Certes, la « finition » du contour psychologique des personnages manque un peu de subtilité, mais rien ne justifie l’accusation d’irréalisme ou de racisme dont ce film a fait l’objet. L’attentat, l’énorme explosion, la centaine de victimes, l’enquête conjointement menée par la police locale et une équipe américaine, l’enlèvement d’un occidental, son égorgement mis en scène, filmé, puis mis en ligne par des islamistes ; une fusillade dans une banlieue, abritant un camp retranché islamiste, l’exécution d’un chef de file artificier, tous ces éléments sont des faits d’actualité. Les scènes dépeignant l’hostilité anti-occidentale des officiels et de la population, l’évocation des nombreux interdits concernant les femmes dans les républiques ou monarchies islamiques, l’allusion à la discrimination saoudienne vis-à-vis des travailleurs immigrés, tous ces éléments sont autant de faits d’actualité. Non, ce n’est pas par racisme ou par invraisemblance que ce film pêche. C’est par manque de politiquement correct, lequel exige de ne pas montrer certains aspects déplaisants géopolitiques et culturels non occidentaux. Ou alors, si on les montre, il faut parallèlement dépeindre négativement les occidentaux, et les américains en particulier. Or, Berg ne fait pas cela. Il ne montre pas l’administration US comme la dépeint la gauche européenne habituellement: un ramassis de va-t’en guerre, capitalistes forcenés et corrompus. Il la montre telle qu’elle est vraiment depuis trois ou quatre ans : soucieuse de faire le moins de vagues possibles et de ne pas accroître son impopularité. Il montre aussi le dévouement de policiers musulmans traquant, avec des américains, des terroristes musulmans. Certaines répliques émettent même l’idée sacrilège que des feuilletons US ont suscité des vocations héroïques parmi les musulmans. En vérité, je vous le dis, disciples de l’anti-américanisme primaire, croyants du politiquement correct, passez votre chemin, ce film n’est pas pour vous !