Après un saisissant attentat anti-américain en Arabie Saoudite, des agents du FBI se rendent, incognito, sur place, pour enquêter, dans un pays où ils ne sont pas en odeur de sainteté, et se doivent de rester vigilants. Peter Berg aussi. Car en développant un postulat comme celui-ci, il aurait été très facile de déraper vers un hymne à la gloire de l’héroïsme américain face aux étrangers belliqueux, sur l’air de “Tous des terroristes”, comme aux plus belles heures de “Rambo”. Heureusement, “Le Royaume” évite ce genre de boulette, et révèle très vite son intelligence dissimulée derrière sa façade de simple film d’action, dès lors que l’enquête se met en place, après nous avoir pris aux tripes dès la première séquence. Pleinement ancré dans l’après 11 septembre, le film présente une Amérique affaiblie et en manque de repères, pour qui l’intervention est la meilleure des solutions. D’où le débarquement des cinq agents en Arabie Saoudite, où ils vont se retrouver face à une population opposée au petit groupe de terroristes réfugié en son sein, et personnifiée par ce colonel qui leur sert de guide. Mais, petit à petit, les menaces extérieures vont se faire de plus en plus précises, et à la critique de l’action américaine au Moyen-Orient va succéder l’action tout court, dans une dernière demi-heure à éblouissante, où la mise en scène de Berg (caméra à l’épaule et au plus près des événements), visiblement influencé par son producteur, Michael Mann, atteint des sommets de virtuosité et d’intensité, avant de rompre, une bonne fois pour toutes, la frontière entre le Bien et le Mal, et de suggérer que cette guerre ne fait que commencer. Un épilogue pessimiste et glaçant, pour un film explosif à couper le souffle.