Avis : City of Life and Death - Page 2

Œuvre très bien écrite et réalisée, une approche de l’humanité et de son horreur rarement atteinte sur la guerre entre le Japon et la Chine, à la hauteur d’une « Liste de Shindler » de Spielberg

Voilà un film qui a le mérite d'exister sur un des massacres les plus monstrueux d'avant guerre... Le réalisateur chinois a le mérite de montrer du bon aussi chez les japonais même si le contraire (chinois collabo par exemple) est occulté. L'autre bon point est d'éviter l'écueil du héro et de préférer suivre plusieurs personnages. Le NB fait évidemment penser au chef de Spielberg "La liste de Schindler" mais intensifie également le fait que le réalisateur a eu peur de son sujet en ne montrant pas trop l'horreur ; n'oublions pas qu'il y a eu au grand minimum 300000 morts et que les viols étaient accompagnés de tortures et d'actes de barbarie. Ce qui est ici simplement présumé voir complètement occulté. Force est de constater que Chuan Lu (le réalisteur) a voulu limiter la polémique en arasant le côté horreur et en tentant d'offrir un double point de vue ; honnête et salutaire mais au final le film reste un film sur un massacre qui privilégie l'émotion basique et les liens fraternels. Le témoignage de l'horreur reste mitigé. Quelques scènes se trouvent donc trop longues (par exemple les adieux du couple, la fête de la prise de Nankin) ; un tel évènement n'avait nul besoin d'artifice larmoyant pour que l'émotion passe. Cependant Chuan Lu réalise là un film efficace malgré tout, grâce notamment à une bonne écriture des personnages et au casting vraiment excellent. Sans la frilosité sur jusqu'où faut-il aller on frôlait le chef d'oeuvre. A voir en tous cas...

Après « Kekexili », Lu Chuan avait acquis une notoriété certaine et c’est sans surprise qu’on lui voit confier ce vaste projet et il s’en sort haut la main. Le sujet est biensûr controversé et les révisionnistes ne manquent pas, comme les Turcs pour le génocide Arménien et tant d’autres, mais je suis convaincu des bonnes intentions de ce réalisateur qui malgré ses origines a su se montrer objectif. Il a été judicieux dans l’écriture de ses personnages car on voit aussi bien, dans un camp comme dans l’autre, la pire des crapules ou au contraire l’individu débordant d’humanité qui ne sait plus de quel côté il est. On entre dans le vif du sujet dès les 1ères minutes par une véritable bataille urbaine superbement réalisée où je n’ai pu m’empêcher de faire des rapprochements avec le soldat Ryan de Spielberg. Le film a été entièrement tourné en noir et blanc, ce qui n’est pas bête pour nous ramener à l’époque, et la séquence de ce fameux massacre de Nankin en prend toute sa teneur. Cet immense tas de corps entassés les uns sur les autres dans ce coloris grisâtre est impressionnant. Ensuite Lu Chan focalise tout son scénario sur ces viols abjectes et je ne peux que l’en féliciter car il ne me semble pas avoir beaucoup vu cet aspect horrible de la guerre aussi bien traité dans un film. Ces pauvres femmes contraintes d’apporter du réconfort aux soldats ennemis sous peine de mort a été très bien mis en scène sans aucune perversité ou cruauté exagérée. On s’attache à tous les personnages et curieusement au sympathique , pourtant allié des Nazis, à le voir protéger sa famille de toute ses forces et c’est un peu curieux dans cette histoire de le voir abandonner sa femme alors qu’il avait la possibilité de s’enfuir avec ( ?). A moins que l’enfant qu’elle porte ne soit pas le sien mais ce n’est pas clair…C’est le petit passage qui m’a un peu troublé sinon, c’est un bon film et même si l’émotion n’est pas à son comble cela reste une œuvre importante et nécessaire pour faire changer les mentalités de ces encore trop nombreux individus capables d’orchestrer de telles atrocités…

On ne peut pas réaliser un film réaliste sur Nankin... Ça ne serait pas diffusable. Ce chef d’œuvre arrive à prendre du recul sur les faits et à nous présenter une version crédible de cette horreur. Bravo !

En 1937, la capitale de la Chine, Nankin, est prise d’assaut par l’armée impériale Japonaise. C’est un véritable désastre, la ville est réduite à l’état de cendre. Lu Chuan nous fait revivre de façon hyper réaliste cet événement majeur. Filmé à travers un magnifique noir & blanc, City of Life and Death (2009) nous plonge de plein fouet à l’intérieur du chaos, caméra à l’épaule pour plus de réalisme, la sensation d’immersion est totale. Mis en scène à travers différents points de vue, ce choix de réalisation sème le trouble au point de perdre à plusieurs reprises le spectateurs en cours de route (qui sont les Japonais et les Chinois dans tout ça ?). Finalement, on évitera de lui en tenir rigueur face à une oeuvre qui dans l’ensemble convainc complètement.

Ce film n’était pas à mon programme (déjà chargé) de la semaine. Mais sur l’avis appuyé d’un ami cinéphile je me suis laissé tenter. Effectivement c’était bien le choc annoncé. Pourtant cela commence mal. Les première minutes sont une succession de scènes de batailles et de massacres, sans parole et sans qu’on sache très bien qui est qui. Une fois la ville tombée aux mains de japonais tout se met en place progressivement et quelques personnages principaux émergent et on commence à suivre leurs parcours. Un jeune gradé japonais et son supérieur, une femme chinoise bourgeoise au grand cœur, un intellectuel chinois collabo et sa famille. Le jeune metteur en scène chinois Chuan Lu, qui a eu bien du mal à monter son film pour cause de censure féroce, nous offre alors une mise en scène virtuose et prouve qu’il sait manier la dramaturgie avec brio. Associée à un scénario terrible, on pense immédiatement à de grandes références comme Spielberg et sa Liste de Schindler ou à Eastwood et ses Lettres Iwo Jima. Rien que ça. De l’horreur de la guerre on glisse progressivement vers le sordide et le tragique d’une occupation qui n’est pas sans rappeler celle des nazis et le ghetto de Varsovie. Ces japonais-là non rien à leur envier. Un dignitaire nazi est même présent ici mais pour une fois c’est le gentil (!). L’image en noir et blanc est magnifique et contribue encore plus à l’ambiance lourde et pesante. Techniquement le film est une grande réussite, une très belle reconstitution historique. Petit à petit l’émotion monte pour nous étreindre la gorge et serrer le ventre. Les scènes sont de plus en plus dures. On assiste aussi à une des plus belles vues sans doute cette année, quand cent femmes, pour sauver le camp, se désignent elles-mêmes pour aller « divertir » les soldats pendant trois semaines. Magnifique. L’interprétation est à la hauteur. Tous les acteurs sont bluffants. Le dénouement est terrible, à la fois constat d’échec et d’espoir. Le générique de fin, photos des personnages principaux avec leurs dates de naissance et de mort, ne peut que nous faire finir en larmes (décidemment c’est une habitude en ce moment…). Un film dur et puissant, poignant et éprouvant, dont on ne ressort pas indemne. Un épisode méconnu mais traumatisant de l’histoire chinoise, que le pays a, apparemment, bien du mal à oublier…

Assez partagé sur ce film. Évidemment la reconstitution historique est spectaculaire, le noir et blanc subtil confère l'aspect documentaire. Mais à part cela, sans nier les qualités du film, je reste un peu réservé car la dimension humaine ne me parait pas si évidemment choisie. En fait, je perçois comme une hésitation,une retenue dans les choix de réalisation, comme si l'auteur répondait davantage à des demandes qu'à un vrai choix artistique et scénaristique.

Après beaucoup trop d’hésitations, et sans avoir véritablement choisi, je suis allé voir "City of Life and death". La reconstitution historique est impressionnante. Le choix du noir et blanc peut donner l’impression, au début du film, d’un montage à base d’images d’archives. Juste une impression ! Très vite jeu le des acteurs nous bouleverse. La mise en scène, qui met en avant des visages meurtris et d’autres animés par une sauvagerie inimaginable, est impressionnante, puissante et sans effets superflus. C’est noir, dur, d’une grande violence psychologique et physique. Mais ce film est à voir, à recommander aussi. Pour le fameux devoir de mémoire, mais davantage encore pour ne pas oublier que l’horreur et les exactions n’aboutissent jamais sur du positif. La dernière image du film le confirme.

Reconstitution impressionnante des massacres de Nakin, perpétré par les Japonais entre 1937 et 1938. Le film rappelle avec force que l’armée impériale du japon était une des pires du monde pour ce qui est des exactions et des crimes de guerre. Dans un noir et blanc solennel, la mise en scène utilise le maximum de tact et de sensibilité que requière le sujet et les situations souvent dures et bouleversantes.

Ce film comme d'autres montre que les chinois ont développé un cinéma de qualité, malheureusement ici le scénario et les personnages ne sont qu'en filagranes des horreurs proposées . Un rappel salutaire certe mais finalement peu intéressant pour ceux qui s'intéressent plus à l'Histoire car le film ne développe rien.

Quand Chuan Lu décide de reconstituer l’évènement le plus sanglant de la conquête de la Chine par l’armée impériale japonaise en 1937, il utilise un ton poignant similaire aux plus belles tragédies liées à l’occupation nazie de l'Europe tels que LA LISTE DE SCHINDLER ou LE VIEUX FUSIL. Son délicat mélange entre le drame et l'action militaire donne une multiplication de scènes, plus ou moins violentes, dont chacune a pour but m'émouvoir le public, au risque, pour certaines, de sombrer dans le pathos.

Une page d'histoire que le cinéma "ose" enfin montrer grâce à Chuan Lu près de 80 ans après les faits (alors qu'en France, on édulcore encore les actes perpétrés à l'image de "La rafle" !) sans craindre la véhémence du Japon nationaliste de l'époque (et d'aujourd'hui), d'un certain parti pris sur l'angle d'attaque en présentant le massacre de Nankin sur l'inhumanité des troupes japonaises presque exclusivement, c'est un choix légitime. La violence à son paroxysme physique et psychologique, en noir et blanc, sans politique, en vase clos et terriblement sanglant. Loin de comprendre, nous occidentaux, la doctrine qui a mené à cela (cette haine menée par la propagande de Hirohito), force est de constater que l’exutoire, à l'époque, de cette aversion, sous le prétexte de la guerre, montre à l'écran, encore une fois (malheureusement !) ce que l'Homme est capable. Une dérive délirante dont la fin (l'arrêt et l'après), n'est pas traité dans le film (c'est dommage) tout en sachant qu'aujourd'hui, les négationnistes font preuve de déni sur ce fait. Qu'en au film en lui même, superbement interprété et mis en scène, s'embourbe à des moments avec des longueurs et focalise (trop) sur les crimes en nous privant du contexte et de l'environnement. Un film aux images chocs, dures. A voir ! 4/5 !!!

Ce que nous, occidentaux, retenons de la seconde guerre mondiale, est par dessus tout la Shoah. Et c'est une bonne chose que cet honteux épisode soit au centre des arts et du cinéma: plus longtemps son souvenir sera conservé, plus le risque qu'il se reproduise sera faible. Néanmoins, à force de trop nous focaliser sur l'Holocauste, on a tendance à oublier qu'à l'autre bout de la terre, en Chine, a eu lieu un massacre presque aussi monstrueux, provoqué lui aussi par une idéologie raciste et haineuse. Un nom en particulier est associé à celui du massacre des Chinois par les Japonais: Nankin, ville où où l'armée nippone s'est livré à des massacres (200.000 tués) et viols (plusieurs dizaine de milliers de femmes) effroyables. C'est bien que, de temps en temps, un film comme celui-là sorte. Et c'est d'autant plus important que le gouvernement japonais ne reconnaît toujours pas officiellement les crimes dont son pays a été responsable. Bref, voici ce qui semble être le meilleur film sur le sujet, réalisé en Chine, et extrêmement controversé dans ce pays en même temps que dans mon esprit. Je vais tacher d'expliquer tout d'abord ce qui m'a déplu. Le réalisateur a eu pour but de montrer les Japonais de manière humaine (ce qui a provoqué un scandale en Chine), en suivant l'un d'entre eux tout au long du film, afin que le spectateur soit témoin de son état d'esprit, son ressenti et ses doutes. Ce parti pris humaniste est bien entendu fort louable; néanmoins, le réalisateur semble oublier quelque chose: les Japonais ont commi leur massacre au nom d'une idéologie raciste, d'une doctrine ultranationaliste et haineuse. Voilà ce qui manque au film: l'idéologie des Japonais n'est presque pas explicitée. Les Japonais prenaient les Chinois pour des sous-hommes parce qu'ils ne s'étaient pas suicidés après leur défaite, ce qui a expliqué ces incalculables massacres et viols. Ils prenaient les Chinois pour des ver de terre, des moins que rien, et cela n'est pas assez montré: les Japonais étaient mûs par une idéologie qui aliénait leur personnalité et les transfiguraient en bêtes sauvages. Voilà mon principal reproche: après avoir vu le film, on se dit "la guerre, c'est cruel quand même", alors que ce qui était inhumain par dessus tout, c'était l'idéologie impériale japonaise. Cette idéologie de violence est beaucoup mieux montrée dans Ip Man (excellent film soit dit au passage). Puisque j'en suis aux critiques, signalons la musique, très peu audible et émouvante. Maintenant, passons à ce qu'il y a de positif, car il y en a, et même beaucoup. Les scènes de violences sont marquantes, certaines sont même choquantes (viols, Chinois enterrés vivants, enfant balancé par la fenêtre...) et convaincront n'importe qui que Nankin est une ville à résonnance aussi tragique que Varsovie. Ensuite, le réalisateur adopte le choix judicieux de nous faire suivre l'épisode du point de vue de plusieurs personnages: un soldat japonais et une famille chinoise notamment. Le spectateur s'attache totalement à ces personnages, et la diversité des points de vues permet la variété des émotions: l'histoire de ce soldat japonais horrifié par les massacres devient vite très poignante. La vie de cette famille chinoise, menacée par les massacres et les viols, est captivante et touchante. Mis à part la carence sur l'idéologie japonaise, le film parvient à immerger le spectateur dans l'ambiance nankinoise sous l'occupation japonaise: une ambiance sombre, tragique et terrifiante. Le style asiatique du film a ses défauts comme ses qualités; d'un côté, la relative rareté des dialogues empêche une immersion psychologique totale; de l'autre, la lenteur et la beauté des plans permet à l'émotion de monter en flèche, et d'attendre un sommet étonnant lors de certaines scènes, je pense notamment à la scène "d'échange", et à la scène finale, mémorable. On pourra toujours reprocher au film son début assez inutile, ainsi que la relative discrétion du personnage de John Rabe et de son périmètre de sécurité, qui ont quand même sauvé quelque 250.000 Chinois. Il y a certainement beaucoup plus à dire à propos de ce film, mais j'ai l'impression de n'en avoir compris qu'une partie, c'est un film à revoir plusieurs fois pour l'apprécier dans toute sa richesse. Et dont l'importance est d'autant plus cruciale que le gouvernement japonais...a refusé qu'il paraisse au Japon! L'Allemagne n'a pas censuré le Pianiste il me semble! Bref, un film inégal, mais marquant, perfectible mais très émouvant. à voir!

Cette reconstitution des horribles massacres perpétrés en 1937 par l'armée d'occupation japonaise à Nankin est d'une violence et d'un réalisme rarement atteint au cinéma. Meurtres, génocides et viols donnent lieu à des scènes à la limite du supportable et pourtant une lumière d'humanité perce dans le regard éberlué, pathétique et perdu d'un jeune soldat japonais qui perd tous ses repères. Loin d'une dénonciation manichéenne et moralisatrice des horreurs de la guerre, ce film coup de poing donne à réfléchir sur la nature humaine lorsque déchainement et barbarie lui font franchir les limites extrêmes de la sauvagerie. Un film important, édifiant et didactique mais bien rude pour les âmes sensibles.

Pour compléter le film romancé "John Rabe" sur le même épisode de la guerre sino-japonaise (le massacre de Nankin en 1937), City of Life and Death apparait plus comme un documentaire historique privilégiant le déroulement global des évènements plutôt que ses intervenants. Le fait de ne pas filmer en couleur accentue ce côté documentaire. La cruauté des envahisseurs japonais est omniprésente mais le fait de montrer les doutes d'un de ces officiers nippons a pour but de montrer en Chine que tout n'est jamais blanc ou noir y compris dans une guerre, y compris dans le camps ennemi haïs. Un témoignage très fort d'un conflit méconnu en Europe, à voir une fois (même si un peu long pour avoir envie de s'engager dans un deuxième visionnage quelques années plus tard...)