Cashback est un film qui ne m’enthousiasmait pas beaucoup au début, supposant un film érotique assez prétentieux. Au final le résultat m’a convaincu.
Le casting d’abord est un bon point. Sean Biggerstaff est tout à fait convaincant dans le rôle principal. Il joue avec sobriété, décontraction, et livre une prestation qui s’intègre parfaitement à l’ambiance légère du métrage. A ses cotés il est vrai qu’il est plutôt bien secondé, avec un casting masculin aux personnages certes caricaturaux, mais bien campés par des acteurs à la hauteur (mention spéciale pour Stuart Goodwin). Coté casting féminin, je note une excellente Emila Fox, et, dans un rôle secondaire, Michelle Ryan, tout à fait charmante. Globalement les acteurs sont donc efficaces, en dépit, pour certains, de personnages pas assez travaillés.
Le scénario est audacieux. Sean Ellis essaye de tirer quelque chose de fort, d’original de son film. Ce n’est pas toujours parfait, notamment dans l’intégration des moments de « pause ». Par ailleurs la narration est un peu saccadée. Maintenant d’une histoire au final toute simple, Ellis arrive à tirer un film attachant, souvent drôle, parfois émouvant. Dynamique, amusant, teinté d’un érotisme jamais vulgaire, il joue avec habilité sur les changements d’ambiances, capable de passer d’un moment poétique, voir onirique, à un moment bruyant et réaliste sans difficulté particulière. C’est courageux ce que fait Ellis ici.
Visuellement le résultat est lui aussi de qualité. La mise en scène est très solide. On sent vraiment la patte d’un artiste derrière la caméra, avec des plans judicieusement choisis, l’intégration d’effets de style maitrisés (en particulier les ralentis), il y a des angles de vue audacieux. C’est propre, c’est nette, il n’y a vraiment pas de reproches particuliers à faire. La photographie est elle aussi très agréable. Elle joue la carte de la sobriété et du réalisme, mais là encore, il y a du raffinement, de l’application. On sent une équipe concernée, et soucieuse de ses partis-pris esthétiques. Les décors sont limités, mais cela convient très bien au film qui évolue tout de même largement en vase clos. Par ailleurs compte-tenu du budget, difficile de lui faire de gros reproches de ce point de vue. Pour ce qui est de l’érotisme, la jaquette pose finalement bien le film. C’est très soft et très accessible même à un public peu friand du genre. Quelques poitrines pour l’essentiel, cela ne va vraiment pas chercher loin et la caméra du réalisateur est toujours très pudique. Je ne peux terminer sans évoquer la bande son. Celle-ci est magistrale, avec des choix de musique excellents qui suivent à merveille les images. Il y a vraiment une grande force qui passe par la bande son, celle-ci jouant un rôle essentiel.
En clair Cashback est une belle surprise. Je ne m’attendais guère à cela, mais force est de reconnaitre qu’Ellis, outre le fait de maitriser techniquement son film, parvient à distiller une histoire singulière avec un réel brio.