Je continue encore dans la filmographie de Veber avec un film que j’avais vu il y a longtemps, que j’ai revu, et qui à mon sens figure dans ses bonnes surprises, quoiqu’encore une fois, un peu facile !
L’atout maître du Placard, c’est d’aborder l’homosexualité sous un angle qui autorise à la fois les clichés, dont on peut rire parfois, et une certaine ouverture plus fine, plus subtile, sans pour autant d’ailleurs porter un discours moralisateur, engagé qui me saoule généralement assez vite dans les films. Le film se veut léger, et en même temps il aborde des sujets de société graves avec une certaine pertinence, il y a du rythme, c’est court, mais, et c’est vrai, c’est un peu facile. Veber n’hésite pas parfois à forcer le trait, à faire des rebondissements à la limite du crédible, et ça manque parfois de fluidité pour que l’on puisse croire à certains retournements d’attitude ou à certains ressorts du scénario. On sent que Veber a quand même lâché les petits détails, n’a pas été très soigneux aux entournures !
En dépit de ces défauts, le film accroche, et le casting n’y ait pas pour rien. S’entourant de récurent de sa filmographie, Veber offre des rôles cocasses à des acteurs confirmés et solides, qui s’en donnent à cœur joie. Auteuil est très juste dans son rôle d’homo qui ne l’est pas, Depardieu en fait des caisses mais lui aussi est très amusant et donne encore à voir son talent comique évident, et pour le reste c’est du très bon. Michèle Laroque est d’une grande finesse, Jean Rochefort s’amuse comme un fou dans son rôle de directeur qui lui sied bien, et Michel Aumont impose toujours une présence plaisante.
Sur la forme je ne vais pas m’étendre, le cinéma de Veber n’est pas réputé pour son esthétique particulière, mais on retrouve par contre, comme presque toujours, la mise en scène rapide, dynamique du réalisateur, qui se permet ici quelques petites audaces en s’attachant, à mon sens, à des scènes plus intimistes, en se rapprochant de ses acteurs, de ses personnages, le film apparaissant de fait comme plus humain, c’est évident. Un peu déçu par la bande son, discrète et pas très marquante.
Le Placard est finalement une comédie à la tonalité un peu grinçante, que l’on pourra peut-être trouver un peu tendre parfois, mais qui en fait reflète le dilettantisme dont a fait preuve Veber dans la plupart de ses derniers films. Il y a une bonne idée de départ, un bon casting, de bons moments, mais c’est un peu chaotique dans le déroulement, et ça manque de tenue. Rien à voir cependant avec la faiblesse d’un Tais toi ! par exemple. 3.5