On m’a seriné avec ce film et le livre de Nabokov dont il est tiré. N’ayant pas lu l’un j’ai maté l’autre, et on peut vraiment dire qu’il y a une sorte de tendance chiante à surévaluer les films anciens. Oui c’est réputé, mais est-ce bon pour autant ? Peu de gens vont « si loin » dans la réflexion, quelle pitié. Certes je me doute que la censure est passée par là pour détruire tout aspect sulfureux, mais vu le thème il aurait mieux valu s’abstenir de toute adaptation.
En effet, Lolita s’avère plutôt être un film chiant, point barre. Déjà, c’est une comédie ou un drame ? On peut faire les deux ? Moui, mais bien faire non, autant se contenter d’un seul aspect et le réussir… Si l’histoire est bonne, inhabituelle pour l’époque, la trame est déjà plus connue et la réalisation est catastrophique. Le début n’est qu’une introduction complètement reprise à la fin, et on gagne 10 minutes de film sans gâcher de pellicule… S’il n’y avait que ça cela passerait mais non, on a surtout trop à un nombre d’ellipses incroyables et incroyablement mal faites. Franchement si vous comprenez tout dans le film au 1er coup vous êtes très fort (et vous avez réussi à garder les yeux ouverts, vraiment balaise), mais si vous avez toutes les réponses/explications vous mentez. Un exemple ?
Quand et comment commence la relation entre les 2 personnages principaux ? Juste au début en se regardant ? Quand Lolita s’enfuit comment fait-elle ? Tout l’hôpital est payé ? Puis elle s’installe et tombe enceinte, jamais avant ? Comment la mère peut ne pas voir le triangle amoureux, se marier, et supporter la désinvolture voir le désintérêt de son mari pour elle ?
Allons un peu de réalisme sinon je vais voir Transformers 4. De plus, niveau montage ce n’est pas mieux,
la mort de la mère en est le parfait exemple : elle prend la décision de s’enfuir de la salle de bain, sort du 1er étage donc et va dehors, court et se prend une voiture, tout cela en… même pas une minute montre en main, Usain Bolt a du souci à se faire.
Rajoutons que le rythme est sans cesse cassé par ces coupes, et que les longueurs sont légions (la scène du lit dépliant elle sert à ?).
Hormis ces erreurs grossières on a aussi des acteurs peu inspirés, l’émotion ce n’est pas être lent, enfin ici oui car il n’y a que ça. On est dans une histoire d’amour mais on ne voit jamais James Mason sourire, il est plus pathétique et stoïque qu’amoureux. Je veux bien que l’histoire soit tortueuse mais là ça ressemble plus à du désamour qu’à autre chose. De plus, Sue Lyon joue mal l’allumeuse de ces vieux, à moins que là encore juste se bronzer en bikini dans un jardin suffise (enfin oui mais c’est peu pour engager une relation si sulfureuse et qui dure). Enfin Peter Sellers est chiant comme pas possible, dans sa voix, son jeu, sa diction, ses manières, son rôle
(lui aussi les fait toute tomber sans rien faire, quand on voit sa tête on se demande comment), puis une « star » à priori qui n’est pas connue et peut se faire passer pour détective si maladroitement c’est d’une naïveté…
Bref, trop de facilités, tant dans la réalisation que dans l’histoire et le jeu des acteurs, on ne va pas se fatiguer la réputation sulfureuse du livre suffira, c’est à peu près ça. Du coup, si vous arrivez à rester devant un ensemble si décousu vous profiterez quand même d’une musique sympa, d’un road trip inhabituel, de dialogues plats et creux mais d’aucune scène d’amour (et ne parlons pas de sexe) bande de vicieux. Mais au final, qu’aurez-vous vu ? Rien ou presque, sauf qu’un raté de Kubrick ça arrive.