Le réalisateur Yilmaz Arslan revient sur l'origine du film : "Le projet remonte à une dizaine d'années, lorsque je vivais à Berlin et que j'étais étudiant dans une école de cinéma. Je me souviens avoir rencontré dans la rue deux hommes - deux étrangers - dont les vêtements étaient sales et déchirés. Après les avoir questionnés, ils m'ont expliqué qu'ils venaient du Kurdistan et qu'ils habitaient un foyer. Je me suis alors intéressé de plus près a leur sort et les ai suivis pendant six mois dans la perspective de tourner un documentaire à leur sujet. Mais je me suis rendu compte que je risquais d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur eux et j'ai abandonné le projet. Quelques années plus tard, j'ai tiré de cette expérience un scénario de fiction : Frères d'exil."
Frères d'exil aborde le sujet de l'immigration et de l'intégration, des thèmes que le réalisateur Yilmaz Arslan connaît bien puisqu'il est né en Turquie avant de partir vivre en Allemagne pour ses études. Ses précédents films Langer gang (prix du meilleur premier film au festival de San Sebastian en 1992) et Yara (sélectionné à Venise en 98) abordaient déjà ces thèmes.
Frères d'exil a remporté le Léopard d'argent au Festival de Locarno en 2005. Le jeune acteur Xewat Gectan reçut, quant à lui, la mention spéciale du Jury pour sa prestation.
Le film est dédié à Pier Paolo Pasolini, un cinéaste que le réalisateur Yilmaz Arslan admire notamment pour ses idées politiques.
Afin de s'approcher au plus du style documentaire, le réalisateur a refusé toute "lumière esthétisante", privilégiant ainsi un éclairage naturel. Il a par ailleurs choisi des acteurs non professionnels, afin de "préserver un caractère brut et sauvage".
Le réalisateur-scénariste Yilmaz Arslan s'exprime sur l'opposition entre individualisme et communautarisme, l'un des thèmes centraux de Frères d'exil : "Avant d'écrire le scénario, j'ai relu plusieurs tragédies classiques où l'on retrouve le même schéma : la communauté impose ses lois et réduit ainsi à néant toute marge de manoeuvre individuelle. Au-delà du contexte kurde ou turc, je voulais réaffirmer la volonté d'exister d'un individu - Azad - qui refuse d'adhérer à sa communauté et qui crie à la face du monde qu'il est humain, qu'il est amoureux de la vie et qu'il aime Ibo comme son frère ! (...)
Pour moi l'individualisme est le dernier rempart contre le diktat des communautés : lui seul permet encore à l'homme de trouver sa propre voie et d'avoir du respect pour la vie."