtrise totale, il faut quelque chose de plus, cet éclair de génie qui transcende l'oeuvre. Avec Black Swan on est en présence de ce qui pour le cinéma touche à la perfection. Black Swan raconte un drame, celui de Nina, danseuse de ballet d'une vingtaine d'année (on ignore son âge) à la discipline de fer pour son art mais demeurée pour le reste une petite fille notamment en raison de l'emprise de sa mère, danseuse de ballet ratée. Monde cruel que celui des ballets avec beaucoup d'appelées mais une seule élue. Pour Nina c'est son tour, elle est choisie pour le rôle titre dans le "Lac des cygnes" (si comme moi vous n'avez aucune idée de ce que c'est, pas d'inquiétude Vincent Cassel vous spoil tout au bout de 10min de film). Le problème pour Nina est qu'elle doit interpréter le cygne blanc, beau, pure, craintif, mais aussi le cygne noir, libre, majestueux, ce qu'elle n'est pas du tout. Nina va alors subir une pression énorme de son maître de ballet pour se lâcher et interpréter le cygne noir. La pression pour Nina va encore monter d'un cran avec l'arrivée d'une nouvelle danseuse, à son exacte opposée, libérée, instinctive, le profil idéal pour le cygne noir. Peur de ne pas être à la hauteur de son rêve, peur d'être poussée vers la sortie par une nouvelle venue plus jeune, pression de son maître de ballet, pression de sa mère, la fragile Nina va craquer. Alors qu'elle quitte son monde de petite fille et maîtrise de mieux en mieux son rôle, Nina va perdre de plus en plus le contact avec la réalité. Un film poignant, par moments malsain, à d'autres presque effrayant et qui questionne sur la recherche de la gloire, de la perfection et des sacrifices que cela peut impliquer. La réalisation de Darren Aronofsky est extraordinaire, chaque image est une réussite dans une histoire où l'on ne s'ennuie pas une seule seconde. Pour interpréter ce film, on retrouve bien sûr en personnage central, Natalie Portman, juste exceptionnelle à travers la peur, la panique mais aussi la révolte que l'on peut lire sur elle, un rôle qui lui vaudra une pluie de récompenses méritées, notamment un Oscar. Mais elle n'est pas seule à mériter des applaudissements. Vincent Cassel, en maître de ballet pervers, Mila Kunis en jeune première libérée et Barbara Hershey en mère possessive sont également irréprochables. En conclusion un film superbe qui fera raisonner pendant longtemps dans votre tête la musique de Tchaïkovski.