Un film magnifique (dans un très approprié noir et blanc, qui en accentue le côté documentaire historique) et terrible sur le "Viol de Nankin" (1937), qui figure en bonne place parmi les crimes contre l'humanité commis au 20° siècle. Qu'on en juge : dès la prise de la ville, éphémère capitale du Kuomintang de Tchang Kaï-Chek, les Japonais, après avoir massacré les milliers de fuyards, pénètrent dans la métropole sans coup férir et tuent tous les soldats chinois qui se rendent - pas de prisonniers (60.000 morts !), puis s'attaquent aux fonctionnaires civils, et finalement à tous les habitants indifféremment, les cadavres s'empilent dans les rues, charniers à ciel ouvert. Quant aux femmes....elles sont victimes de viols collectifs, rebaptisées cyniquement qu'elles sont "femmes de réconfort", pour la soldatesque nippone ! Si la première heure de ce (très) long métrage - 2 h 15, m'a paru un brin ennuyeuse (pas mal de longueurs dans ce début de film de guerre, alors classique), dès que commence l'ignoble travail de "pacification" dans la cité en ruines, l'intérêt (croissant) est bien au rendez-vous, quand horreur et émotion se mêlent, révélant la vérité universelle du Bien et du Mal. Mais tout n'est pas univoque : il y des Japonais qui doutent, et même se révoltent, des troufions en masse qui suivent le mouvement en cultivant la nostalgie du pays pour quelques brutes sanguinaires, et il y a même des Justes inattendus, ainsi le consul allemand, de l'Allemagne nazie, alliée des Japonais, de même que les victimes chinoises peuvent avoir aussi la tentation de préserver des intérêts égoïstes. Et les atouts esthétiques de ce "Nankin, Nankin" (rebaptisé "City of Life and Death" pour l'exploitation en France) achèvent d'en faire un spectacle de très grande qualité : l'étrange, et fascinante, parade célébrant la victoire nippone en constitue à cet égard le clou artistique.