Réalisateur prolifique, Frederick Wiseman s'attache principalement dans ses documentaires à brosser un tableau critique de la société et des institutions américaines. Il affirme dès son premier film documentaire, Titicut Follies en 1967, ses principes de base : l’absence d’interviews, de commentaire off et de musiques additionnelles.
Frederick Wiseman a choisi de poser sa caméra à la Northeast High School de Philadelphie, un grand lycée urbain. Un choix qui n'est pas anodin : il ne s'agissait pas de trouver, à la façon d'un sociologue, un lieu "représentatif" des lycées américains, mais de s'intéresser à "un lieu précis". Le documentariste explique n'avoir visité qu'un ou deux lycées avant le tournage et n'avoir lu aucun ouvrage de sciences sociales sur le sujet. La préparation du film ne s'est faite que par quelques repérages, pour préserver l'ouverture de son regard. Le tournage s'est déroulé durant cinq semaines, entre mars et avril 1968, presque exclusivement à l'intérieur de l'enceinte du lycée.
Aux États-Unis, l'année 1968 se situe au milieu d'une grande vague de mouvements contestataires qui prend son essor au début des années 1960 et se poursuit jusqu'au début des années 1970. L'année 1968 est marquée, fin janvier, par l'offensive du Têt, au Viêt Nam, qui constitue la bataille la plus importante du conflit au Viêt Nam. Le discours des autorités américaines est remis en cause et le mouvement anti-guerre se renforce. En avril, Martin Luther King est assassiné lors de la Poor People's Campaign, à Memphis, où il était venu défendre les droits des éboueurs de la ville, afro-américains. Cet événement dramatique encourage la radicalisation de la lutte politique de la jeunesse noire. En outre, l'année 1968 voit le développement de mouvements étudiants mexicains-américains et l'émergence d'une « deuxième vague » féministe.