Scott Pilgrim est un film pour le moins original, et mené par le très enthousiasmant Edgar Wright, auteur quand même de Shaun of the Dead et de Hot Fuzz. Le résultat est très convaincant, même si ce n’est pas tout à fait le chef d’œuvre que l’on aurait pu attendre.
L’interprétation est clairement un très bon point. Michael Cera est remarquable dans le rôle principal, offrant une prestation de looser assez géniale, et en même temps très touchante et drôle. Il y a une réelle émotion qui entoure son personnage, et en particulier dans sa relation avec Mary Elizabeth Winstead. Celle-ci est non moins remarquable. Elle est vraiment dans son rôle, complètement investie, et après un début peut-être un peu poussif, ensuite c’est un sans faute. Pour l’autre rôle, je relève Kieran Culkin très plaisant dans un rôle caricatural sans doute, mais qu’il maitrise à la perfection, et qui apporte un grain sarcastique délicieux. Il y a encore une multitude de seconds rôles que je ne peux détaillés complètement, mais ce qu’il convient de retenir c’est que les personnages (en particulier les ex de Winstead) sont vraiment hauts en couleur (mention spéciale pour Brandon Routh dans le rôle du végétalien).
Le scénario du film est un peu le point noir du métrage, comme je m’y attendais à la lecture du synopsis. Forcément il est assez répétitif, le principe étant toujours le même, et il n’offre pas beaucoup de suspens. Wright arrive tout de même à atténuer cet aspect en travaillant autant que faire ce peut chaque partie, et en introduisant des fils conducteurs qui donnent de la consistance au film tout du long. Néanmoins il faut reconnaitre que ce n’est pas parfait de ce point de vue, avec des transitions un peu moyenne, et une impression de saccade trop prononcée. Ca manque de fluidité en somme. Pour autant, en dépit de ce défaut, l’histoire n’est pas inintéressante au final, il y a des idées nombreuses et parfois tout à fait sympathiques, et il est difficile de s’ennuyer grâce à un rythme soutenu. Je précise quand même que le début est un peu long à se mettre en place.
Sur la forme, Wright fait un travail très solide. La mise en scène est survoltée, en appelant très souvent au cartoon, à la BD, aux mangas, notamment dans les combats. Wright est vraiment précis, l’image est très lisible, et il y a de l’audace tout simplement. La photographie est elle aussi très agréable par ses recherches visuelles, en particulier dans les couleurs. Cela pourra déranger ceux qui n’aiment pas spécialement les teintes criardes et les contrastes hasardeux, mais je ne peux nier que cela traduit une esthétique visuelle originale. Les décors sont quant à eux un peu plus limités, mais il serait mal venu de dire qu’ils nuisent au métrage. Les fx pour leur part sont volontairement excessif et cartoonesque. Le rendu est franchement sympathique, même s’il est possible que Scott Pilgrim vieillisse assez vite de ce point de vue.
Enfin, bonne bande son qui accompagne bien les images et l’action. C’était quand même le minimum à faire avec pour héros le membre d’un groupe de musique.
Pour conclure, Scott Pilgrim est un film drôle, avec un comique certes particulier mais agréable bien que noir parfois, et qui pour autant ne néglige ni la dimension aventure, ni l’émotion, au grès de quelques scènes que n’aurait pas renié une comédie sentimentale. Formellement sans vrais défauts bien que très singulier et donc propre à ne pas plaire à tout le monde, Scott Pilgrim développe des personnages curieux au grès d’une histoire redondante et pas très bien ficelée, mais rythmée. Il mérite 4, et un visionnage pour se faire sa propre idée.