Vous êtes de la police ? est le dernier film tourné par Jean-Pierre Cassel et Jean-Claude Brialy, tous deux décédés d'un cancer, le premier le 19 avril 2007 et le second le 30 mai 2007.
Le réalisateur Romuald Beugnon se souvient de sa rencontre avec Jean-Pierre Cassel et de son attitude sur le tournage : "Quand Jean-Pierre Cassel a reçu le scénario, il a tout de suite demandé à me rencontrer. Evidemment, en arrivant chez lui, j'étais assez impressionné, mais il a su très vite me mettre à l'aise par sa courtoisie et sa gentillesse. Le lendemain, il m'a téléphoné : il avait vu Béa, mon court métrage et tenait à me féliciter. Jean-Pierre était très concentré sur le tournage. Il restait souvent silencieux entre les prises, mais dès qu'on installait un nouveau plan, il se levait pour répéter des pas de claquettes. Il a essayé de m'apprendre quelque pas mais je ne suis pas très doué ! Les rares jours de tournage où Jean-Pierre n'était pas avec nous, il jouait son spectacle "Jean-Pierre Cassel chante et danse Gainsbourg"."
Jean-Claude Brialy a également fait confiance sans hésiter au réalisateur Romuald Beugnon. "Nous nous sommes rencontrés chez lui, dans son bureau des Bouffes Parisiens, se souvient le cinéaste. Nous avons discuté du scénario, du personnage, de ma vision du film, et de bien d'autres choses. Au bout d'un moment, je lui ai quand même posé la question qui me brûlait les lèvres : voulait-il, oui ou non, jouer dans le film ? Il a ri, puis m'a expliqué que s'il m'avait fait venir, c'est qu'il avait de toute façon prévu d'accepter le rôle. Il avait commencé sa carrière en faisant confiance à de jeunes réalisateurs inconnus comme Claude Chabrol, et il n'avait aucune intention de s'arrêter en si bon chemin (...) A la fin de chaque prise, Jean-Claude se tournait vers moi et me demandait "Ça a été monsieur le réalisateur ?". Il y avait dans cette question rituelle un mélange de respect et d'ironie qui m'amusait énormement."
Jean-Claude Brialy avait une idée très précise de l'allure du personnage, de sa façon de parler, de son costume. Seul point de désaccord avec le réalisateur Romuald Beugnon : la cravate. "Jean-Claude ne voulait pas, à l'écran comme à la ville, porter autre chose qu'une longue écharpe en soie, raconte le réalisateur. J'ai finalement réussi à le convaincre. D'ailleurs, un soir où il ne tournait pas avec nous, je l'ai vu à la télévision avec une cravate qui lui allait très bien."
Les maisons de retraite sont des établissements que le réalisateur Romuald Beugnon connaît bien pour avoir tourné en 1995 Aspirez !, un très court documentaire sur la distribution des cigarettes dans une maison de retraite. "On y voyait les résidents se lever, à l'appel d'une infirmière, et faire la queue autour d'une table, raconte le cinéaste. L'infirmière donnait à chacun une cigarette qu'elle allumait directement. Le film se terminait par une série de portraits qui étaient, de mon point de vue, filmés avec beaucoup de tendresse. Pourtant, quand je montrais le film, ces visages étaient jugés inquiétants, déprimants, voire effrayants. J'ai alors compris que je ne pourrais pas faire partager mon point de vue sur les personnes âgées en institution, sans donner au spectateur le temps de s'habituer à elles. D'où le choix de la fiction et même de la fiction de genre."
Philippe Nahon a été récompensé par le Prix d'Interprétation au Festival de Saint-Jean de Luz 2007 pour sa prestation de Francky, le kleptomane de la maison de retraite.
Sur le plateau de tournage, Yolande Moreau a retrouvé Sylviane Ramboux, qui, à 92 ans, joue le rôle de la doyenne. Celle-ci a été le premier professeur de théâtre de Yolande Moreau, quand elle avait 15 ans.
Le réalisateur Romuald Beugnon a également souhaité tourner avec des acteurs non professionnels pour donner plus d'authenticité et de crédibilité à la pension Les Aravelles. "Beaucoup de figurants sont venus sur petite annonce et je leur ai fait passer à tous une audition, confie le cinéaste. Catherine Belkacem, qui joue, aux cotés de Thérèse Roussel, une des deux "mamies" qui se disputent pour une histoire de vernis à ongle, était simplement venue pour faire de la figuration. Au bout de 30 secondes d'improvisation endiablée, j'ai su que j'allais lui proposer un vrai rôle. Il y a aussi beaucoup de vrais résidents de maison de retraite. Notamment lors des grandes scènes de repas. Venir sur le tournage était pour eux une sorte de voyage organisé. Ils nous prêtaient leur image et nous leur offrions le repas et un "spectacle de karaoké"."
Vous êtes de la police ? s'est successivement intitulé Les Sapins bleus puis Dernière enquête avant de revêtir son titre définitif.
Ce film marque les retrouvailles de trois acteurs qui ont eu maintes fois l'occasion de se donner la réplique. Jean-Claude Brialy a ainsi pu croiser Micheline Presle sur le tournage de Christine (1958), Le Diable et les dix Commandements (1962), Les Sept péchés capitaux (id.), La Chasse à l'homme (1964), Le Roi de coeur (1966), Le Bal du comte d'Orgel (1970) et L'Oiseau rare (1973). Quant à cette grande comédienne, elle connaît Jean-Pierre Cassel pour avoir été sa partenaire dans L'Amant de cinq jours (1961), Je te tiens, tu me tiens par la barbichette (1979) et Casque bleu (1994). Et pour Jean-Pierre Cassel et Jean-Claude Brialy, leurs collaborations antérieures se comptent au nombre de six, sur les films Et ta soeur (1958), Les Surmenés (id.), Les Sept péchés capitaux (1962), Arsène Lupin contre Arsène Lupin (id.), Un monsieur de compagnie (1964) et Les Oeufs brouillés (1976).
Le tournage de Vous êtes de la police ? a débuté le 27 novembre 2006 et s'est étalé sur 8 semaines en Belgique et dans la région Centre.