Le veilleur de nuit est un film qui se laisse décemment voir, mais enfin, j’avoue avoir été un peu déçu quand même, attendant un suspens mieux construit et un peu plus d'action.
Le casting ne s’appuie finalement pas tellement sur Ewan McGregor, qui reste ici un peu timide. Clairement, sans mal jouer mais sans être non plus au top, il se fait voler la vedette par les seconds rôles, prestigieux. Bien sûr Josh Brolin, qui continue de confirmer qu’il est un acteur de qualité, un peu sous-estimé à mon sens, et parfaitement inquiétant, et Nick Nolte aussi, redoutable d’efficacité dans son rôle de flic. Au-delà de ces deux-là, il y a aussi Brad Dourif, le routier de la série B de genre, qui nous gratifie de quelques apparitions toujours aussi sympathiques. Le casting féminin n’est pas mal composé lui non plus, avec la présence solide de Patricia Arquette qui reste cependant un peu sous-exploitée, au profit d’une Alix Koromzay très correcte.
Le scénario profite bien sûr du capital sympathie de son sujet pour les amateurs du genre. La morgue est un espace finalement peu utilisé au cinéma, et forcément en introduisant un peu de trucs « tordus » on peut vite obtenir un film à l’aspect attrayant. C’est vrai que Le Veilleur de nuit distille assez bien cet aspect tordu et malsain, qui pour ma part reste l’élément porteur du film, mais dans un même temps il y a des défauts. D’une part un suspens qui peine à vraiment tenir, c’est certain, surtout si on a un peu d’expérience du genre. Ensuite la narration est chaotique. C’est trop dégingandé, et le métrage peine à se concentrer vraiment sur son propos nourrissant pas mal d’arrière-plan alors que la durée d’1 heure 30 du film ne le permettait pas forcément. Du coup on a peu de meurtres, ils sont dispersés de ci de là, comme saupoudré, à l’image de l’enquête, de la révélation, bref, tout cela apparait saupoudré dans un ensemble qui ne se focalise pas assez sur son intrigue principale.
Sur la forme Le Veilleur de nuit profite bien sûr de son ambiance glauque, même si l’usage des décors aurait pu être meilleur, et même si le film évite finalement d’en faire trop. C’est poisseux, mais sans excès. La mise en scène de Bornedal est appréciable, mais le réalisateur fait preuve d’une sobriété qui pourra déconcerter un peu. Je pense que c’est pour renforcer la dimension froide et clinique du film, mais c’est vrai que cela n’aide pas forcément à happer le spectateur et à lui faire ressentir l’ambiance. Ce film s’appuie beaucoup sur les idées d’odeurs, de son ou de silence notamment, et ça traverse pas très bien le métrage, qui reste toutefois appréciable, et propose une bande son surprenante et éclectique.
Bon, en sommes Le Veilleur de nuit est un petit film glauque et sympathique dans le genre, mais au final pas aussi incisif qu’attendu. On passe un moment divertissant et on se réjouit de voir l’espace de la morgue utilisé au cinéma, mais le plaisir reste tenu par un scénario pas très bien mené, par un McGregor un peu timoré, et quelques maladresses formelles. 3.