Roger Avary s'est un peu essayé à la réalisation, lui qui reste avant tout LE scénariste du chef-d'œuvre « Pulp Fiction ». D'ailleurs, on sent régulièrement l'influence de maître Tarantino sur le projet, crédité comme producteur exécutif. Hélas, influence n'est pas synonyme de talent, loin s'en faut. Passe encore un début qui, loin d'être génial, expérimente au moins un peu, visuellement et sonorement : ça reste assez creux et gratuit, mais on sent la volonté d'installer une ambiance, d'imaginer une histoire d'amour sortant de l'ordinaire, à l'image de cette référence pour le moins inattendue à « Nosferatu ». Malheureusement, une fois Julie Delpy éjectée (brutalement) du récit, tout part en vrille. Cela commence avec cette interminable et très mauvaise scène du
club de jazz
, dont la vacuité n'a d'égale que la laideur et ne débouchant sur strictement rien : un véritable cas d'école niveau remplissage. Vient « enfin » le « morceau de bravoure », à savoir ce braquage se voulant minutieusement organisé mais faisant finalement très amateur, où l'on sent très vite qu'Avary a du mal à tenir la distance tant les situations s'étirent et notre intérêt réduit à néant. À ce titre, difficile de ne pas évoquer l'un des énormes problèmes du film : l'écriture. Le constat est aussi criant concernant des personnages mal pensés (et globalement mal joués, peu aidés par cette idée invraisemblable de faire parler le français à des acteurs manifestement étrangers), peu mis en valeur et empêtrés dans des dialogues souvent indigents, très loin du « cool » et du « stylé » auquel le projet semble aspirer. Même le déroulement s'avère souvent prévisible, tout en trouvant le moyen d'être foireux dans sa construction (la réintroduction dans l'histoire de la fameuse Zoe est incroyablement mal foutue et sa relation avec le héros laborieuse (pour être sympa)). Bref, s'il y avait probablement la volonté de bien faire, si Eric Stoltz limite légèrement les dégâts dans le seul rôle ayant un semblant d'intérêt, difficile pour moi de rejoindre le camp des « pour » vis-à-vis d'une œuvre se loupant dans les grandes largeurs, rendant ses minutes longues, excessives (Jean-Hughes Anglade est en roue libre totale) et souvent vides, à l'image de ce plan final vaguement original mais, là encore, ne débouchant sur rien : comme quoi, ce n'est pas parce qu'on fait différemment que l'on fait forcément mieux...