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Un visiteur
4,0
Publiée le 6 décembre 2017
Un film concept sur le cinéma à travers une situation schizophrénique. Pris au premier degré, Le voyeur peut susciter la répugnance, comme ce fut le cas à sa sortie. Lorsqu’on l’analyse, on se laisse moins atteindre par la violence qu’y s’en dégage et on réalise à quel point il a de la matière. Mark Lewis a été un enfant dont le sentiment de protection a été trahi. Il n’a cessé depuis à chercher refuge dans l’objectif de sa caméra et dans sa tanière cinématographique. Sa vie sexuelle s’en voit refoulée. Lorsqu’il se retrouve devant une femme, il perd ses moyens. Il se masturbe en prenant des clichés de prostituées en tenue légère, jusqu’au jour où la pulsion se fait trop forte et que son fantasme pathologique l’appelle : Filmer la peur dans le visage de sa victime en avançant vers elle, une patte de trépied effilée en guise de phallus, et un miroir disposé pour qu’elle voit sa propre terreur juste avant d’être égorgée. Un orgasme simultané. Le personnage d’Helen qui cherche à le sauver en se faisant aimer de lui et sa mère aveugle qui saisit le trouble profond du voyeur par tous ses autres sens contribuent à l’intelligence scénaristique de l’œuvre. Il n’y a rien d’inutile dans Le voyeur. Chaque séquence, chaque réplique nourrissent le propos. La qualité du jeu des acteurs et de la direction photo passe pratiquement inaperçue à travers la parfaite architecture du scénario. La relation de Leo Marks et Michael Powell a mis au monde un personnage tourmenté, mais ô combien intéressant. Dommage qu’on ne l’ait pas reconnu de leur vivant !
Si l'histoire se tient (malgré une fin granguignolesque) et si la réalisation est très correcte (et même parfois très innovante), on regrettera le casting, dans lequel les deux principaux rôles peinent à être à la hauteur. L'ambiance fait penser à certains films de la Hammer ce qui constitue à la fois un compliment et un constat sur les limites du film.
Ce que j'aime dans les films de Powell c'est l'utilisation de la couleur, dans le narcisse noir, le film devenait de plus en plus saturé en rouge avec le désir sexuel qui montait, magnifique, ici, tout le film est saturé en rouge, c'est juste magnifique. Je pense que Powell est le réalisateur qui possède les plus belles photographies de films en couleurs. C'est quelqu'un qui a compris l'utilité de la couleur sur le noir et blanc et parvient à les faire éclater sur pellicule et voir ça c'est émouvant je trouve. Sinon le film m'a moins plu que les chaussons rouges ou bien le narcisse noir, mais ça reste un grand film, bourré d'idées excellentes. Il y a ne scène qui me frappe, c'est la chute des stylos avec un léger ralentis, j'ai eu l'impression de décoller de mon siège tant l'effet était saisissant. C'est vraiment un bon film qui va beaucoup influencer le cinéma et qui a déjà compris des tas de choses sur l'image et la vidéo.
Capter l'insondable, filmer l'impossible.... Michael Powell crée le papa du slasher, du film de serial killer mais pas seulement... Il est aussi avant l'heure l'ancêtre du Snuff, du Found Footage que sanctifiera Cannibal Holocaust puis tant d'autres... Car toutes ces bobines retrouvées après la mort du personnage principal constitueront la matière première et le plus beau prétexte à du Found Footage dans sa plus pure tradition. En cela,Le Voyeur est tout à la fois génial et précurseur. Michael Powell nous dit aussi qu'en tout voyeur sommeille un meurtrier en puissance et que pour devenir réalisateur il faut être ce meurtrier en puissance, ce tyran, ce voleur ou plus exactement ce violeur d'âmes... Le fait que les victimes ici soient des femmes et que l'arme du crime soit une caméra dans les mains d'un homme résume parfaitement cette dialectique (éminemment sexuelle). Il a souvent été constaté au contact des civilisations autochtones d'Amazonie ou des confins de l'Afrique (les Pygmées d'Afrique Centrale) un réflexe de peur et de repli à l'idée d'être pris en photo. En y mettant des mots, il y avait l'angoisse que l'appareil ne vole, ne suce les âmes (la photo comme sa propre image hors de soi, dépossédée), ... La vérité se niche souvent dans ces intuitions premières. Ces hommes avaient tout compris à cette étrange intrusion qui peut s'avérer terriblement mortifère... Le Voyeur est donc un monument du 7ème art, la pierre angulaire d'un genre (le film d'horreur) et surtout une des plus grandes réflexions qui soient sur la création d'images d'éternité et le chemin forcément douloureux, chaotique, parfois meurtrier que cet accouchement impliique...
Magnifiquement réalisé par Michael Powell, superbement interprété par Karlheinz Bohm, et doté d'une admirable photographie, "Le Voyeur" est un thriller britannique qui nous montre comment un jeune opérateur de cinéma filme ses propres assassinats qu'il commet sur des femmes. L'ensemble est vraiment prenant à suivre, car il possède encore aujourd'hui une grande modernité dans son style et par son approche du voyeurisme qui a rarement été aussi bien montrer au cinéma. Un chef-d'oeuvre car il pose en plus une belle réflexion sur la violence au cinéma.
Dans ce film sur la pulsion scopique, Powell joue habilement des points de vue de la caméra pour faire nôtre la scopophilie de son personnage. Un exemple : lorsque Helen découvre la pulsion morbide de Mark. A ce moment du récit, on sait l’intérêt tout particulier de Mark pour la capture des visages terrifiés de ses victimes au moment du coup létal. Mais on sait aussi son refus obstiné de ne pas filmer Helen pour qui il a des sentiments. Or,spoiler: en l’absence de Mark, celle-ci va tomber par hasard sur la prise de vue d’un de ses meurtres. Cette vidéo, nous ne la voyons pas, Powell prend le soin de la laisser tourner en hors champ. Ce qu’il filme en revanche, et bien en gros plan, c’est le visage de plus en plus gagné par l’horreur de Helen, renvoyant directement au spectateur ce que Mark prend, lors de ses crimes, un plaisir pervers à filmer et à regarder. Dans cette scène, il ne s’agit pas pour Powell de faire adopter à la caméra un point de vue objectif mais bien le point de vue subjectif que pourrait avoir Mark (absent de la scène donc) et qui devient ici… le nôtre ! Malin et diablement efficace, on ne peut qu’être dérangé par ce miroir tendu.
Si Le Voyeur avec le temps a perdu son côté malsain et dérangeant il n'en reste pas moins un excellent film sur la scopophilie (mot que j'ai appris en regardant le film) ; Karlheinz Böhm (très loin ici de son personnage de l'empereur François Joseph de la série des Sissi) est remarquable dans la peau de cet inquiétant voyeur qui passe au meurtre et malgré son loisir particuliers on ne parvient pas à détester ce personnage. Un thriller fascinant.
Un des plus grands films de l'histoire du cinéma, et patati et patata... Les gens n'en ont pas marre de répéter comme des moutons ce qu'on leur a enseigné (une fois de plus) ? Certes, "Le Voyeur" eut en son temps une influence considérable ; cela n'en fait pas pour autant un classique incontournable à plébisciter encore aujourd'hui. "Moderne pour son époque", "révolutionnaire" même à en croire les plus élogieux... Mouais... Le cul entre deux chaises, coincé entre deux époques parmi lesquelles il ne peut choisir, incapacité d'affirmer son identité, frilosité, là d'accord ! Pour un film de la fin des années 50 (1960 en fait) et comparé à un système Hollywoodien alors à bout de souffle, on sort évidemment des bleuettes traditionnelles conformistes et moralistes. Néanmoins, le fait de ne pas oser clairement se démarquer d'un classicisme pompeux qu'il semble admirer plonge le film de Michael Powell (un Britannique, entendons-nous bien) dans l'impersonnalité la plus probante. Que faire ? Tendre un bras d'honneur à une forme stylistique passée et obsolète ? Oh, non mon dieu, quelle injure ! Pourtant, elle est nulle et ennuyeuse alors tentons d'y apporter un peu de sang neuf (mais pas trop). Contrairement à d'autres oeuvres de la même époque (lorsque Bergman, Antonioni, Godard ou Fellini s'imposaient avec un regard neuf sur l'art), "Le Voyeur" ne sait pas où donner de la tête. Coincé, incapable de faire des choix radicaux, il semble bien naïf, tiraillé entre son propos intéressant (bien que guère développé, enfin pas autrement que par l'intermédiaire d'un thriller improbable et risible) et sa forme ringarde, pleine de formalisme et d'obéissance pour des conventions qui n'avaient plus lieu d'être. Ohlala quelles belles couleurs, c'est l'influence de l'expressionnisme ! Quelle application, comme tout cela est méticuleux ! Tu parles, c'est surtout la preuve que Powell n'avait pas su évoluer convenablement et s'était finalement arrêté à l'usine à rêves et au "Magicien d'Oz"...
Inégal et surestimé. Michael Powell envisage l'acte filmique comme la pulsion meutrière ultime : idée a priori miraculeuse pour le cinéma, Art du regard par excellence... Pourtant le visionnage de ce Peeping Tom suffit à rajeunir de 30 ans le plus poussiéreux des films d'Alfred Hitchcock tant sa désuétude confine à la plus plate des platitudes. Mollement filmé, plutôt mal joué, démonstratif et guindé de part et d'autres Peeping Tom aimerait en imposer de ses jolies couleurs et de ses mouvements de caméra fluides et décomposés : cela provoque surtout beaucoup d'indifférence, le film de Powell souffrant d'un scénario superficiel - bien qu'original, pour tenter de faire la part des choses - et peu équilibré dans ses parties, faute à un scripte parfois expéditif voire creux. Il y a bien quelques vrais éclats de cinéma ( la séquence de danse, le traitement du personnage de la vieille aveugle... ) mais ça reste terriblement anecdotique dans son ensemble. Loin d'être nul mais tout de même gratifié d'une réputation pas mal démesurée...
Plusieurs plans de ce film de Michael Powell sont extrêmement astucieux. Hélas, plusieurs scènes trop longues, et distillant trop de détails visuels et dramatiques, insuffisamment exploités par la suite, font qu’on sent le danger présent, mais jamais effrayant. Et en l’absence d’un suspense véritable, on s’ennuie ferme. Une qualité de ce film reste cependant certaine : l’excellence de l’interprétation de Karlheinz Böhm.
Très très belle découverte. Le sujet est glauquissime, mais le film échappe au sordide grâce au soin qu'il apporte à son atmosphère: mise en scène, lumière, décors, couleurs, tout est parfait. Esthétiquement, c'est un bonheur, et le scénario n'a finalement pas tellement vieilli non plus. Le film est sorti la même année que Psychose, mais son approche de la psychanalyse est beaucoup moins datée et maladroite que celle d'Hitchcock à mon avis. Aussi indispensable que Les Chaussons rouges.
La séquence d'ouverture du film est une des plus fortes : on y voit le tueur suivre une prostituée en la filmant. Mais l'objectif de la caméra, semblable à une cible, annonce le meurtre sanglant. L'acte filmique est donc un acte meurtrier, et le regard de Mark Lewis se substitue d'une manière forcément provocatrice à celui du cinéaste. On peut toutefois regretter que cet élan transgressif ne soit pas poursuivi sur la durée d'un long-métrage qui vaut surtout pour une photographie agressive, qui fait ressortir des couleurs dynamiques représentatives de l'esprit torturé du protagoniste masculin, indéniablement pervers mais aussi fragile et lucide. Le film, s'il paraît très vite abattre ses cartes, trouve une porte de sortie habile grâce à l'idée selon laquelle le tueur doit se nourrir de la peur de ses victimes pour les tuer, un acte nécessaire qui renvoie Mark à son passé où le père est à la fois le bourreau et le miroir d'un enfant qui devient à son tour le monstre. "Le Voyeur" est un film intéressant, voire passionnant par moments, mais dont on aurait aimé qu'il soit encore plus complexe, qu'il parvienne à trouver une forme vertigineuse à la hauteur de la psychologique de son personnage principal.
Un bon film au suspens bien mis en scène. On est proche du cinéma Hitchockien, avec une montée en puissance de l'angoisse et de la peur. L'image est belle et les couleurs sur-exposées sont intéressantes..Le scénario est bien conçu. Mais ce n'est pas non plus le "chef d'oeuvre " que certain y voit. Ce fut un des premiers films à mélanger sadisme , voyeurisme, et meurtre, Il se peut qu'il ait inspiré de futurs réalisateurs, mais en même temps le film a un peu vieillit et révèle quelques faiblesses. Les acteurs sont très bons . Un bon film original et rare.
J'irais pas jusqu'à parler comme certain de film culte (même s'il a inspiré de nombreux réalisateurs dont De Palma) mais il faut reconnaitre a ce Voyeur quelques qualités qui le rendent tout a fait "fréquentable".Replacé dans le contexte des années 60 ,il est facile d'imaginer combien l'aspect dérangeant et "malsain" de ce 1er "snuff-movie" de l'histoire ai pu provoqué tant de réactions hostiles ,si aujourd'hui le scenario a perdu une grande part de sa force ,n'en demeure pas moins toujours présente une qualité de mise en scène constitué de plans novateurs ainsi qu'une remarquable interprétation de Karlheinze Bohm.Le reste du casting n'a rien d'inoubliable mais cet acteur réussi l'incroyable performance de nous séduire par sa timidité ,sa maladresse et son coté "gendre idéal" et de nous glacé d'effroi l'instant d'après avec son regard obsessionnel : vraiment très fort !!!!
Ce que j'ai vu de pire de Michael Powell ! Certains voient dans cette réalisation les prémices du found footage , un film précurseur, une œuvre majeure etc... personnellement j'ai vu un film ou les acteurs surjouent complètement (ca en devient même grotesque), on n'y crois pas une seconde, cela vient probablement du fait que Powell aime l'opéra (les contes d'Hoffman) et les ballets (les chaussons rouges) ou forcer les traits fait partie de la discipline, mais sur un thriller… ca ne colle pas !