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Un visiteur
4,5
Publiée le 5 décembre 2017
Le film s’ouvre sur une adresse à la caméra de Roland Barbat, un vrai mécanicien dans la vie, qui a fait douze ans de bagne et qui a réalisé de multiples évasions jusqu’à sa libération en 1956. Il nous dit que l’histoire à laquelle nous allons assister est la sienne et on constate aussitôt que c’est lui qui interprètera son propre rôle. Une tête d’acteur mémorable. Sa présence impose à elle seule une authenticité au film. Sa performance est tout aussi étincelante que ses partenaires qui rendent tous de belle façon les cinq personnages de détenus extrêmement bien dessinés. Les scénarios basés sur des histoires d’évasion partent habituellement gagnants puisque le public demeure suspendu à l’action jusqu’au dénouement. Mais encore faut-il que tout cela soit bien tourné. Jacques Becker y parvient admirablement dans une certaine forme d’intimité, sans grand déploiement. Le pénitencier est dans l’ensemble bien filmé. Les séquences se passant dans le sous-sol et dans le tunnel sont particulièrement réussies si l’on considère que l’éclairage et la prise de son dans ce genre de mise en scène représentent des défis. Avec son film, le réalisateur nous laisse en héritage une leçon de loyauté puisqu’il est décédé une fois le montage terminé. En dénonçant ses codétenus après tous les efforts investis et les conséquences qui suivront, Gaspard commet un acte de lâcheté qui le poursuivra toute sa vie. Ce qui fait conclure à Roland Dabrant : « Pauvre Gaspard! »
J'aurais voulu que ce film soit un chef d'œuvre, mais est un chef d'œuvre se doit d'être sans la moindre tâche. Or on ne peut passer sous silence ni certains dialogues qui sont plus du domaine de l'écrit que du parler, ni le jeu peu convaincant de l'acteur jouant Gaspard. Sinon quel film ! Il faut quand même être un cinéaste super doué pour nous fasciner pour des coups de burin dans une paroi sans que cela ne tourne en longueur. On se passionne, pour la préparation de cette évasion, mieux on y participe restant ébahis vers les trésors d'ingéniosité dont font preuve ces "Daltons" et le suspense fonctionne à fond. La dimension humaine n'est pas oubliée et sur ce point c'est bien la noirceur de son "âme" qui est mise à nue, froidement, sans concession. La réalisation est sans faille et souvent techniquement remarquable, la direction d'acteurs est excellente (Constantin et Kéraudy sont étonnants) à l'exception de Gaspard. Bref un très; très grand film !
Ce film (le dernier de Jacques Becker) d'après le roman de José Giovanni est sorti en 1960. Jacques Becker voulait un long-métrage le plus réaliste possible et c'est pourquoi il prit des non professionnels comme acteur. Enumérons les: Tout d'abord Jean Keraudy "Roland Darbant", le chef du plan d'évasion qui était le véritable compagnon de cellule de Giovanni et qui fut impliqué dans la vrai tentative d'évasion de 1947. Il introduit le film. Ensuite: Philippe Leroy-Beaulieu "Manu" et Michel Constantin "Jo Cassine" que Jean Becker le fils du cinéaste connaissait dans son équipe de Volley-ball. Puis viennent Raymond Meunier "Monseigneur" et Marc Michel "Claude Gaspard" (le traitre), tous deux également amateur. L'histoire: Claude Gaspard qui est condamné pour tentative de meurtre sur la personne de sa femme et qui n'est pas du tout un truand mais un homme raffiné est transféré dans une autre cellule où se trouvent quatre hommes. Ses compagnons de cellule après une longue hésitation lui apprennent qu'ils vont s'évader. Ils commencent alors à creuser le sol de la cellule pour essayer de rejoindre les égouts et trouver la liberté. José Giovanni condamné à mort le 10 juillet 1948 par la Cour d'assises de Paris est gracié par le président Vincent Auriol. Sa peine est commuée en travaux forcés et il sortira de prison en décembre 1956. En 1957, il se met à écrire et publie "le trou" puis collabore avec Becker. Plus tard il aura la carrière que l'on sait. Il dit dans l'un des bonus que souvent un évènement dramatique comme l'échec de la tentative d'évasion devient plus tard une véritable chance. En effet si l'évasion avait réussie, il aurait tué l'assassin de son frère et pour survivre aurait recommencé les braquages et aurait surement été repris par la police. Ce film est complètement authentique. La brosse à dent transformé en périscope ou encore le sablier n'aurait pas été fait sans l'expérience de Jean Keraudy. De plus dans la scène ou ils creusent le sol en béton de la cellule, le décorateur avait mis une plaque en plâtre qui ne tenait pas du tout. Jacques Becker fit chercher une plaque en marbre dans un cimetière pour vraiment montrer la difficulté du truc. Chaque détails se voulait le plus réaliste possible. La cellule était reconstitué en studio et les sous-sol furent tourné au Fort d'Ivry qui ressemblait à ceux de la prison de la santé. Ce long-métrage de Jacques Becker ("Goupi Mains Rouges", "Casque d'or" ou encore "Touchez pas au grisbi") est un véritable chef-d'oeuvre. A sa sortie il n'eu pourtant aucun succès publique mais peu à peu devint culte. Incontournable. PS: Philippine Leroy-Beaulieu est la fille de Philippe Leroy-Beaulieu.
Avec "Un condamné à mort s'est échappé" de Robert Bresson sorti quatre ans plus tôt, "Le trou" s'inscrit également dans ce qui se fait de mieux en matière de film d'évasion de prison. Le réalisateur choisit de s'attarder sur chaque étape de cette évasion en montrant les moyens et processus utilisés avec une rigueur quasi-documentaire. Cet effet documentaire est renforcé par l'absence de musique alors que les bruits du quotidien carcéral sont, au contraire, mis en avant. Effet immersif garanti ! La sobriété de la mise en scène accentue aussi cette sensation. Une perle dans le genre que je conseille vivement.
Excellent film de prison, tout le film est filmé de manière très minutieuse (la vie carcérale comme l'évasion) c'est détaillés et astucieux, scénario impeccable de josé giovanni qui est un maitre du genre policier et gangster, a voir absolument !
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5,0
Publiée le 15 novembre 2018
Le chef d'oeuvre de Jacques Becker et l'adaptation très èpurèe et plus ou moins autobiographique d'un roman de Josè Giovanni interprètèe par des acteurs inconnus ou peu connus à l'èpoque comme Michel Constantin et Philippe Leroy-Beaulieu! Une remarquable ètude de moeurs et de suspense policier sans pareil se dèroulant dans le monde des prisons! Dans "Le trou", Becker traduit mieux que Giovanni lui-même son univers d'angoisse! Ce dernier restant tout de même un romancier talentueux ayant apportè un accent neuf au policier [...] Enfermès à la prison de la Santè, Roland, Geo, Manu et « Monseigneur » cherchent à s'èvader! La prison n'est pas un lieu d'aventures! Voire! Les hommes qui tentent ce qu'on appelle la belle vivent une aventure aussi intense que le cinèphile, minutieusement prèparèe, spoiler: mais qui rate! Rien ne dit que ce quatuor d'acteurs inoubliable ne recommencera pas! Mèditation sur l'amitiè (la vraie) et la trahison (dans ce qu'il y a de plus dègueulasse). "Le trou" clôt brillamment une carrière prèmaturèment interrompue par une mort brutale! Merci Jacques Becker dont le fils Jean ("L'ètè meurtrier") achèvera ce pur joyau du film carcèral...
Jacques Becker arrive a vous passionner pendant 2h avec cinq gars qui creusent des trous, vu comme ça on peut croire a un documentaire sur les métiers du bâtiments mais il n'en n'est rien . Le trou ( un titre qui a du inspirer de grands scénaristes de films porno ) parle d'une évasion dans la prison de la santé en 1947 et qui est inspirée d'un fait réel .
Dès le début on est en prison, pas de blabla superflu on rentre directement dans le vif du sujet, seconde chose on fait la connaissance du personnage principal et on l'apprécie rapidement car il semble sympa détendu et gentil, on s'attache a lui comme ses nouveaux codétenus et on ressent une franche amitié qui commence a se lier .
Troisième chose Jacques Becker filme l'univers carcéral avec justesse sans offrir de violence et de chose dont on peut vite assimiler avec le mot "prison" . Il offre une vision simple et rudement efficace de l'univers carcéral qui fait que même si l'on adhère pas au genre on appréciera ce film .
Ensuite on suit petit a petit les étapes pour s'évader et le spectateur comme les protagonistes veut s'échapper de ce huis clos a l'ambiance étouffante . On vit l'évasion avec les personnages, on transpire dans des moments de tensions et on prend un plaisir a voir chaque pierre tomber ouvrant un passage vers la liberté et l'espoir devient de plus en plus présent .
On a une impression d'évasion en temps réel, on est nous aussi prisonnier de cette infernale tension qui monte petit a petit . Les acteurs sont très bon et transpirent d'un naturel qui intensifie le film, la réalisation elle est excellente offrant de superbe cadrage .
Que dire de plus si ce n'est que "Le Trou" est un quasi chef d'oeuvre et l'un des meilleurs film sur l'univers carcéral ? Ah oui la fin est une claque !
En regardant ce film je pensais que j'allais m'emmerder pendant deux heures quinze or c'est tout le contraire qui s'est passé. En effet j'ai pris dès les toutes premières secondes du film que pour n'avoir que l'attention relachée que quand le mot « fin » est apparu sur l'écran. J'ai été bluffé par l'extrême modernité de sa mise en scène qui détonne fortement du cinéma français de l'époque, son épure, son minimalisme et par le jeu impeccable des acteurs. On ne regarde pas des prisonniers tentés de s'échapper, on le vit, on ressent même parfois ce qu'ils ressentent. Jacques Becker dont c'est le plus grand film a pas réalisé un « film de prison » mais LE « film de prison ». Ce film finit aussi de prouver une chose c'est que Jacques Becker était un très grand cinéaste. Un chef d'oeuvre.
Jacques Becker adapte ici le premier roman de José Giovanni (qui s'est inspiré de son expérience d'ex-détenu). Il en retranscrit un fabuleux, passionnant et au combien palpitant drame se déroulant quasi intégralement en huis-clos (les ¾ du film) à l’intérieur d’une cellule. L’intrigue se déroule à la prison de la Santé, Gaspard, accusé de tentative de meurtre prémédité sur sa femme se retrouve condamné à purger sa peine derrière les barreaux. Il se retrouve dans une cellule déjà occupé par quatre détenus qui ne tardent pas à lui confier leurs envies d’évasion. Très rapidement une amitié se lie entre-eux et tous les cinq vont redoubler d’effort pour parvenir à creuser un tunnel leur permettant de rejoindre le monde extérieur. Jacques Becker est parvenu avec Le Trou (1960) à retranscrire avec beaucoup de fidélité et réalisme, l’univers carcéral (l’isolement, il ne faut pas être claustrophobe à se retrouver dans une si petite cellule à cinq, des inspections surprises aux rondes de nuit, des repas indigestes aux colis généreusement garnis par les mères ou épouses des prisonniers). Avec beaucoup de minutie, Jacques Becker nous fait vivre les différentes étapes préparatoires pour que cette évasion puisse avoir lieu. Magnifiquement réalisé en noir & blanc et interprété par des acteurs aussi bien professionnels qu’amateurs, on se retrouve sans nul doute devant l’un des meilleurs films traitant de l’évasion carcérale (mention spéciale au twist-ending qui vous donnera à coup sûr des frissons !).
Le Trou n'est pas un drame carcéral comme les autres ; d'ailleurs on ne voit rarement les personnages quitter leur cellule si ce n'est que autre part : dans le « fruit de leur travail ». Une préparation d'évasion de longue haleine, de comment cinq hommes préparent leur évasion (mais avec facilité étrangement) avec pour « chef de file » Le Cerveau du groupe, ayant de bonnes connaissances en métaux et, par conséquent, étant le mieux à même à prendre les commandes. Au milieu de tous ces préparatifs intéressants et habilement bien préparés et que j'ai pris grand plaisir à observer attentivement (Jacques Becker explore le « fruit de leur travail » de ses angles de vues magnifiquement pris et différents à chaque fois)... mais le film ne nous dit pas tout... Disons : spoiler: le chat se fait tromper par la souris et là tout mon (positif) étonnement de cette tentative d'échec : ce ne sont pas les détenus qui se sont plus fait avoir dans l'histoire que nous public et pour ça, le réalisateur a été très fort !
C'est étrange mais pourquoi regarde-t'on un film dont on est persuadé qu'il va nous ennuyer ? c'est étrange en effet mais avec Le Trou je me suis planté et c'est une très agréable surprise. Dès les premiers instants je suis entré dans ce film sur une histoire d'évasion en milieu carcéral, une description réaliste de cet univers clos et sinistre (le film est français et date de 1960 donc ne vous attendez pas à Midnight Express non plus) mais Le Trou se concentre sur l'évasion et le travail que cela implique des détenus d'une même cellule. Malgré le style sobre Le Trou parvient à nous captiver et plusieurs scènes sont nerveuses. Par contre j'ai trouvé que les anciens prisonniers faisaient trop vite confiance au nouvel arrivant.
Un très bon film d'un grand naturel comme savait les faire Jacques Becker. Des acteurs qui jouent justes, un scénario simple mais parfaitement exploité et des scènes particulièrement soignées.
Je ne m'attendais pas à ça. Je ne suis pas fan des films de prison (à part celui d'un certain Bresson, mais parce que c'est Bresson justement), la grande illusion ne m'a pas franchement intéressé, les films de Darabont et leur bon sentiments à deux balles m'exaspèrent), mais là, ce film profondément ancrée dans un réalité, osant filmer certaines scènes en temps réel, pour mettre encore plus dans l'ambiance. Cette tension permanente… Ces personnages qui même s'ils ont l'air sympathique on quand même un passé trouble et des comportements violents. On est pas dans le manichéisme, on est dans du vrai bon cinéma ! Des acteurs, des personnages, de l'histoire, de la mise en scène, de la tension mais que demande le peuple ?
Pour son dernier passage derrière la caméra, Jacques Becker s’est lancé un pari ambitieux mais aussi sacrément risqué. Et cela, pour deux raisons. La première: réaliser un huis-clos carcéral à cette époque là, c’était vraiment osé. On ne voyait pas ce genre de film. La mode était à un autre style. La deuxième: le casting est principalement composé d’acteurs non professionnels (dont Michel Constantin). Autrement dit, Becker avait tout intérêt à ne pas rater son coup, sous peine d’être attendu au tournant par une presse qui ne lui aurait sûrement fait aucun cadeau. Vous savez quoi ? Et bien, Becker a réussi son coup, et bien comme il faut. Son film épuré, mais aussi très sec est d’un réalisme à tout épreuve. On a même parfois l’impression de regarder un documentaire tant cette préparation d’évasion des murs de la prison de la Santé est filmée dans les moindres détails. C’est même innovant en matière de réalisation. Y a pas à tordre, Becker, c’était un grand. Et puis en plus de ça, c’est très bien joué et ces taulards voulant se faire la malle dégagent beaucoup de sympathie. Voilà, pour son dernier film, le cinéaste a voulu faire fort, marquer les esprits, sortir d’un carcan et bien lui en a pris, car il a fait fort et a donc achevé sa carrière sur une véritable réussite. Merci Monsieur Becker !