Bloodrayne est souvent considéré comme un gros nanar (comme à peu près toute la production de Boll sauf les navets !). C’est parfois justifié, là, faut être honnête, pas vraiment.
L’interprétation notamment n’est pas mauvaise du tout. Sur le papier il y avait un casting impressionnant, et dans les faits, même si celui-ci n’est pas aussi étincelant que prévu, il donne un travail suffisamment solide. Kristanna Loken est très convaincante dans la peau de l’héroïne. Elle n’est pas très expressive, mais enfin je doute qu’une femme mi-vampire-mi-humaine qui dézingue du suceur de sang à la dizaine, soit franchement très exubérante ! Parmi les autres acteurs qui s’en sortent bien, Ben Kingsley, et Matthew Davis sont efficaces. Michelle Rodriguez nous livre une prestation sans surprise (ses rôles sont répétitifs en général), mais qui tient la route. Pour moi il y a une petite déception venant de Madsen. Il a l’air un peu fatigué, pas dans le coup totalement. Mais ceux qui se plantent en revanche sont Billy Zane et Meat Loaf. S’ils ont tout deux des perruques bien ridicules comme Kingsley d’ailleurs, ils ont des rôles assez niais et font moins que le strict minimum. Heureusement ils n’apparaissent qu’en guest-star, c'est-à-dire 5 minutes. Dans l’ensemble ce n’est pas très réjouissant, mais ce n’est pas non plus lamentable.
Niveau scénario Bloodrayne n’est pas génial, c’est un fait (comme quasiment toutes les adaptations de jeux vidéos au cinéma). Si l’histoire peine clairement à intéresser et ne développe pas grand-chose (le personnage de Bloodrayne est sous-exploité et je ne parle pas des autres), elle est néanmoins dynamique (en dépit d’un léger passage à vide passer les vingt-cinq premières minutes). Il y a de l’action, des rebondissements, et la fin, sombre, m’a convaincu. C’est certain qu’il y a des lieux communs et de la facilité scénaristique, des invraisemblances encore (j’ignorai qu’un couteau qui tombait dans l’eau faisait un bruit métallique !), mais enfin, c’est assez typique de ce genre de série B.
Visuellement Boll fait un travail inégal. La mise en scène est correcte dans l’ensemble, avec des combats bien filmés, néanmoins il y a parfois des effets pas terribles (dans le combat avec Kagan par exemple). Ce n’est pas excessif, cependant, et certainement pas rédhibitoire. La photographie est pour sa part beaucoup trop sombre. C’est un aspect regrettable, car si les combats sont épargnés globalement par ce défaut, il y a plus d’une scène gâchée par cette obscurité excessive. Les décors sont agréables mais un peu faiblards pour une production à 25 millions de dollars (une bonne partie a du passer dans les cachets des acteurs je pense). Les costumes aussi sont inégaux. Parfois réussis d’autres sont franchement ratés (celui de Rodriguez, celui de Madsen notamment). Boll livre des combats sanglants, c’était une bonne chose je pense que d’éviter ici le produit édulcoré grand public. Les effets sont réussis, Boll refusant le numérique au profit de trucages à l’ancienne sympathiques.
Au final il ne faut pas attendre de ce film énormément de chose. Boll fait seulement du divertissement (virant parfois au mauvais goût mais c’est son style), et ici il livre un de ses films les plus acceptables. Il y a des acteurs corrects, du rythme, des combats, une pointe d’érotisme (il y a un quota poitrine respectable), et en dépit de réels défauts, l’ensemble se suit sans déplaisir. J’avoue ne pas connaître le jeu vidéo, mais encore une fois, il est impossible de transposer un jeu vidéo au cinéma (à la différence d’une bd ou d’un comics qui suit les mêmes procédés que le 7ème art). Donc je prends ce métrage comme un film d’action fantastique, et par rapport à la concurrence il n’est pas si nul.