Il semble vain de chercher un sens métaphysique au Tambour de Schlöndorff. Le film se résume à une gigantesque fresque historique qui s’étend des années 20 à la libération en 1945, année durant lesquelles, Oskar, un petit garçon dont le seul but est de jouer du tambour, décide de ne grandir d’un pouce (sans doute pour échapper à une prise de position dans un conflit qui a dépassé beaucoup d’allemands). Il prend de l’âge mais ne change pas. De cette idée de départ totalement fantaisiste, Schlöndorff s’évertue à faire évoluer son personnage au milieu des atrocités de la guerre et du nazisme. Il faut reconnaître un choix de casting totalement merveilleux tant la performance de David Bennent est exceptionnelle, ainsi qu’un mise en scène au cordeau. Ces deux éléments, bien que contrastés par un manque de rythme et une histoire totalement farfelue, achève de statuer Le Tambour au rang des grands films du nouveau cinéma allemand. Cependant, le film est dérangeant à divers égards, malgré un ton burlesque affirmé, comme en atteste la phrase : « Le père Noël était en fait le préposé au gaz ». La sexualité y est en effet traitée d’une manière assez étrange, entre viols, ménages à trois, et bien entendu, pédophilie. Des images horribles comme les anguilles dans la tête de cheval, peuvent chez certains j’imagine, sembler nauséeuses, tout comme la mère qui mange des harengs crus, d’autant que rien ne vient réellement expliquer pourquoi ces choses nous sont montrées. S’il suscite des interrogations et des dégoûts, Le Tambour reste un grand film, couronné à Cannes et aux Oscars, et dont la mise en contexte peu à elle seule expliquer une grande partie de son succès.