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Pierre Kuzor
113 abonnés
333 critiques
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3,0
Publiée le 25 octobre 2024
Ai vu « Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde » du réalisateur roumain Emanuel Parvu qui représentait son pays lors du dernier Festival de Cannes et qui y a obtenu la Queer Palm. Un village situé dans le delta du Danube dont on ne peut partir et arriver que par barque, où les couchers de soleil sont idylliques, où tout le monde vit au rythme de la nature, où les adultes ne savent pas se servir des téléphones portables, où tout le monde se connait, où tout peut paraitre idyllique, jusqu’au jour où Adi, jeune homme de 17 ans est agressé et rentre défiguré chez ses parents. Adi est soupçonné d’avoir embrassé un garçon. La police, ses parents, le prêtre, le mafieux local… tout le monde avec son ignorance, son archaïsme, ses préjugés se retrouve juge et parti et à force de vouloir étouffer l’affaire va mettre en marche un engrenage. La réalisation, à la photographie magnifique, est sobre et distanciée. Dans cette micro-société qui vit dans un décor de bout du monde tout est inextricable et aussi étriqué que l’esprit de ses habitants qui se jouent de la morale et de la justice. Le scénario est subtil, la description sociologique très juste même si le personnage principal Adi (Ciprian Chiujdea) peut parait un peu trop docile. L’on a du mal à imaginer que le jeune homme de 17 ans vit toute l’année en ville pour ses études et étonné qu’il ne soit pas un peu plus rebelle. On ne saura presque rien d’Adi, puisque le parti pris est plutôt de suivre le microcosme étouffant et en état de décomposition que sont ces marécages du bout du monde. C’est un film maitrisé mais qui ne dégage aucune émotion et c’est un peu dommage. « Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde » est un oeuvre intelligente qui dénonce l’obscurantisme mais avec trop de distance et de froideur.
J ai trouvé ça pas mal mais avec trop de lenteurs, trop de formalisme et malgré deux scènes terribles, l émotion ne passe pas 👎 ou sont mal jouées. La route m'a paru longue sur ces 3 km, j'ai eu l'impression que la marche était un peu interminable et leeeeeente !
Adi, dix-sept ans, est pensionnaire à la ville. Son baccalauréat en poche, il passe les vacances dans le petit village de pêcheurs de ses parents, perdu dans un bras du delta du Danube. Une nuit, il y est sauvagement agressé. Le chef de la police locale identifie rapidement les deux auteurs de l’agression ; mais la découverte de leur mobile va le conduire à chercher à étouffer l’affaire, avec la complicité des propres parents d’Adi et du prêtre de la paroisse.
Le cinéma roumain filme décidément à l’os. Depuis la Palme d’or ô combien méritée de Christian Mungiu, "4 mois, 3 semaines, 2 jours", nous viennent régulièrement de ce pays des films dérangeants qui dénoncent la corruption de l’administration et placent ses personnages face à des dilemmes moraux insolubles. Emanuel Parvu, un acteur dans la force de l’âge, a d’ailleurs joué dans plusieurs d’entre eux : "Contes de l’âge d’or" "Baccalauréat", "Dédales"… J’avais beaucoup aimé ces deux films-là : "Baccalauréat" racontait les compromissions d’un père déterminé à aider sa fille à décrocher le sésame qui lui ouvrirait la porte de ses études supérieures, "Dédales" la disparition d’une jeune moniale et l’enquête policière menée pour la retrouver.
Présenté en sélection officielle au dernier festival de Cannes, "Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde" souffre, à mes yeux, du handicap de cette lourde généalogie. Je reconnais volontiers que ce défaut est excusable et qu’il ne vaudra pas pour ceux des spectateurs qui iront le voir sans avoir vu au préalable d’autres films roumains.
J’articulerai à l’égard de ce film, au demeurant remarquablement écrit et joué, deux autres griefs. Le premier est d’avoir pour mobile une situation qui, pour désolante qu’elle soit, est passablement banale et surtout politiquement très (trop ?) correcte : l’homophobie ordinaire d’une campagne reculée. Le second de se conclure par une fin prévisible, où tous les protagonistes trouvent leur compte, quitte à bafouer la Justice.
Emanuel Parvu a réalisé un film excellent et qui a du agiter certains( voire choquer) esprits en Roumanie….La réalisation est parfaite et le thème spoiler: de l’homosexuel qu’on veut cacher au village ( milieu rural) est traité avec art et d’un réalisme parfait..Les combats verbaux entre le père et le fils, le père et ses voisins sont passionnants et le réalisateur pose sa caméra , toujours au bon endroit avec les bons plans ( américains, panoramiques, )….Musique rare ? Au fond le film est une quête pour la tolérance, dans les deux sens d’ailleurs, et qui se termine par une élégante ellipse et un plan séquence plutôt poétique???Je conseille ce bon film….Plutôt passionnant à regarder….
La mise en scène est belle et travaillée, le récit captivant, passionnant, intelligent et important et l'ensemble, novateur dans sa construction, remarquable.
Un film poignant. Une histoire déroutante et incroyable, et malheureusement toujours d'actualité en Europe. Une mise en scène implacable. Des acteurs habités; l'enfer de la corruption et la folie extrème de l'homophobie. Une oeuvre magistrale.
Un sujet intéressant mais un film assez banal et peu profond. Peu d’action et peu d’interactions. L’intérêt est le traitement de l’homosexualité vu par un village, une famille et une organisation sociale archaïque.
"Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde" est le 3ème long métrage de Emanuel Pârvu en tant que réalisateur et, dans ce film retenu en compétition au dernier Festival de Cannes où il s’est vu accorder la Queer Palm, il fait preuve d’un talent qui le place parmi les meilleurs réalisateurs du moment. C’est en véritable maître du sucré/salé ou, plutôt, d’un mélange de douceur et d’âpreté, qu’il nous dépeint un village situé dans un endroit paradisiaque mais que le comportement de ses habitants arrive à transformer en véritable enfer. film vu au Festival de cannes 2024. Critique complète sur https://www.critique-film.fr/critique-trois-kilometres-jusqua-la-fin-du-monde/
Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde, réalisé par Emanuel Parvu, plonge le spectateur au cœur d'un village roumain où le temps semble figé, loin des lois et des modernités des grandes villes. Le film aborde avec une acuité troublante l’homophobie institutionnalisée dans cette communauté, où les victimes sont punies et l’ordre ancestral reste inébranlable.
L'histoire suit Adi, un adolescent de 17 ans, persécuté pour son orientation sexuelle. Parvu illustre une dynamique sociale complexe où chaque institution – police, église, services sociaux – collabore tacitement à maintenir le statu quo. La police, corrompue et complice, ferme les yeux, tandis que la famille et les autorités locales tentent de “soigner” Adi par des rites archaïques comme l’exorcisme. Le village devient ainsi un microcosme d'une société figée, qui préfère le calme apparent à l’évolution vers une plus grande justice.
Le film s’imprègne d’une atmosphère glaçante, où la normalité apparente cache une violence sous-jacente omniprésente. La caméra, toujours proche des personnages, notamment Ciprian Chiujdea, accentue ce sentiment d’étouffement et d’inévitabilité. La narration sobre renforce l’impact, tout comme la mise en scène rigoureuse qui montre comment les différentes composantes du village – de l’église à la police – travaillent de concert pour étouffer tout changement, craignant l'arrivée de la ville et de ses lois modernes.
Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde est un portrait saisissant et réaliste de la lutte des jeunes LGBTQ+ dans un environnement hostile, où tradition et conservatisme écrasent toute tentative d’émancipation.
C'est par un rythme et une souffrance très modeste qu'Emmanuel Pârvu nous enferme dans un état d'esprit malsain et persistant. Là où les non-dits et le silence endémique continuent de dissoudre la liberté.
Vu dans le cadre du festival de cinéma queer de Genève, la Queer Palm de Cannes est un grand film non seulement d’un point de vue cinématographique (mise en scène subtile, photographie lumineuse en opposition à une histoire sombre, distribution convaincante), mais également par ce qu’il raconte: une homophobie étatique et religieuse qui fait des ravages dans le cercle familial. C’est poignant, parfois irrespirable malgré la beauté du lieu où se déroule l’action et très questionnant sur l’amour parental. Un film coup de poing que l’on n’oublie pas une fois le générique de fin terminé!
J'ai eu la chance de regarder ce film dans le cadre du Festival de Cannes via les projections du cinéma Le Louxor. Le film montre les complexités engendrées par l'amour parental, le vécu difficile d'une sexualité alternative dans l'un des endroits les plus défavorisés de la Roumanie, ainsi que les hiérarchies des notables locaux en Roumanie qui souvent prévalent sur toute norme, loi et autorité étatique.
Les familiers du cinéma roumain contemporain ne seront pas dépaysés par le troisième long-métrage d'Emanuel Pârvu, Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde. Dans l'histoire de ce jeune garçon agressé pour des raisons que l'on comprend vite mais qui embarrassent d'abord sa famille puis les différents rouages de l'autorité locale (police, chef d'entreprise douteux, Église), la défense de la victime devient moins une nécessité que la volonté d'étouffer l'affaire sans créer de vagues. C'est bien d'un engrenage qu'il s'agit, comme souvent chez Mungiu, et le classicisme de la réalisation allié à l'importance accordée aux dialogues est très habilement maîtrisé par le cinéaste, qui décrit sans fard les valeurs traditionnelles, que l'on pourrait aussi bien qualifier d'archaïques, d'une petite communauté confite dans ses croyances et incapable de tolérance vis-à-vis d'une prétendue "déviance" de l'un de ses jeunes membres. En résultent de petits arrangements et compromissions entre soi, pour ne pas attirer la "honte" sur un monde renfermé sur lui-même. Situé dans les paysages somptueux du delta du Danube, le film aurait pu, petit bémol, utiliser encore davantage les beautés naturelles des sites, qui contrastent avec l'étroitesse de pensée de ses habitants.