L’Effrontée est un petit film typique de ces métrages d’époque sur l’adolescence. C’était une grande mode, et Claude Miller nous a offert le sien. Un joli film un peu mélancolique et vif à la fois, à l’histoire convenue, mais coloré et frais.
Le casting est bon. Charlotte Gainsbourg est parfois un peu molle, et son personnage un peu versatile, mais cela désigne finalement assez bien l’adolescence et elle livre tout de même une belle prestation. Elle est entouré de bons seconds rôles, parmi lesquels j’ai spécialement retenu Raoul Billerey qui campe un personnage intéressant, avec un vrai relief alors qu’il apparait finalement peu. Bernadette Lafont hérite d’un rôle plus classique, basé sur la confrontation, mais elle lui donne un certain relief, et Clothilde Baudon apporte beaucoup de fraicheur et de délicatesse reposante. Etrange qu’elle n’ait pas été révélé par ce film au même titre que Gainsbourg. Dans l’ensemble les interprètes sont entrainants et efficaces.
Le scénario est limité. L’histoire n’a d’ailleurs pas vraiment d’intérêt, et c’est assez caractéristique de ce genre de films dont l’objectif principal est de narré une chronique familial et surtout celle d’une adolescente sur une période donnée, avec tout ce qui peut se passer. L’Effrontée est un métrage alerte, frais, un peu mélancolique, et qui évite les pièges de la facilité. On ne croit pas spécialement à tout ce qui se passe, mais Miller imprime à son métrage une légèreté bienvenue et optimiste. L’idée de virer un peu vers le conte est une bonne idée, ça donne justement une petite touche irréaliste ou fantaisiste bienvenue dans la dernière partie.
Sur la forme on retiendra une mise en scène efficace de Claude Miller. Beaucoup de beaux passages, notamment avec un travail brillant pour mettre en valeur les regards. Le film n’a pour les décors et la photographie pas énormément de fantaisie, mais est-ce que c’est ce que l’on attend d’un film de ce genre ? Pas vraiment. Au contraire, Miller saisit bien l’air du temps, et c’est très bien comme cela, avec en prime une très belle bande son, dominée par une célèbre chanson italienne qui apporte beaucoup à ce film pour lequel, pourtant, elle n’a pas été composée.
L’Effrontée est au final un beau film, pas exceptionnel mais frais, léger, entrainant et qui prend le parti de ne pas être trop ancré dans le réalisme pur et dur. Une sorte de conte qui démontre que Miller n’est pas à l’aise que dans le cinéma dur d’un Garde à vue par exemple. 3.5