Hiner Saleem se rappelle des circonstances qui l'ont amené à réaliser ce film : "La première fois que je me suis rendu au Kurdistan de Turquie, j'ai été frappé, j'ai été choqué par cette phrase " Heureux celui qui se dit Turc". Elle m'a révolté et rappelé les idées sur la théorie de "l'être supérieur". Cette phrase résume l'idéologie officielle qui règne toujours en Turquie et l'abnégation du peuple kurde. C'est l'idée de départ de Dol. Le ballon blanc qui s'envole à la fin du film, qui s'envole toujours plus haut et qu'on finit par ne plus voir est l'image de cette nécessité "il faut que ça s'arrête !" C'est cette situation, cette phrase et ces pensées qui en découlent qui m'ont poussé à écrire ce scénario."
"Kilomètre zéro parlait surtout de l'atmosphère qui régnait en Irak et au Kurdistan sous le régime de Saddam Hussein. De l'absurdité des guerres et des relations entre les Kurdes et les Arabes. Dans Dol, j'ai voulu parler du Kurdistan de Turquie, d'Iran et de l'immense espoir qui est né au Kurdistan d'Irak depuis la chute de Saddam Hussein."
"Dol" désigne en kurde "tambour" et "vallée". Il s'agit également d'un terme juridique qui signifie s'approprier illégalement le bien d'autrui par le biais d'une manoeuvre frauduleuse. "Une image impeccable du Kurdistan que l'on s'est approprié illégalement..." (Hiner Saleem)
Hiner Saleem a tourné Dol à proximité du "Triangle des Bermudes", c'est-à-dire à la frontière entre le Kurdistan d'Iran, d'Irak et de Turquie.
Arrivé dans le village où devait se tourner le film, Hiner Saleem a gravé un immense drapeau turc avec des pierres. Le réalisateur se rappelle les problèmes que ce geste lui a valu avec la population locale : "A l'aube, je me rends vers ce décor, je regarde la montagne : il n'y avait plus "mon" drapeau ! En fait, pendant la nuit, les villageois l'avaient détruit. Heureusement, j'ai réussi à les convaincre que c'était juste un factice pour mon film et que dès le lendemain du tournage des scènes, le drapeau serait retiré... Ils ont accepté sous une condition : qu'à la fin du tournage, ce drapeau soit remplacé par un drapeau du Kurdistan. C'est en effet ce que je leur ai laissé en cadeau..."
Le parti-pris visuel d'Hiner Saleem a consisté à éviter les champs/contrechamps trop découpés et trop accélérés. "Bien au contraire, explique le cinéaste, la caméra bouge. Ce sont aussi les acteurs et le paysage qui bougent dans le cadre..."
Pour la réalisation de Dol, Hiner Saleem a été soutenu par le Gouvernement du Kurdistan Irakien et par le Premier Ministre Nechervan Barzani. A noter également la participation du Ministère de la culture du Kurdistan et de la chaîne Kurdistan TV.