Un film franchement étonnant, à la fois triste, mélancolique, drôle, étouffant, crépusculaire, onirique, Un été en pente douce est clairement le meilleur film de Gérard Krawczyk, et dire que je ne le connaissais pas. De suite le réalisateur monte dans l’estime avec ce genre de réalisation.
Déjà le casting est fabuleux, et, en tête, Pauline Lafont. Franchement quel regret qu’elle n’ait pas eu la vie et la carrière qu’elle méritait avec sa mort prématurée car elle fait preuve d’un talent exceptionnel. D’un charme incendiaire, elle joue remarquablement bien, se montrant d’une finesse brillante, et campant un personnage touchant, surprenant, détonnant. Elle est au sommet de son art, et bravo à elle. A ses côtés deux acteurs non moins convaincants, et surtout Jacques Villeret, qui hérite d’un rôle pas facile et qu’il dose à merveille, tout comme Bacri, à la fois brut et tendre. A côté de ce trio mémorable des seconds rôles pointus, en particulier Guy Marchand, semeur de trouble assez drôle il faut le dire !
Le scénario est surprenant. On est clairement dans un drame plus que dans une comédie, mais le métrage ne se veut pas si réaliste que cela. En fait la force du métrage c’est de donner, sous des airs de drame réaliste, un résultat totalement surprenant, comme je l’ai dit aux limites de l’onirisme parfois. On a parfois l’impression d’évoluer dans un univers à part ou s’entremêlent des éléments déconcertants, jusqu’à la fin, pour le coup presque irréelle. Il en résulte un film souvent hypnotisant, crépusculaire, envoutant, sombre ou drôle, mélancolique ou tourné vers l’avenir. Un grand moment de poésie.
Formellement c’est sublime. La photographie rend à merveille la canicule durant laquelle se passe le film. La chaleur semble en effet écrasante, et les décors sont très bons. En fait le film avec peu de chose entretient parfaitement cette ambiance irréelle perceptible dans le scénario, et sans maniérisme ou gros effets L’Eté en pente douce est un film fort et recherché avec une réelle esthétique. Krawczyk film tout cela avec sobriété, mais réalise quelques scènes érotiques d’une rare beauté. Le film est aussi magnifiquement servi par une bande son qui, dès le départ laisse se dire qu’on va pouvoir se faire plaisir avec elle.
Au final L’Eté en pente douce est un très joli film, à la fois magnifique sur la forme et le fond. Un grand moment de poésie un peu sombre mais jamais trop, porté par des acteurs au sommet. Je donne un 5 mérité, d’autant plus que je n’espérai vraiment pas attribuer une telle note à ce film !