Bon ce film a été un peu assassiné, mais je crois que c’est injuste, même si je comprends que les amoureux du jeu aient été déçus. Pour ma part, je crois de toute manière qu’adapter un jeu vidéo au cinéma relève de l’impossible, car ce n’est pas du tout les mêmes modes narratifs, les mêmes codes visuels, ni les mêmes contraintes technologiques et budgétaires. Partant de ce postulat, je considère Doom comme un bon petit film d’action fantastique, pas prise de tête, et divertissant. Bartkowiak a plutôt eu tendance à me décevoir (Roméo doit mourir, En sursis notamment été des métrages infâmes), mais là c’est une bonne surprise. D’abord Doom bénéficie d’un bon casting. The Rock livre une prestation musclée dont il a la recette, et s’amuse en militaire, devenant franchement inquiétant sur la fin. C’est lui qui a choisi son rôle, et ca se sent. Face à lui Karl Urban est un acteur de qualité, habitué des productions à gros budgets et des films de SF. Il est charismatique, et offre une belle confrontation avec The Rock. Autour d’eux gravitent des acteurs un peu plus inégaux, dont la belle Rosamund Pike, atout charme du film dans l’un de ses premiers vrais gros rôles. Dans l’ensemble je n’ai pas été choqué particulièrement par une prestation, les pires acteurs se contentant d’être très sobres, c’est ce qu’il y a le mieux à faire. Les personnages eux sont caricaturaux, et rien qu’à leurs personnalités on se doute de qui va rester à la fin. Au niveau du scénario, Doom ne casse pas la baraque, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais cela reste assez efficace, rythmé, avec ce qu’il faut de rebondissements et d’action pour ne pas ennuyer le spectateur. Coté scènes d’action justement, Doom se débrouille franchement pas mal. Pour une fois Bartkowiak livre des séquences de qualités, et si certaines attaques sont brouillonnes, d’autres affrontements sont brillants, et l’usage de la vue à la 1ère personne lors d’une scène est bien trouvé et s’intègre sans trop de difficultés au métrage. Le combat final est assez impressionnant. Par contre Doom privilégie clairement cet aspect action (comme Resident Evil d’ailleurs), au détriment de l’horreur, et d’une atmosphère franchement terrorisante. S’il y a quelques effets horrifiques, c’est à des années lumières du jeu, et l’atmosphère n’est pas suffisamment travaillée pour en imposer vraiment. Dommage. Visuellement Doom n’est d’ailleurs pas une grande réussite. Les décors sont simples voir simplistes, la photographie est souvent sombre et cela rend certaines scènes pas toujours lisibles. La mise en scène de Bartkowiak est inégale, capable du meilleurs mais pas de manière régulière. Seuls les effets spéciaux, pour ma part très bon, se dégagent vraiment. La musique de son coté manque un peu de présence, mais lorsqu’elle est là c’est dynamique et agréable.
Au final Doom n’est pas un chef d’œuvre, mais reste un bon film d’aventure-action de SF, ce qu’il se devait d’être avec un budget très correct de 70 millions. Pour ma part j’ai bien aimé, en ayant bien sur le recul nécessaire sur l’adaptation du jeu. Bien que Bartkowiak tombe dans le même travers qu’Anderson (refusant d’être aussi excessif que le jeu dont il s’inspire), il ne s’en tire pas mal. Sympathique.