Bamako a été présenté au Festival de Cannes en mai 2006 en Sélection Officielle Hors Compétition.
Le réalisateur Abderrahmane Sissako tenait avant tout à tourner un film dans la maison de son père à Bamako dans le quartier populaire d'Hamdallaye. C'est dans cette petite maison abritant toute sa famille qu'il tenait de longues discussions avec son père sur l'Afrique.
"L'autre raison qui m'a poussé à faire ce film tient à mon regard sur l'Afrique, explique le réalisateur. L'Afrique non pas comme le continent qui est le mien mais comme un espace d'injustices qui m'atteignent directement. Quand on vit sur un continent où l'acte de faire un film est rare et difficile, on se dit qu'on peut parler au nom des autres : face à la gravité de la situation africaine, j'ai ressenti une forme d'urgence à évoquer l'hypocrisie du Nord vis-à-vis du Sud."
Le réalisateur Abderrahmane Sissako explique pourquoi il a choisi de mettre en scène un procès dans son film : "La vraie question est là : aucune juridiction n'existe pour remettre en question le pouvoir des plus forts. Il ne s'agissait pas tant de désigner les coupables que de dénoncer le fait que le destin de centaines de millions de gens est scellé par des politiques décidées en dehors de leur univers [...] Je voulais donc donner de mon continent une autre image que celle des guerres et des famines. C'est en cela que la création artistique est utile, non pas pour changer le monde, mais pour rendre l'impossible vraisemblable, comme ce procès des institutions financières internationales."
L'acteur américain Danny Glover a apporté son soutien au film en faisant partie intégrante de l'équipe de production. Il joue aussi dans le film et prête ses traits à un cow-boy dans une scène de western spaghetti. Ancien ambassadeur de bonne volonté pour le Programme des Nations Unies pour le développement, Danny Glover n'a jamais caché son engagement humanitaire et sa volonté de défendre les inégalités. Des combats qui sont au coeur même de Bamako.
Abderrahmane Sissako a décidé d'utiliser de vrais juges et témoins pour les scènes du tribunal. Certains témoins ont été choisis parmi les victimes des ajustements structurels de la Banque mondiale et du FMI. Il leur a laissé une grande liberté pour témoigner, accuser ou défendre afin de conférer un aspect quasi-documentaire à sa fiction.