"Jeux de dupes" est un film de et avec George Clooney, et par un humour corrosif, il a comme un parfum de cinéma made in frères Coen. Or, je n’aime pas vraiment le style Coen. Ne le connaissant ni d’Eve ni d’Adam, hormis le fait que j’en ai vaguement entendu parler, j’ai regardé "Jeux de dupes" sans appréhension aucune, sans savoir à quoi m’attendre. Héritant d’un scénario original, le réalisateur porte au grand écran son troisième film pour traiter les origines du football américain professionnel. De mémoire, je ne connais pas un film qui traite de ce sujet. Interprété par un casting de choix, l’ensemble parait intéressant, surtout quand on sait que c’est une comédie. En effet, l’humour est bel et bien présent, mais il est grinçant, voire satirique. Visiblement, George Clooney s’est beaucoup amusé à endosser le rôle de Dodge Connolly, directement inspiré de John McNally alias Johnny Blood, un véritable joueur de football américain un peu tête brûlée sur les bords et qui ne se refusait pas l’autorisation de boire quelques grands coups à l’occasion, et qui se déplaçait en side-car. Le fait est que George Clooney a fière allure en side-car, lequel va le mener sur la route de la belle journaliste Lexie Littleton, interprétée par la jolie Renée Zellweger, cette actrice qui interpréta avec brio la célèbre Bridget Jones. Poussés par des projets différents dans le même milieu, ils vont former un duo qui fonctionne à merveille à l’écran, trahissant une réelle complicité. Mais c’est indubitablement George Clooney acteur qui s’en sort le mieux, puisqu’il rend son personnage épique, tant il le rend irrésistible lorsqu’il dispute un match. En tant que réalisateur, il ne s’en sort pas si mal en optant pour une image surannée, ce qui réduit considérablement le temps d’acclimatation du spectateur aux airs des années 20. En dehors de ça, cette comédie loufoque manque de rythme, et rien de bien passionnant (à défaut d’extraordinaire) ne nous est raconté. La partition de Randy Newman nous propose quelques notes de charleston (ne m’en voulez pas si c’est autre chose, je n’étais pas né !), mais elle ne nous emporte pas plus dans l’intrigue. Le tout se suit gentiment, sans qu’on ne rentre jamais vraiment dans l’histoire. Le pire, c’est qu’au bout de 1 heure 53, on se rend compte qu’on ne nous a pas raconté grand-chose, et que malgré tout, les 113 minutes sont passées sans trop de difficultés. Alors qu’avons d’autre ? What else ? Rien. Mis à part le duo Clooney/Zellweger, c’est le vide quasi absolu. En fait, si vous lisez le synopsis, vous aurez le condensé du film. Le constat est donc clair : l’histoire se résume en quelques lignes, et il n’est pas étonnant que "Jeux de dupes" ait été boudé en salles (à peine 117 500 entrées en France) avant de retomber plus ou moins dans l’oubli. Je serai donc tenté de dire que "Jeux de dupes" est à réserver aux fervents admirateurs des frères Coen qui auraient très bien pu réaliser ou écrire ce film.