"Battle Royale" est typiquement le genre de film que j'aime beaucoup, mais auquel je ne trouve pas assez de qualités graphiques ( ou logiques ) pour lui assener une meilleure note. Et contrairement à ce que beaucoup disent ( et à ce que j'ai un jour dit ), ce n'est pas meilleur qu'" Huner Games". Parce qu'il faut l'avouer, "Hunger Games", aussi original fusse-t-il ( originalité venant du manga éponyme ), n'est pas exempt de tous défauts. Aujourd'hui mes amis, c'est donc "Battle Royale". Dès la première scène, la couleur est annoncée : le film sera sombre, violent, noir, particulier. L'approche de cette société dystopique est grandement pessimiste; il n'y a plus d'espoir possible en l'avenir; il n'est, de tout façon plus qu'un vaste monde détruit - pas dans le monde physique, non, dans le monde formel. Les adultes et les jeunes ne se comprennent plus, ne peuvent plus vivre ensemble. Et c'est une réflexion fortement intéressante sur notre société, ainsi que sur sa future, ou présente, évolution. L'on passe donc d'une société faîtes pour les jeunes, la notre, à une autre, la leur, qui désire les museler, les faire devenir adultes de la pire des manières, en tuant leurs amis adolescents. Et justement, il n'y a pas de meilleure réflexion possible, je pense, pour ce genre de scénario. C'est à la fois profond, réfléchi et d'actualité. Que demander de plus? On regrettera, cependant, un manichéisme trop important, qui s'animera principalement avec les deux participants les plus agés du film, les deux machines à tuer. L'un sera en blanc ( ou en une couleur équivalente, si mes souvenirs sont bons ) tandis que le dernier, le plus dangereux, le méchant du film, sera tout vêtu de noir, arborant un aspect "terminatoresque" des plus réjouissants, jusque dans une scène pompée de la fin du premier "Terminator". Mais je ne vous en dirai pas plus. Le tout étant qu'ils sont badass, et que oui, c'est classe comme symbolisme, mais le soucis, c'est que cela enlève enlève fortement de nuance au métage; il n'en apparaît que plus simple narrativement parlant, que plus primaire. Et c'est dommage, parce que je pense sincèrement qu'il aurait énormément gagné à se penser plus intelligent, plus sophistiqué. Un poil plus, ai-je envie de dire, parce qu'il faut quand même reconnaître que le résultat final est énormément réfléchi, et cinématographiquement novateur. L'on reconnaîtra tout de même au métrage une efficacité particulière : c'est violent, esthétiquement recherché dans sa sanguinarité, c'est bien mis en scène, stressant; bref, c'est saisissant. Le résultat est purement viscéral; "Battle Royale", c'est une expérience qu'il faut vivre, un film qu'il faut apprécier à sa juste valeur, à la fois graphique et intellectuelle.
Il faut lui reconnaître une autre particularité : commençeant vite et fort ( à la fin d'un "Battle Royale", c'est vite vous dire ), l'on n'a pas le temps d'imaginer la suite qu'elle arrive déja, et nous attérit en pleine tête, avec violence et fureur. Bon, on lui reconnaîtra tout de même un manque de finesse dans les dialogues, et certaines incohérences, ou fautes de goût ( je n'ai ni compris le dénouement de la scène avec le tableau, ni le plan final du film; là, faut vraiment que l'on m'explique, pour ce dernier ). Seulement, ses qualités sont tellement nombreuses et importantes que l'on passera outre ses quelques défauts pour, finalement, mieux se concentrer sur l'oeuvre, réellement passionnate. Ajoutons donc que les acteurs jouent très biens, même si certains tombent parfois dans un excès de surjeu, et que le travail de Kinji Fukasaku force le respect ( l'on est tout de même bien loin du gâchis de son fils; mais nous y reviendrons ). La bande-son est elle-même d'excellente facture, à la fois puissante et aboutie. Elle ajoute énormément au long-métrage, lui ajoutant un aspect à la fois épique et dramatique. "Battle Royale" fut donc une expérience particulière et marquante, le genre qui vous change à jamais, et la suite ratée n'y pourra rien : j'aime "Battle Royale", et ce même s'il est imparfait. A voir, un grand film.