Premier film pour Bernard Campan, et encore sous influence de Zabou Breitman, pour laquelle il avait joué deux rôles magnifiques (dans “se souvenir des belles choses” et “l’homme de sa vie”).
On retrouve de la réalisatrice ce goût de la dérision, de la mélancolie et de l’humour mêlés, ainsi que beaucoup de soin dans tous les aspects techniques. Mais l’acteur-réalisateur ne manque pas de personnalité propre, avec une touche plus sombre, plus amère, parfois désespérée. Dans ce beau portrait de couple, il y a bien peu de concessions pour traiter du mal-être de la quarantaine, la lassitude, le désamour, l’ennui, la passion en berne, les petites habitudes, l’absence d’étincelles... Même dans les gestes quotidiens, même dans les attitudes banales, tout est finement observé (le bricolage, l'achat d’une veste, les coups de téléphone...).
Si l’absence d’indices sur la vie professionnelle des deux personnages n’est pas gênante, deux faiblesses empêchent le film d’atteindre l’émotion qu’on est en droit d’attendre. Le vieil ami joué par Jean-Hugues Anglade est convenu, trop classique, il intervient trop souvent pour finalement n’apporter pas grand chose au propos : il y a la volonté d’un récit épuré, presque stylisé, en ne montrant que quatre week-ends, et l’ouverture apportée par ce personnage dilue l’intérêt que l’on peut porter à l’évolution du couple.
A la toute fin, la révélation d’un secret un peu trop lourd vient modifier la vision de tout ce qui avait été montré jusque là, comme si la mélancolie sans raisons apparentes avait besoin d’une justification, d’une explication : du coup l’ensemble prend un aspect un peu démonstratif, et les zones d’ombre, indispensables à ce genre de film, prennent un coup d’éclairage violent.
Il reste que, malgré ces cinq dernières minutes un peu faciles, Bernard Campan prouve qu’il est capable d’entrer dans le cercle restreint des cinéastes français distillant une petite musique de chambre extrêmement sensible, parlant à l’intimité de ch