L'émotion selon Nicolas Vanier repose essentiellement sur la beauté photographique des images. Le charme des couleurs, la profondeur des contrastes. Mettre en valeur un paysage est son pécher mignon, l'identité de son art, jouant ainsi de sa propre expérience avec le pouvoir émotionnelle d'une BO philharmonique pour achever son auditoire par l'extase. Avec cet aventurier des grands espaces, on sait pertinemment que l'on mettra les pieds en terre inconnue, loin, bien loin de notre confort, dans des contrées régies par la brutalité des éléments. C'est exactement ce que Loup propose avec son côté fiction, là où la mise en scène façon documentaire opère à merveille. Comme bien d'autres espèces, les loups sont des animaux fascinants si l'on prend la peine de les observer, et par extension, s'y attacher. Vanier a prit le temps, lui, avec sa caméra haute définition et son talent pour les mélodrames des vérités crues. Nous faisons face ici à une réalité, celle d'un peuple nomade, éleveurs de reines en Sibérie, là où la nature n'est pas tendre avec le vivant, et encore moins les êtres humains. Une réalité où l’attendrissement n'a pas sa place, surtout pas vis-à-vis d'une meute de loups. Même si les louveteaux sont mignons à croquer, cela reste une hérésie. Un peuple pour qui son troupeau représente l'héritage se doit de garder une distance avec la nature indomptable. L'un d'eux y parvient, mais à ses dépends, puisqu'au bout du compte, rien n'est plus fort et authentique que l'instinct animal. Les plus bas instincts en font malheureusement partie intégrante. Cette immersion poignante dans le grand nord émeu aux larme par la dureté des lois qui régissent le monde. Une émotion que l'on doit également à un jeu d'acteur convainquant et réaliste. Une expérience à vivre, ne serait-ce que pour se ressourcer, et poser un pied objectif sur notre bonne vieille Terre. Grandiose. 5/5