Tout est bon dans le cochon, jamais cette expression n'avait eu autant de sens XD !!
portant toujours une adoration sans limite à l'oeuvre de Miyazaki que je considère comme l'équivalent (et l'égale) nippon de Walt Disney en terme de génie créatif, à chaque critique que j'ai laissé sur un de ses dessin animé, j'ai stipulé dans 90% des cas avoir pris une bonne gifle transcendante en pleine figure. Porco Rosso était l'un des rares films de Miyazaki que je n'avais pas encore critiqué et, après un nouveau visionnage l'autre soir, je me décide enfin à rédiger quelques lignes sur les aventures d'un des plus célèbres cochon de l'animation !
Porco Rosso, 6ème film d'animation des studios Ghibli sorti en 1992, le 6ème de "Miyazaki sensei " sorti juste après "Souvenirs goutte à goutte" (1991) de l'autre sensei, Isao Takahata, nous propose de quitter un peu l'archipel Japonaise pour aller faire une petite balade dans l'Italie des années 30.
Suite à une guerre lui ayant fait perdre toute foie en l'humanité, l'aviateur italien Marco Pagot se retrouva changé en cochon. Après avoir quitté les forces aériennes italiennes, l'homme-cochon, devenu chasseur de prime passe désormais son temps à traquer à bord de son hydravion, les pirates de l'air semant le trouble en mer Adriatique. Un jour, alors qu'il venait de donner une bonne correction aux voyous des airs, ces derniers firent appel à l'aviateur américain Donald Curtis, aussi talentueux qu'arrogant, pour éliminer Porco une bonne fois pour toutes, mais le cochon ne va pas se laisser faire ! Mais Porco pourra-t-il s'en sortir avec tout ces mercenaires qui veulent sa peau ?
Peut on encore simplement voler avec honneur dans une Italie baignée dans la crise et le Fascisme ? Voilà pour le pitch global.
Verdict : Une claque ! Une claque douce, mais une claque tout de même.
Encore et toujours, la magie Ghibli fait de l'Art avec du cochon et nous emmène dans les cieux !
S'il n'est pas mon Miyazaki préféré, s'il n'a pas le côté sanglant, la puissance du message écologique de "Princesse Mononoké", le côté folklorique WTF de "Chihiro", la grandeur émotionnelle du "Tombeau des Lucioles" ou encore le côté aventure fantastique du "Château dans le Ciel" façon l'Île au Trésor/Jules Verne, Porco Rosso n'en reste pas moins un film Ghibli très agréable dans la veine de "Kiki la petite sorcière", beau et drôle. Si le film a 25 ans dans le moteur, force est de constater qu'il possède toujours un grand charme, comme les anciens classiques Disney qu'on revoit aujourd'hui avec une grande joie nostalgique !
Les graphismes en 2D ont bien entendu un peu vieillit, idem pour la bande son mais c'est justement ce qui rajoute un charme supplémentaire au film. Le dessin est encore plein de vie, plein de couleurs vives, azures-verdoyantes , la plupart du temps claires et cette palette de couleurs nous donne la joyeuse impression d'observer une toile, une oeuvre picturale !
Tout comme il l'avait déjà fait avec la jolie petite sorcière, Hayao parvient à réitérer le tour de magie et à nous faire voyager, à nous dépayser en nous emmenant cette fois en Italie. Le réalisateur de génie ne se repose aucunement sur ses acquis et continu de prendre des risques en quittant le Japon pour aller explorer de nouveaux horizons, de nouvelles cultures Européennes à l'écran.
décors méditerranéens, ambiance un peu mafieuse, le tabac, les billets, les spaghettis, pas seulement les paysage mais c'est toute l'ambiance et la culture historique que Miyazaki a réussi à transmettre avec brio !
Avec Porco Rosso, Miyazaki rédige une véritable lettre d'amour à l'Aviation, thème qui lui a toujours tenu à coeur, une lettre d'amour à l'univers aérien baigné d'accents lyriques et romantiques car comme on le sait tous, c'est de l'avion "Ghibli" de Caproni que le studio éponyme tire son nom donc on peut dire que P.R serait une sorte de remerciement en dessin animé.
Côté scénario, celui de Porco Rosso est léger, vaguement inspiré de l'histoire du "Baron Rouge", le synopsis tient sur un post-it, on est plus dans la succession de péripéties mêlées de gags, à l'instar du "Château de Cagliostro" (1979) avec lequel le réalisateur a fait ses débuts, en misant dans le cas des deux dessins animés sur la carte de l'humour. Le ton est également léger, alors serte c'est pas aussi poignant que les oeuvres majeures du studio mais ce n'est pas à mes yeux un défaut; l'émotion manque un chouia serte mais c'est pas plus mal car au moins, ça rend accessible la filmographie de Miyazaki pour les plus jeunes spectateurs que le caractère W-T-F, parfois perturbant de certains autres films plus adultes pourrait rebuter (quand je pense que mes vieux m'ont montrés "Le Voyage de Chihiro" à 8 ans...o_o).
Mais si le scénario peut paraître moins travaillé, c'est chose voulu car Porco Rosso fait à mon avis parti de ces dessins animé, de ce genre de film ou ce n'est pas l'intrigue mais les personnages qui font le film. C'est les personnages qui font l'intérêt de l'histoire et pas l'inverse (de cette manière on est pas dans le modèle formaté du film d'animation Hollywoodien). En fait, on est même carrément à l'extrême opposé du film d'animation Américain...déjà parce que le héros n'est pas un beau gosse mais un cochon donc direct ça casse les codes.
Le personnage de Porco est très intéressant à analyser, extrêmement bien écrit, physiquement et psychologiquement riche de morales et de sous textes.
Miyazaki choisi ici de ne pas s'intéresser à l'apparence physique du personnage (il aurait pu nous faire un personnage transformé en cochon complexé par son apparence, cherchant à lever le mauvais sort mais non et heureusement car ça deviendra par la suite un ressort plutôt fréquent chez Ghibli avec les parents de Chihiro qui seront changés en porc ou encore Sophie qui sera enlaidie par la sorcière dans "Le Château ambulant", 2004) mais cette apparence de cochon fait sens autrement en portant plein de sous lecture.
Porco est un vétéran de la Première Guerre Mondiale choqué par ses horreurs; pour le coup ça me rappel beaucoup les expressions qui qualifiaient la guerre et les soldats qui étaient de la "chair à canon" envoyés à la "boucherie humaine" (du coup, boucherie, cochon...vous faîtes le lien ? ^^). Le "sortilège" serait donc une suggestion de la perte de son humanité due au conflit. En plus, la couleur de son avion est le rouge, choix qui n'est pas du tout un hasard vu que le rouge peut symboliser l'Honneur...mais aussi le sang et la violence, de cette manière cette peinture rouge éclatante pourrait être une marque visible des combats que Porco a traversé (ouais...c'est un peu glauque quand même là o_o). Le personnage bénéficie en plus d'un doublage 5 étoiles via l'acteur talentueux Jean Reno ("Les Visiteurs", "Léon", "Le Grand Bleu, "Mission Impossible" ect) qui a effectué dans la peau de l'homme cochon ses premiers pas dans l'exercice du doublage et, son timbre de voix calme et rauque va très très bien au tempérament du porc.
Le personnage de Fio, bien que l'on se rend très vite compte de la ressemblance physique marquante avec Nausicaä hime (une jeune rouquine habillée en bleu la plupart du temps), elle n'est pas une Nausicaä bis. Souriante, rêveuse et pleine de vie, elle apporte beaucoup à l'histoire car elle incarne une critique anti-sexiste sur la place des femmes dans l'aviation. Son personnage est vraiment important car elle arrive à redonner espoir en l'humanité à Porco dans un contexte pessimiste de la hausse du fascisme et des retombées en Italie de la grande dépression économique de 1929 aux USA.
Donald Curtis incarne lui la parfaite caricature de l'homme blanc Américain des années 30, pilote et acteur Hollywoodien beau parleur dont le ridicule renforceront encore plus pertinemment la dimension satirique qu'à l'oeuvre (je l'ai dis plus haut, ce sont les personnages qui font l'intérêt, pas l'intrigue ^^). Côté poins faibles, on pourra éventuellement pointer la musique de Joe Hisaishi qui n'apporte pas de mélodie marquante dans ce long métrage contrairement aux autres de Ghibli, peut être pour ça qu'il est considérer comme un "Miyazaki mineur" (?).
Mais bon, au bout du compte, si Porco Rosso ne rivalise pas à mes yeux avec les grands du studio Ghibli (Nausicaä, Chihiro, Kiki, la Château dans le Ciel) il n'en reste pas moins un très bon Ghibli. Un très bel hommage à l'aviation mêlé à une balade dépaysante toute en poésie sur les îles italienne de l'Adriatique qui vous en bouchera un groin !