Les acteurs sont très bons voire excellents, le sujet intéressant, les images et la musique sûres d'elles. On sent que ce film s'est fait dans une atmosphère agréable, sans doute ludique, dans une superbe maison de campagne, pleine de fauteuils et de lampes, la table de jardin installée dans l'ombre des rosiers. Mais justement, il ressort de ce film une impression légereté, voire de superficialité dans le traitement.
C'est la mère qui apporte de la profondeur: lucide (et même légèrement méchante quand elle reçoit ses cadeaux d'anniversaire), elle semble sans aucune illusion sur l'incapacité de ses enfants à recevoir l'héritage artistique et culturel qui leur revient. Et elle ne se trompe pas. Morte, le film tombe dans un règlement de succession bateau, voire batarde. Pas d'engueulade sur la commode de l'entrée, les frères et la soeur conviennent d'un accord, plus ou moins bons selon les points de vue... On liquide le passé pour pouvoir financer la maison de vacances à Bali et les droits de succession. Au passage, l'image de la France est marrante: toujours en train de bouffer, fumant et buvant shit et alcool en famille, légèrement désinvolte avec la police... Euh, ouais...
En toile de fond, se pose la question du statut de l'art et de sa valeur: la maman a passé sa vie à faire valoir l'oeuvre du grand oncle, à grand renfort d'exposition, de livres, de ventes privées. Mais à aucun moment on ne sait si le tonton avait vraiment un talent universel. Certains aiment, d'autre pas, on en parle comme d'un plat: "il est joli ce tableau mais il manque de sel". lIls vivent au milieu de meubles de Louis Majorelle (l'art nouveau ça vous dit quelque chose? benh faut sans doute le savoir avant de voir le film), de vases de Daum, et de tableau de Camille Corot, comme moi dans mes meubles IKEA. Ils se rappelent avoir cassé petits un platre de Degas dont les morceaux sont dans un sac en plastique, avec les playmobils (non c'est pas vrai...).
Et l'art dans tout ça?