Darren Aronofsky, petit génie du 7ème art, dilate avec son 5ème film son statue iconique d'obsédé de l'obsession. Cette œuvre connaît dès sa sortie un engouement phénoménal sans sur-estimation qui s'explique essentiellement par l’interprétation remarquable, le thème dérangeant mais fascinant, et par la mise en scène tout aussi sensuelle qu'étouffante. Black Swan narre l'histoire de Nina incarnée par Natalie Portman, jeune danseuse au caractère enfantin vivant avec sa mère, en quête de perfection ultime. Ce qui va dégrader son esprit et la faire sombrer dans la paranoïa.
Cette montagne russe émotionnelle est une réussite colossale, ce qui dévoile l'intention primaire de l'auteur, qui consiste a acquérir un objectif à l'apogée de toutes attentes, tout comme la protagoniste de son film. A partir du scénario construit en s’appuyant sur plusieurs références clairement assumées, notamment à l'animé japonais Perfect Blue de Satoshi Kon, Aronofsky laisse de coté ses habitudes d'applications filmique hautement rythmées et convulsives, et innove ses méthodes avec une mise en scène fluide d’apparence mais toujours aussi vertigineuse et oppressante. Sa nouvelle astuce consiste à utiliser des plans serrés pour donner cette impression de mise en scène claustrophobe, pour absorber et asphyxier le spectateur. Très peu de plans d'ensemble sont utilisés pour accentuer le renfermement qu'a Nina sur elle-même, et le choix de caméra à l'épaule se justifie car il consiste a démontrer la déstabilisation psychologique de cette dernière, à part pendant certaines scènes de danse, où la camera est désaxée et danse littéralement avec le personnage, pour accentuer son évasion dû a son activité. Mais la subtilité d'Aronofsky ne s’arrête pas là, en effet, le film prend plaisir a superposer le réelle et les perceptions extra sensorielles de la protagoniste, ce qui est donc un contraste souligné par le choix d'utiliser un angle de vue passant généralement par un miroir ou une vitre, ce qui donne une imitation difforme de la réalité, et permet de se plonger dans le subconscient de Nina. La représentation concrète de ses hallucinations est d’ailleurs très réussi et évoque en permanence un sentiment de malaise, ce qui renforce l'efficacité. Fondamentalement, le film reste simple mais radical, accrois en intensité tout au long de l’œuvre pour déboucher à un finale d'une poésie exaltante. Une œuvre belle et marquante, qui offre une vision particulièrement cruelle du monde de la compétition de haut niveau tout comme l'ont fait plusieurs films comme Whiplash de Damien Chazelle.