"Little Miss Sunshine" est à la base un concours de beauté pour les jeunes filles qui se transforme trés vite en concours de la plus émouvante fable familiale du cinéma. Véritable thérapie de groupe, l'oeuvre vous submerge d'émotions du début à la fin, appuyée par les tonalités suaves et inégalables de Devotchka, révélant une ambiance propre à la destruction, au mépris, à la haine et à l'incomprehension, le tout vu par les yeux de personnages tous aussi attachants les uns que les autres. Steve Carell domine ce casting de maniére absolument ahurissante. Homosexuel assumé contrastant avec son statut de suicidaire recidiviste, il offre une prestation marquante jalonnée de transitions. Il tente de retrouver le goût de la vie en cotoyant sa soeur désabusée par un mari omniprésent et qui fantasme sur des théories discutables et un beau pére drogué qui se fiche royalement du "qu'en dira-t-on", un neveu qui reste silencieux depuis neuf mois, lassé des gens et du monde en général, puis une niéce innocente qui ne comprend pas ces dysfonctionnements familiaux. Le scénario est brillant, partant d'une idée simpliste, et se concentre sur tous les points noirs qui culminent sur les destins de ces protagonistes hors du commun. Tandis que la réalité est prompte à l'angoisse et aux décéptions, seul un minibus wolkswagen parait apte à la reconciliation. Les séquences sont toutes explosives, du prologue énormissime à l'épilogue, en passant par les confrontations et l'ignorance. Mêlant rire et drame, des scénes calment l'ensemble en offrant une narration plus douce et bienvenue, tandis que trois minutes plus tard, alors que tout semble rétabli, un événement brisera cette cohésion. Et ce, durant 1h40. Jonathan Dayton et Valerie Faris signent donc une critique sociale satyrique, où l'on s'identifie pleinement aux moeurs de cette famille désunie, sans basculer vers la simplicité et choisissant des orientations louables. Les dialogues acides et parfois brutaux, confidences et aveux, sont d'une efficacité redoutable. Finalement, on est tout proche du chef d'oeuvre. Reste la fin qui, à mon sens, manque légérement de retenue et de subtilité.