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Caine78
6 693 abonnés
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4,0
Publiée le 23 février 2007
Un film époustouflant, que ce soit par sa mise en scène dense et puissante, ou par son interprétation en tout point excellente. Rarement on aura vu une vision de la guerre aussi pertinente et intelligente, s'intéressant avec une grande force mais aussi une grande subtilité sur ses personnages, ou l'on respecte plusieurs points de vue, et donc au passage la complexité de ses relations. De plus, les dialogues rendent l'ensemble incroyablement vrai, et la dernière scène est impressionnante. Bref, ce Capitaine Conan est sans aucun doute l'une des oeuvres maitresses de Tavernier, avec un Philippe Torreton plus incroyable que jamais. Enfin, ce film nous aura appris autre chose : c'est que quand Samuel Le Bihan est bien dirigé, il se révèle tout simplement excellent, comme tous les seconds roles ici d'ailleurs. Un fil remarquable à tout point de vue.
Une grande fresque historique à la Française,qui bénéficie à plein du savoir-faire technique et des connaissances historiques et cinéphiliques de Bertrand Tavernier. "Capitaine Conan"(1996)raconte un épisode méconnu de la Première Guerre Mondiale: la prise des Balkans par l'armée française,suivie de la capitulation ennemie,et de l'ennui des soldats gardés en alerte à Bucarest,qui finissent par commettre des exactions. Le sujet est très riche,et Tavernier avec son didactisme coutumier,montre que la frontière entre être un héros et un criminel est mince. Il tente de prouver aussi que les gradés,blasés à souhait,sont ingrats envers les Poilus qui ont gagné cette guerre avec leur tripes,le couteau à la main comme dit Conan. Ce personnage fascinant,qui ne trouve de l'adrénaline que dans les combats et la camaraderie,est interprété avec conviction par Philippe Torreton qui se croit presque sur une scène de théâtre. Si Samuel Le Bihan s'en sort correctement en compagnon modéré,on a envie d'attribuer des médailles à Bernard Le Coq,François Berleand et surtout Claude Rich,pour ce film très littéraire et passionnant.
S'il y a bien quelque chose que j'apprécie chez Tavernier, c'est l'humanité de son cinéma. Que ça soit ici avec des soldats, dans Ça commence aujourd'hui avec des profs ou avec des flics dans L.627 (pour ne citer que ses films avec Torreton) il arrive à donner vie à ses personnages et à les faire exister. Tout ça paraît organique et je pense que c'est lié à son écriture.
Dans Capitaine Conan la plupart des scènes ne commencent pas au début de l'action ou de la conversation (et pareil elles ne finissent pas à la conclusion de celles-ci), ce qui fait qu'on a toujours l'impression d'être au milieu de quelque chose... Immédiatement le spectateur comprend que ces personnages ont une histoire en dehors du cadre et durant les ellipses puisqu'on est invité à imaginer ce qui s'est passé juste avant et ce qui se passe juste après.
Et en même temps Tavernier se permet de digresser un peu durant ses séquences, il y a toujours un regard pour un figurant, une interaction avec un personnage secondaire, ce qui permet de dire que Conan et Norbert les deux héros du film ne sont pas isolés, ils font partie d'un tout... Ils ont une vie et les gens autour d'eux aussi.
Disons qu'il y a plein de choses qui ne sont absolument pas essentielles à l'intrigue qui sont là et qui renforcent la crédibilité de l'ensemble. Je pense à ce soldat tétanisé lors d'un affrontement qui reste planté là, sous les balles ennemies et qu'on prend la peine de regarder, de filmer avant de continuer.
Et c'est ce qui fait la force du film, ici on a certes des procès militaires, des scènes de bataille, mais elles sont toujours filmées à hauteur d'homme et Tavernier n'en fait jamais trop. Ce qui compte se sont les gens pris là-dedans. Je veux dire qu'il aurait pu être tentant de passer trente minutes à filmer un procès pour faire un grand film politique dénonçant je ne sais quoi, ou un grand film d'action avec des séquences de guerre. Et si certes on a ce genre de séquences, elles ne sont jamais une finalité, elles ne magnifient rien, pas plus la guerre qu'un idéal de justice... Disons que ça semble profondément ancré dans le réel.
Tout ça donne une certaine empathie pour les personnages, tangibles, qu'on voit dans un beau bordel où rien n'est si simple.
Une fois de plus Bertrand Tavernier signe un film solide et abouti. Pas son meilleur, mais un drame qui dépeint avec réalisme la guerre, et plus précisément un épisode peu connu de celle-ci.
Quand Tavernier s'attaque au film de guerre, il est logique qu'il signe un film phare du genre. Armé de toute sa cinéphilie, il connaît tout ce qui a été fait et signe donc un film unique, qui ne ressemble qu'à lui tout en faisant référence aux classiques qu'il adore. Avec son casting d'hommes de théâtre et un roman comme base de départ, il signe un film qui s'intéresse à une page méconnue d'une guerre trop ignorée par le cinéma (il faut dire qu'il s'agit plus là d'une "vrai" guerre à l'ancienne, sans toute l'idéologie antisémite de la suivante) et nous montre comment ces machines à tuer (parce qu'il fallait la gagner cette guerre) gèrent le délicat retour au temps de la paix, surtout que ce dernier est plus flou et long à se dessiner. P. Torreton a droit à des dialogues majestueux dans lesquels il prête sa gouaille mais il se montre aussi très convaincant sur le terrain et son charisme aide beaucoup. Face à lui, S. Le Bihan s'en tire bien, malgré quelques loupés et le scénario est magnifique. Tavernier nous montre les horreurs de la boucherie, la rage de tuer de ces hommes attachants en dehors dans une mise en scène grandiose et ample. Un excellent film du genre, qui propose une réflexion intéressante et passionnante, avec une scène finale déchirante qui vous laisse KO. D'autres critiques sur
Encore un film sur la Grande guerre ? Oui, mais doublement original. D'abord, l'action ne se déroule pas dans les Ardennes mais dans les Balkans. Surtout, "Capitaine Conan" apporte de l'eau au moulin de l'école péronniste emmenée par Jean-Jacques Becker. Les Français auraient été consentants à la guerre, et cette dernière aurait révélé leurs instincts barbares. Cette thèse est admirablement personnifiée par Philippe Torreton, magistral. Lui et les autres comédiens bénéficient d'ailleurs de dialogues percutants et efficaces, c'est un bonheur d'écouter leurs joutes verbales. Le seul défaut du film selon moi est finalement le peu de rebondissement que présente le scénario, il est un peu trop mollasson à mon goût.
Valse incroyable de toute la jeunesse du cinéma français de l'époque chapeautée par certains vieux loups avec aux commandes un certains Tavernier rarement pris en défaut dans sa filmographie. Une reconstitution de très grande qualité dans les troupes de 14-18 sur les fronts reculés de l'Est européen, interprétations magistrales (surtout Torreton) pour une histoire d'hommes poignante et terrible au milieu de la barbarie.
Bertrand Tavernier nous fait découvrir un aspect méconnu de la guerre 14-18 et nous montre la rude vie de ces soldats qui se battaient sur le front de Bucarest contre les Bulgares et les Turcs. Le cinéaste dévoile une partie de l'Histoire volontairement oubliée malgré le fait que la victoire sur ce front ait fait vaciller deux empires. La guerre, l'incertitude liée à la fin de cette guerre (même les généraux ne savaient pas où ils étaient), la différence entre les soldats et les guerriers, voilà ce dont parle "Capitaine Conan" qui est porté par un Philippe Torreton au sommet de son talent, ayant l'énergie et la gouaille nécessaire pour incarner ce Conan, leader qui ne mâche pas ses mots et qui bénéficie d'ailleurs des meilleurs dialogues du film. Face à lui, une pléiade de superbes seconds rôles se donnent la réplique de Samuel Le Bihan à Bernard Le Coq en passant par Claude Rich le tout devant la caméra virevoltante de Tavernier qui nous offre de réalistes scènes de bataille filmées à l'aide de plans-séquences. Le scénario, inspiré du roman de Roger Vercel, est passionnant et instructif sans jamais être ennuyeux, le cinéaste faisant passer ses personnages avant tout pour une histoire poignante, un grand moment de cinéma.
Une vaste fresque historique à la française, où les décors se remarquent, les maitres artificiers se régalent et les acteurs se croient sur les planches. A ce jeu Torreton est loin devant les autres. Très concentré, il s’échine à singer Gabin, voire Depardieu, dans un argot ancienne mode difficilement interprétable par nos oreilles d’aujourd’hui. Le Bihan essaie tant bien que mal de le suivre, en vain. Au moins comprend-on ce qu’il dit. Malgré tout, malgré l’intrigue tardive, la guerre illisible, la mayonnaise finit par prendre. La reconstitution fonctionne, et on se prend au destin de ces hommes courageux, volontaires, qui ont donné leur âme à l’armée, qui ne vivent plus que par elle, quand les soldats traditionnels évitent les risques et se planquent dès qu’ils peuvent. Le fier Conan l’affirme : ce sont eux qui ont gagné la guerre, les autres ne l’ont que faite. Mais aujourd’hui c’est l’heure de payer la note, de répondre des crimes – car il y en a eu, beaucoup – on n’arrête pas une tête brûlée. L’occasion d’assister à une belle opposition de vues : le fougueux capitaine, le raisonné Norbert, le droit De Scève, le blasé Pitard, tous autant de manières d’aborder l’enfer. Et en cela quoi qu’on dise, l’enseignement de Tavernier joue son rôle.
Film magnifique, d'une intensité extraordinaire, servi par une brochette d'acteurs superbe ! Le chef d'oeuvre de Tavernier ! on ne se lasse pas des aventures de cette armée magnifique et terriblement franchouillarde ! Les scènes d'action sont exceptionnelles !
Aoutch ! Ca c'est un film qui fait mal ! Le contexte de la guerre est bien remis en scène, tout comme la transformation d'hommes ordinaires en bêtes féroces et qui en resteront marqués à vie...
Un truc qui m'horripilait quand j'étais jeune, c'était les séances de ciné-club où une fois la lumière revenue, le cerveau de service posait la question à l'assistance :"Qu'a voulu dire le réalisateur ?" s'en suivait un débat où tout le monde y allait de son refrain et à la fin le cerveau de service nous expliquait ce qu'il fallait vraiment comprendre. Déjà les films à thèses ont tendance à m'énerver, mais parfois et c'est le cas ici des gens ont des choses à dire sur des sujets méconnus. Encore faut-il que ce soit clair dès le début et que l'on ne nous ballade pas un peu partout avant d'entrer dans le sujet. Parce que franchement, parlons de la vision du film et non pas de son souvenir trois jours après (quand ce n'est pas trois ans !) : Pendant plus d'une heure on se demande où Tavernier nous embarque, et quand on croit avoir compris, ben non c'est pas encore tout à fait ça, et c'est comme ça jusqu'à la fin ! Cela n'empêche pas l'auteur de nous dire des tas de choses intéressantes, sur le bien, le mal, le courage, la lâcheté, la nature humaine et tout le tintouin mais tout cela parait être dit en aparté alors que ce devrait constituer le cœur du film, et c'est d'autant plus vrai que l'empathie pour les personnages ne peut fonctionner ! Reste la mise en scène et il faut bien avouer que les scènes de combat sont impressionnantes, l'interprétation est correcte, Torteron y met beaucoup du sien malgré certains dialogues trop écrits. Décevant surtout pour un Tavernier !
Un film de guerre qui traite d'une période méconnue à savoir la fin du conflit et des soldats français placés à l'est. Sous les ordres du "Capitaine Conan" on voit une bande de soldats que l'on découvrent courageux et qui plus on avance dans le films plus les héros ressemblent à des criminels. Des criminels d'état, formés sur le tas et pour l'occasion de la grande guerre dont on se demande comment il pourrait revenir à la vie normale, d'ailleurs eux non plus n'en ont aucune idée ou ne veulent pas. Voulant montrer à quelle point les notions d'héroïsme guerrier et la folie criminelle étaient des attitudes très proches j'ai eu l'impression que Tavernier perdait peu à peu les rennes de son film et finissait un peu par devenir redondant et que je me suis retrouvé un peu comme les soldats à m ennuyer après un début tonitruant. Je dirais que c'est un très bon film mais pas un très grand film.
Tavernier traite dans cette adaptation d’un roman-témoignage d’un ancien poilu de la sévérité de la justice militaire à l’encontre de ses propres soldats que la guerre a transformé en tueurs. Un thème déjà traité dans "Les sentiers de la gloire" mais forcément plus cinglant entre les mains d’un cinéaste français. Ce pamphlet antimilitariste trouve sa force dans le jeu de ses acteurs, dans la férocité des dialogues et dans la reconstitution détaillée du front est-européen. La minutie de la mise en scène nous plonger dans cette atmosphère violente et dans cette bataille post-armistice absente des livres d’histoire, malheureusement le récit à tendance à manquer de rythme et devenir, par moment, presque trop lent. La guerre filmée à hauteur d’homme est toujours la façon la plus brutale de la dépeindre, ce film en est un excellent exemple.
Un chef d’œuvre. Une histoire très originale. L’histoire de deux capitaines de l’armée française durant la première guerre mondiale, dont les mentalités sont diamétralement opposées.