C'est en posant des questions que le réalisateur Alex de la Iglesia résume Crimes à Oxford : "La réalité est-elle réductible à une matrice numérique ? Y a-t-il une logique secrète qui conditionne et explique nos actes ou à l'inverse, nos vies sont-elles le fruit du hasard ? Le film met en présence deux visions du monde et de la connaissance qui s'affrontent et tentent de l'emporter l'une sur l'autre."
Crimes à Oxford est l'adaptation sur grand écran du roman Mathématique du crime, écrit par l'Argentin Guillermo Martinez et publié en 2003.
Le réalisateur espagnol Alex de la Iglesia, connu (et culte) pour être spécialisé dans le cinéma fantastique et l'humour noir (Action mutante, Le Jour de la bête, Le Crime farpait), change ici totalement de registre en abordant pour la première fois le thriller classique. Il évoque cette nouvelle direction : "C'est une nouvelle étape dans ma carrière. La vie est une prise de risques en continu. Je ne veux pas m'ennuyer. Je veux expérimenter. C'est un scénario complexe et je m'essaie à un genre qui n'est pas le mien, le thriller. Mais Crimes à Oxford est un cadeau. Il n'y a qu'à voir le casting ! Je suis sur un petit nuage."
Alex de la Iglesia, le réalisateur de Crimes à Oxford, est conscient que le roman Mathématique du crime de Guillermo Martinez dont le film est l'adaptation "n'est pas vraiment cinégénique. C'est un livre sur la connaissance, sur la possibilité d'approcher l'absolue vérité et qui creuse des questionnements qui m'ont tout de suite ramené à mes études universitaires de philosophie. C'est justement son côté "non-visuel" que j'ai trouvé le plus intéressant, mon défi étant d'en capturer l'essence et de la retranscrire en images."
Crimes à Oxford met en scène l'affrontement de deux personnages, incarnés par John Hurt et Elijah Wood, qui ont deux visions du monde absolument opposées. Le réalisateur Alex de la Iglesia se penche sur cette relation : "C'est le choc de deux caractères antagonistes. Le professeur, vieux et cynique, n'a plus d'illusions sur le monde. Tandis que l'étudiant est plein d'optimisme et pense qu'on peut résoudre n'importe quel problème en se servant de sa tête, de la logique et des maths en particulier. Il veut découvrir le secret de l'existence ! Le film tente de répondre à une question : peut-on se connaître parfaitement les uns les autres ? L'élève va finalement s'apercevoir que même les mathématiques ont aussi leurs failles et que rien n'est parfait. L'âme humaine est aussi compliquée que désorganisée."
Le réalisateur Alex de la Iglesia évoque la distribution internationale de son Crimes à Oxford, qui prend l'accent anglais, américain, mais également français et espagnol. "John Hurt a une autorité naturelle, une force brutale qui me scotchent", explique-t-il tout d'abord. Puis de poursuivre : "Elijah Wood me fascine avec ses yeux incroyables. C'est quelqu'un qui transmet beaucoup d'émotions, qui se donne complètement. Un ange et un démon à la fois. J'avais déjà tourné un téléfilm avec Leonor Watling. Elle me rend euphorique. Dominique Pinon est une personnalité à part qui avait travaillé deux fois en Espagne dans le passé."
Crimes à Oxford est l'occasion pour Alex de la Iglesia de convoquer certaines des références majeures qui le fascinent depuis toujours, parmi lesquelles Le Limier de Mankiewicz pour son univers des faux-semblants, mais aussi les atmosphères anglaises des films d'Hitchcock. Concernant le maître du suspense, le réalisateur reconnaît : "Hitchcock, c'est un état d'esprit, une façon bien particulière de concevoir le cinéma. Ses films ont un côté purement divertissant et intellectuellement jubilatoire. Il n'y a qu'à voir Sueurs froides et ses différents niveaux de lecture."
Michael Caine et Jeremy Irons furent un temps envisagés par le réalisateur Alex de la Iglesia pour tenir le rôle du professeur de mathématiques dans Crimes à Oxford. C'est finalement John Hurt qui fut choisi pour incarner l'impressionnant Arthur Seldom.
Le tournage de Crimes à Oxford s'est étalé sur une durée de neuf semaines. Après deux mois passés à Londres, l'équipe du film s'est installé une semaine à... Oxford.