Mr Guy, un célèbre présentateur d’une émission de téléachat croise la route d’un agent secret missionné pour démanteler un réseau de trafiquants. D’un côté, un animateur loufoque et de l’autre, un espion, le tandem ne va pas faire bon ménage…
Réalisé par Cyril Sebas, une vingtaine de clip à son actif et la coréalisation du minable Gomez vs Tavarès (2007), le voilà seul aux manettes de son premier long-métrage en solo. Si ce dernier est à l’aise pour réaliser des clips musicaux, il n’en sera rien pour la fiction, comme en atteste cet incroyable immondice que représente Le Baltringue (2010).
Basé sur une idée égocentrique de Vincent Lagaf ("Vincent Rouïl" de son vrai nom) et sur un scénario torché par Bibi Naceri (le frère de), produit (entre autres) par Wesh Wesh Productions (un nom pareil, il fallait oser), nous voilà embarqué au coeur d’un improbable buddy-movie à la gloire de son créateur, Vincent Lagaf. Ce dernier est de tout les plans, il monopolise sans cesse le cadre, il est omniprésent et transforme petit à petit ce film d’action familial à destination du public (beauf) de Lagaf en une comédie autocentrée et terriblement gênante (d’une scène à l’autre, il nous rejoue du De Niro ou du De Funès).
En incarnant ce beauf arrogant, misogyne et méprisant, Lagaf campe un personnage détestable au plus haut point, d’autant plus qu’il a décidé d’enfoncer toutes les portes qu’il trouverait sur son passage. Il est d’une sidérante lourdeur face à Philippe Cura très en retrait et qui tente tant bien que mal de maintenir à flot son personnage.
L’échec du film repose sur deux éléments majeurs, d’une part sa réalisation qui frise l’amateurisme (peut être en aurait-il été autrement si le film n’avait pas connu de telle défections : à un mois du tournage, Chris Nahon abandonne la réalisation, il sera suivi de l'assistant réalisateur Jacques Eberhard 15 jours avant le début des prises de vues, dixit Lagaf dans l'émission "Salut les Terriens!") et d’autre part, bien évidemment son casting qui frise l’indigent. Lagaf y est insupportable et le reste de la distribution n’aide en rien.
La mise en scène accumule les erreurs sans discontinue durant toute la durée du film, les enchaînements de scènes qui ne veulent rien dire et qui n’ont aucun lien entre elles et malgré sa (courte) durée, ils ont même trouvé le moyen de rallonger certaines séquences, les rendant insupportables. A la fois ringard et terriblement gênant pour ses interprètes (le final vaut son pesant d’or, avec les kaïras du 76, armées de filets de pêches qui s’en prennent aux ruskoffs sur fond de vieille musique électro et inserts de chats en animation (!), clairement on n’y était pas préparé. Comme à la toute fin où ils sortent de prison sapés en Eddie Barclay à St Trop').
Ce film fut, à sa sortie au cinéma, un échec cuisant, voir colossal. Doté d’un budget bien trop confortable pour le résultat final (4 millions d’€), le film se crashera au box-office et sera retiré de l’affiche au bout de 5 semaines d’exploitation, totalisant péniblement 40 000 entrées.
Lagaf se croyait intouchable et capable de faire rire la France entière avec son premier grand rôle au cinéma, mais quand un chauffeur de salle n’est pas derrière lui sur un plateau (comme c’était le cas sur ses émissions telles que le "BigDil" ou "Le Juste Prix") pour demander au public de rire a ses conneries, c’est tout de suite plus difficile pour lui d’être drôle.
(critique rédigée en 2010, réactualisée en 2022)
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