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velocio
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4,0
Publiée le 18 octobre 2024
"Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde" est le 3ème long métrage de Emanuel Pârvu en tant que réalisateur et, dans ce film retenu en compétition au dernier Festival de Cannes où il s’est vu accorder la Queer Palm, il fait preuve d’un talent qui le place parmi les meilleurs réalisateurs du moment. C’est en véritable maître du sucré/salé ou, plutôt, d’un mélange de douceur et d’âpreté, qu’il nous dépeint un village situé dans un endroit paradisiaque mais que le comportement de ses habitants arrive à transformer en véritable enfer. film vu au Festival de cannes 2024. Critique complète sur https://www.critique-film.fr/critique-trois-kilometres-jusqua-la-fin-du-monde/
Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde, réalisé par Emanuel Parvu, plonge le spectateur au cœur d'un village roumain où le temps semble figé, loin des lois et des modernités des grandes villes. Le film aborde avec une acuité troublante l’homophobie institutionnalisée dans cette communauté, où les victimes sont punies et l’ordre ancestral reste inébranlable.
L'histoire suit Adi, un adolescent de 17 ans, persécuté pour son orientation sexuelle. Parvu illustre une dynamique sociale complexe où chaque institution – police, église, services sociaux – collabore tacitement à maintenir le statu quo. La police, corrompue et complice, ferme les yeux, tandis que la famille et les autorités locales tentent de “soigner” Adi par des rites archaïques comme l’exorcisme. Le village devient ainsi un microcosme d'une société figée, qui préfère le calme apparent à l’évolution vers une plus grande justice.
Le film s’imprègne d’une atmosphère glaçante, où la normalité apparente cache une violence sous-jacente omniprésente. La caméra, toujours proche des personnages, notamment Ciprian Chiujdea, accentue ce sentiment d’étouffement et d’inévitabilité. La narration sobre renforce l’impact, tout comme la mise en scène rigoureuse qui montre comment les différentes composantes du village – de l’église à la police – travaillent de concert pour étouffer tout changement, craignant l'arrivée de la ville et de ses lois modernes.
Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde est un portrait saisissant et réaliste de la lutte des jeunes LGBTQ+ dans un environnement hostile, où tradition et conservatisme écrasent toute tentative d’émancipation.
C'est par un rythme et une souffrance très modeste qu'Emmanuel Pârvu nous enferme dans un état d'esprit malsain et persistant. Là où les non-dits et le silence endémique continuent de dissoudre la liberté.
Vu dans le cadre du festival de cinéma queer de Genève, la Queer Palm de Cannes est un grand film non seulement d’un point de vue cinématographique (mise en scène subtile, photographie lumineuse en opposition à une histoire sombre, distribution convaincante), mais également par ce qu’il raconte: une homophobie étatique et religieuse qui fait des ravages dans le cercle familial. C’est poignant, parfois irrespirable malgré la beauté du lieu où se déroule l’action et très questionnant sur l’amour parental. Un film coup de poing que l’on n’oublie pas une fois le générique de fin terminé!
J'ai eu la chance de regarder ce film dans le cadre du Festival de Cannes via les projections du cinéma Le Louxor. Le film montre les complexités engendrées par l'amour parental, le vécu difficile d'une sexualité alternative dans l'un des endroits les plus défavorisés de la Roumanie, ainsi que les hiérarchies des notables locaux en Roumanie qui souvent prévalent sur toute norme, loi et autorité étatique.
Les familiers du cinéma roumain contemporain ne seront pas dépaysés par le troisième long-métrage d'Emanuel Pârvu, Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde. Dans l'histoire de ce jeune garçon agressé pour des raisons que l'on comprend vite mais qui embarrassent d'abord sa famille puis les différents rouages de l'autorité locale (police, chef d'entreprise douteux, Église), la défense de la victime devient moins une nécessité que la volonté d'étouffer l'affaire sans créer de vagues. C'est bien d'un engrenage qu'il s'agit, comme souvent chez Mungiu, et le classicisme de la réalisation allié à l'importance accordée aux dialogues est très habilement maîtrisé par le cinéaste, qui décrit sans fard les valeurs traditionnelles, que l'on pourrait aussi bien qualifier d'archaïques, d'une petite communauté confite dans ses croyances et incapable de tolérance vis-à-vis d'une prétendue "déviance" de l'un de ses jeunes membres. En résultent de petits arrangements et compromissions entre soi, pour ne pas attirer la "honte" sur un monde renfermé sur lui-même. Situé dans les paysages somptueux du delta du Danube, le film aurait pu, petit bémol, utiliser encore davantage les beautés naturelles des sites, qui contrastent avec l'étroitesse de pensée de ses habitants.
Vu dans le cadre d’une avant-première au Louxor, un film très impressionnant qui sort des clichés austères du cinéma roumain type Cristian Mungiu. Dans un endroit solaire et détendu au début du film, va se dérouler une histoire terrifiante, sous la forme d’un thriller psychologique dont la tension ne retombe pas jusqu’au (magnifique) dernier plan. Nécessaire en ces temps de régression sociale.
Petits villages, grands enfers. Une leçon de sobriété pour raconter la complexité de l'humiliation. Aussi, une masterclass de comment cadrer un plan. Et son histoire.