Silvia Prieto : les secrets du tournage

Silvia Prieto a récolté le Prix du Meilleur Scénario et celui de la Meilleure Actrice au Festival des Trois Continents à Nantes en 2003. Il a également été présenté au Festival de Sundance, ainsi qu'au Festival de Berlin, dans la section "Forum".

Silvia Prieto est le deuxième film de Martin Rejtman, après Rapado, présenté à Locarno et Rotterdam. Rejtman, qui a suivi des études de cinéma à New York, mène parallèlement une carrière d'écrivain : "Je n'ai jamais ressenti la nécessité de faire une distinction, probablement parce que je n'ai pas une formation académique qui m'a obligé à suivre un chemin plutôt qu'un autre (...) J'ai étudié le cinéma, mais aussi l'Histoire, la musique et la peinture. J'ai commencé par voir l'art en tant que continuité et non en tant que compartiments qui ne peuvent pas communiquer entre eux. Ce doit être pour cette raison que je cherche la même chose dans un film, un livre, un tableau ou encore dans une chanson. Ce qui m'intéresse, c'est ce qui est derrière, le point de vue de l'auteur."

L'héroïne du film, Rosario Blefari, qui avait déjà joué dans un court-métrage de Martin Rejtman, Doli vuelve a casa, en 1986, est également musicienne : elle compose et interprète les chansons d'un groupe de rock baptisé Suarez. Elle prend part à un autre groupe, Capricornio, qui apparait dans Silvia Prieto. Quant à Gabriel Fernandez Capello, il est le leader d'un groupe lauréat du Grammy Award du Meilleur Groupe de rock latin en 1997, Los Fabulosos Cadillacs. C'est lui qui a composé la musique de Silvia Prieto.

Outre Martin Rejtman, plusieurs jeunes cinéastes argentins sont apparus au cours de ces dernières années, créant un engouement nouveau autour de cette cinématographie. Citons Lucrecia Martel (La Ciénaga), Pablo Trapero (Mundo Grua), Diego Lerman (Tan de Repente) ou encore Adrian Caetano (L'Ours rouge)"Chaque fois qu'on me demande ce qu'ont en commun les films du nouveau cinéma argentin, je réponds la rigueur du regard, l'intention de se dépouiller d'un certain côté artificel du cinéma argentin antérieur. Il me semble que c'est cela qu'il y a de nouveau", estimait Martin Rejtman dès 1999. "Le fait de devoir travailler avec peu de moyens fait que la rigueur est presque obligatoire. Enfin, il me semble qu'il y a un certain risque. Parmi les films récemment réalisés, beaucoup n'auraient pu être faits avant. Ou, peut-être, auraient-ils pu être filmés mais pas vus par le public de la même manière."

"Je crois avoir eu envie de faire un film accessible, dans la lignée des comédies hollywoodiennes des années 30 et 40. Rapado était presque un film muet, avec très peu de dialogues, je voulais que dans Silvia Prieto, les acteurs parlent plus. Je voulais aussi un rythme différent, plus rapide peut-être. Dans le film, tout se multiplie. Il y a plus de vitesse, plus d'ellipses, plus de personnages, plus d'objets..."