Quel dommage !!! Quel dommage que le dernier quart d’heure soit si mal mené. Car "Intraçable" avait tout pour être un grand polar. Absolument tout. Ou presque si on excepte le panel de sentiments un peu trop linéaire de Diane Lane, qui consent enfin à nous montrer quelque chose de plus habité qu’à partir de la première heure seulement. Réalisateur de l’excellent "La faille", Gregory Hoblit réussit son entrée en matière, dans un style qui lui semble propre : les premières séquences implantent efficacement l’intrigue, sans dialogues, et de façon si mystérieuse que le spectateur ne peut faire autrement que d’être appelé à suivre cette curieuse affaire. Tout commence dans une cave sordide, par un temps à ne pas mettre un chat dehors. Ca tombe bien, nous avons un chat à l’écran, dont la frimousse est diffusée sur le net… S’ensuit un suspense plutôt bien amené, sur un scénario qui met en scène un génie de l’informatique qui diffuse sur la toile les crimes qu’il commet, en se basant sur un fait plutôt bien fait : plus on regarde, et plus on alimente le phénomène. Dans le cas qui nous intéresse, l’affiche ne ment pas, et force le respect en révélant l’évidence même : "Plus vous les regardez, plus vite ils vont mourir". Eh bien le spectateur va indubitablement regarder aussi ce film pour satisfaire sa curiosité. L’identité du tueur, ses motivations, comment va-t-il se faire choper (ou pas), l’ingéniosité de ses crimes qui font penser un peu à ceux perpétrés dans la saga "Saw", tous ces éléments attisent et attirent toute l’attention du spectateur. La tension devant une telle affaire est perceptible, grâce à une mise en scène efficace accompagnée d’une musique qui passe bien, mais sans plus puisque non seulement elle n’écorche pas l’oreille mais aussi aucun de ses thèmes ne reste en mémoire. Pour ce thriller glauque, sadique et pervers (pas au sens sexuel du mot), le casting est bon dans son ensemble, hormis Diane Lane. Billy Burke est à son niveau habituel, toujours enfermé dans le genre de rôle qu’il affectionne : à la fois sage et sobre. Quant à Colin Hanks, Joseph Cross, ils s’en tirent plutôt pas mal, mais selon moi, c’est le petit rôle tenu par Christopher Cousins (dans le rôle de David Williams) qui s’en tire le mieux, bien que son apparition soit de courte durée. Les acteurs sont tous bons, sans être extraordinaires car tout ça manque un peu de charisme, quand même. Mais le principal est là : on est captivé par l’intrigue. Jusqu’à la 85ème minute qui, toujours selon moi, est le moment du sabordage du film. Le rebondissement proposé nous interpelle et nous fait poser des questions rapidement
: on se demande pourquoi l’agent du FBI n’explose pas plus tôt sa vitre, et pourquoi elle retourne dans sa voiture
. En réalité, ce rebondissement est une insulte à l’intelligence de l'agent chargé de l'affaire, et du tueur par la même occasion. Si on considère la psychologie des personnages, on aurait imaginé quelque chose de plus fin, mais là c’est gros. Cependant l’intelligence du tueur n’en a pas fini d’être piétinée, car il perd la maîtrise de ses actes, lui qui jusqu’alors possédait tous les arguments pour ne laisser aucune chance aux fruits du hasard pour s’immiscer dans chacun de ses projets. Donc oui, la fin est amenée par de grosses ficelles que sont la facilité et la prévisibilité. Ce film qu’est "Intraçable" méritait un épilogue bien mieux traité, outre le fait que l’intrigue tourne à une affaire personnelle entre le criminel et le FBI. Comme je disais au début de ma critique, c’est vraiment dommage…