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elbandito
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2,0
Publiée le 25 septembre 2010
Tourné au Cameroun, le film de Claire Denis est à la fois bouillonnant, foisonnant et étouffant grâce à son atmosphère brulante, ultime symbole des ruines d’une colonisation vouée à l’échec. Une semi-réussite néanmoins du fait de seconds rôles sont peu convaincants, Nicolas Duvauchelle et Isaach de Bankolé. Seule la présence d’une flamboyante Isabelle Huppert, dans le rôle de cette femme entêtée qui refuse d’abandonner sa plantation de café malgré l’imminence d’une guerre civile, relève l’intérêt de ce film d’auteur au goût plutôt amer.
Bande-son envoûtante, dépaysement, on peut s'accrocher à l'échelle du car et tanguer sur la piste... Attention, méandres anecdotiques fréquents. La petite dame en robe d'été veut juste une semaine de sursis avant de plier bagages, "le café est mûr". Ses cheveux, véritable reflet flamboyant de la terre rose africaine ne sauraient faire oublier qu'elle est d'ailleurs, en témoigne le message qui lui est destiné du haut d'un hélicoptère et aussi le coffre aux clés baladeuses. Déjà le spectateur est dubitatif quant à la valeur de la dernière liasse... Flash-back, retour au trajet, assise cette fois dans le car... Arrivée dans une maison en dur, quelques survivants, un fiston qu'il aurait été préférable de laisser au lit ! Beaucoup d'indices pêle-mêle, des dialogues animés, rien de clair. La volonté de multiplier les interprétations, ou une délicatesse franco-africaine de bon aloi. Pistolet sur la tempe et... la dame est toujours aussi battante ! Attendrissante Isabelle Huppert en dame de brousse aux prétendants clairsemés (Christophe Lambert). Esthétique voyage, l'ambiance y est mais Madame Vial dépasse l'entendement, sans doute victime d'un coup de chaleur... A retenir, l'attitude des enfants-soldats, le racisme rampant qui devient traînée de poudre si les circonstances s'y prêtent : ils font la force de ce film.
Claire Denis s’attaque de front au terrible sujet de la colonisation et de ses impasses idéologiques et moralisatrices. À travers le portrait d’une femme énergique et obstinée, qui n’est pas sans rappeler le personnage central d’Indochine, nous assistons à la lente prise de conscience du fait que les Blancs (le « White Material ») ne sont pas vraiment chez eux en Afrique et qu’il n’est pourtant pas aussi simple de les en chasser sans autre forme de procès. Isabelle Huppert est magnifique dans un rôle qui semble avoir été écrit pour elle (un peu trop ?) et Christophe Lambert semble ressuscité des morts tant il y avait longtemps qu’on ne l’avait pas vu dans un rôle crédible. La mise en scène de Claire Denis est admirable de maîtrise, d’inventivité et même de virtuosité. Rien n’est épargné par exemple de la violence et même des atrocités obligatoires dans ces luttes fratricides mais presque rien n’est montré et tout est indiqué ou suggéré avec une discrétion qui délaisse l’effet facile pour mieux aller à l’essentiel. Même si le propos aurait sans doute pu être poussé un peu plus loin et si certaines métaphores sont discutables (le fils fou qui périt par le feu par exemple), Claire Denis confirme ici avec brio qu’elle est bien l’une des figures marquantes du cinéma français actuel.
Difficile de se faire une opinion définitive sur le dernier film de Claire Denis. D'un côté il faut reconnaître que l'on a tout de même bien du mal à être passionné à un quelconque moment par le film, de l'autre il serait bien injuste de ne lui trouver aucun intérêt, aussi bien du point de vue du fond que de la forme d'ailleurs. Car nul doute que Denis (que je découvrais ici) a un réel talent pour capter l'instant ou encore le trouble de ses personnages, le contexte s'avérant qui plus est extrêmement intéressant (la guerre civile en Afrique) et globalement bien joué. C'est sans nul doute une fois de plus la faute à un scénario (la présence de Marie N'Diaye n'aura ainsi pas été suffisante) que le film pêche principalement : à force de ne pas réussir à nous raconter une histoire de manière fluide, le film finit par baisser de pied assez rapidement à l'exception toutefois d'un final fort en émotion et réhaussant quelque peu l'ensemble de l'oeuvre. De plus, c'est au final sans réels regrets que l'on sort de la salle, certes bien conscient de ne pas avoir été emballé par un spectacle ne s'adressant pas à tout le monde, mais à une oeuvre toutefois suffisamment sensé et personnel pour imposer le respect : ce n'est après tout pas si courant...
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1,5
Publiée le 19 novembre 2013
Un pays d'Afrique où une famille française a depuis trois gènèrations une plantation de cafè! Le fils du patron sait bien que le cafè n'a plus de valeur marchande dans cet endroit du monde! Et au moment où "White Material" commence, on sent que peut-être un coup d'ètat va avoir lieu! Mais du coup cette famille de français, on leur conseille de partir! Premier scènario de la romancière Marie NDiaye, une oeuvre austère à l'atmosphère envoûtante! Mais ce drame âpre de Claire Denis dèçoit quelque peu et ne va pas sans ennui malgrè l'excellente Isabelle Huppert! A ses côtès, Christophe Lambert est finalement le personnage le plus lucide de cette histoire en prenant conscience de la situation! Crâne rasè, Nicolas Duvauchelle est en revanche à côtè de ses pompes en jouant les petits blancs en colère! Le cinèma de Claire Denis est très atypique, très personnel, très subtil, très sensible...mais ici on tourne en rond avec des plans hasardeux et des scènes inexplicables même si fièvre des images il y a! La clè de "White Material" ne rèsiderait-elle pas dans les images finales ? Reste que l'oeuvre est inègale et souvent dècousue pour emporter l’adhèsion...
Les thèmes se suivent et se ressemblent à peu de choses près, du moins, c‘est l’impression que l’on a après Disgrace (2010) sorti il y a deux mois et White Material (2010). Les deux films se déroulent en Afrique et tous les deux prennent à partie les blancs, analysant les conséquences de leur présence sur le sol africain. Avec son film, Claire Denis a le don de semer le trouble, on ne parvient pas à saisir son propos (du moins, dans la première partie), on cherche inlassablement à comprendre où veut en venir la cinéaste, c’est seulement à partir de la seconde partie que tout s’éclaircit et que le film prend alors tout son sens. Le trio d’acteurs français convainc sans trop de difficultés : Isabelle Huppert (toujours aussi exemplaire) aux côtés de Christophe Lambert & Nicolas Duvauchelle. Un drame déroutant qui devrait en surprendre plus d’un !
Une famille française qui tient une plantation se retrouve dans la fournaise d'une guerre civil en Afrique... Les français doivent être évacués mais une femme (Isabelle Huppert égale à elle-même) refuse de partir et de céder à la panique obligeant son mari et son fils à rester là. Envers et contre tous (miliciens, corruption, époux, ouvriers...etc...) elle va tenter de continuer à vivre comme si rien n'était. Superbe photo, BO envoutante, belle interprétation, bon rendu de l'ambiance lourde et poisseuse... Mais un montage cacophonique d'où un problème d'espace temps surtout au début et un problème avec la folie ; le fils (Duvauchelle très juste) pète un câble trop vite pour que ce soit un minimum crédible, comme le personnage de Huppert dans sa dernière scène qui n'a ni queue ni tête. Un film plein de promesses mais inégal. A vouloir une mise en scène personnelle et originale le cinéaste donne surtout la sensation d'en faire trop.
Bon film, très pur, l'image est vraiment belle. Huppert est parfaite. L'histoire quant à elle se base dans un contexte souvent déjà vu, mais ça ne m'a pas gêné, ça fait un rappel à la réalité en quelque sorte même si le pays n'existe pas, même si cette femme n'existe pas… Je dirai que c'est à voir…
Très déçu de ce "White material" même s'il n'est pas complètement mauvais non plus... Il y a en effet quelques bonnes idées dont le scénario qui nous fait observer cette française obstinée bien décidée à finir sa récolte coûte que coûte malgré la menace imminente ... mais j'ai trouvé la mise en scène bien trop brouillon et pas vraiment adaptée à cette histoire.... On a du coup un peu de mal à saisir ses intentions et à cerner ses personnages comme celui du fils interprété par Duvauchelle ou pire celui du "boxeur" dont le rôle n'est pas des plus clairs... Dommage car il y a quand même une certaine ambiance, Une tension qui se ressent tout au long et devient même étouffante... On voit comment les mentalités changent avec ses gens qui hier vous saluaient et aujourd'hui vous braque pour un billet... Les intentions étaient bonnes mais le résultat n'est pas a la hauteur de mes attentes, voila tout.
Le cinéma de Claire Denis est un cinéma exigeant, sec parfois, intéressant souvent. Ce White Material mérite l'attention du spectateur car il associe avec élégance l'abstrait et le concret, en y ajoutant quelques véritables moments d'intensité dramatique. Le cadre est instable, il tremble, il fulmine sous un soleil écrasant. Isabelle Huppert, rêche de peau, trouve là un rôle toute en épaisseur ; Nicolas Duvauchelle est présent parce qu'il fallait bien LA figure du jeune premier ; Christophe Lambert, transparent, s'oublie très vite... Et pourtant les impressions contraires découlant de ce premier visionnage n'empêchent pas l'indéniable originalité de cet objet digne d'intérêts. Après on ne sait pas toujours où Claire Denis veut en venir - son précédent long métrage, le curieux 35 Rhums, était déjà particulièrement décousu - mais la richesse est là, sans compromis. Un film intriguant sur lequel il faudra probablement revenir, et qui a le mérite de traiter d'un sujet fort, occulté le plus souvent...
Huppert extrapole son jeu au coeur d'une Afrique rincée par la guerre des tribus. Ce n'est pas une blanche qui va faire sa loi, bien au contraire. Plongée dans son cocon industriel, elle ne s'aperçoit pas que la menace est proche. Entre un fils qui devient fou, un ex-mari qui tente de se protéger et des ouvriers qui optent pour la raison, ce n'est plus de l'aveuglement mais du déni. Là en est la limite au film. Pourquoi cette obstination convaincue que sa petite entreprise vaut mieux que ces guerres lasses ? Aucune explication tangible.
En fait le film aurait été très bien comme suite d'une saga car on ne comprend pas très bien tous les personnages, ni le point de vue de la réalisatrice, à la limite ça vaudrait le coup réaliser après coup un premier volet. J'ai trouvé Isabelle Huppert excellente dans un role dynamique et d'une beauté diaphane intéressante.
Claire Denis, qui nous offre ici de splendides images, reste impressionnante toujours grâce à sa mise en scène. Cependant, l'histoire d'Isabelle Huppert (très émouvante... dans le dernier quart d'heure), jouant la chef de plantation de café têtue au cœur d'une Afrique aussi impersonnelle que violente et entourée de personnages secondaires trop peu travaillés (dont l’excellent Isaak de Bankolé et Christophe Lambert qui n’avait jamais été aussi crédible), n'a rien de passionnante.