J’ignore si c’est parce que Darren Lynn Bousman avait signé l’épisode le moins léché de la saga (du moins jusque-là), mais nous avons un nouveau venu à la réalisation. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que David Hackl n’est pas franchement à la hauteur de l’événement. Bon, on pourra lui pardonner cette simplicité, ce classicisme qui a engendré l’absence de petits effets de style : c’est sa première réalisation. Oh je ne dis pas que ce n’est pas captivant. Au contraire, ça l’est toujours… D’autant que nous retrouvons cette ambiance malsaine et le même thème musical entêtant. Mais ce qu’on peut lui reprocher réside dans le traitement des flash-backs. Encore des flash-backs, me direz-vous ? La réponse est oui, alors que cette histoire macabre s’est terminée avec la disparition de Jigsaw. Terminée ? Pas vraiment, conformément à ce qu’il avait promis sur son lit de mort. Car "Saw V" est, on va dire, dans la continuité du numéro 4. Alors que nous savons désormais que le détective Hoffman est lui aussi un disciple de Jigsaw, nous continuons de remonter aux origines, tout en corsant un scénario de départ déjà à la base très complexe si on garde en mémoire le lien indissociable des trois premiers épisodes. Et nous irons de surprise en surprise, sur un rythme plus soutenu, en concordance avec la psychologie de l'agent spécial Peter Strahm. Alors que nous reprenons ici exactement là où nous avait laissé "Saw IV", dans le repaire du Tueur au puzzle, nous basculons entre passé et présent sans arrêt. Seulement le basculement entre les deux temps est traité exactement de la même façon à l’image (hormis quelques moments couleur sépia avec un léger flou pris à des épisodes encore précédents), ce qui rend le scénario un peu moins lisible. Pas de panique ! Tout redeviendra plus clair quand vous visionnerez à nouveau la saga dans son intégralité (croyez-moi, j'en suis à mon troisième visionnage !). Car le moins qu’on puisse dire, c’est que les scénaristes ont tellement voulu corser l’affaire qu’on se perd un peu dans la chronologie des faits au premier visionnage. Donc pour moi, David Hackl n’est pas seul responsable, la faute en revient aussi au montage. Et puis hein : faut être particulièrement barré pour continuer à imaginer un tel truc, où rien n’est laissé au hasard, tant la maîtrise dans "l’art d’anticiper les réactions de l’esprit humain" est poussée. C’est en cela que la saga est remarquable dans son ensemble, ce qui explique entre autres, son succès commercial. Il est vrai que cette espèce d’empathie que nous éprouvons contre toute attente pour John Kramer, et l’envie de savoir comment cette histoire trouvera son épilogue nous pousse à regarder cette histoire qui dépasse le côté gore pour se ranger toujours de plus en plus vers un thriller psychologique qui ne ménage pas nos méninges. "Vous n’en comprendrez peut-être pas toutes les règles, pour l’instant, mais je vous assure que les personnes mises à l’épreuve font partie d’un tout beaucoup plus grand : elles sont inter-reliées. Et donc à la fin, on pourra assembler toutes les pièces du casse-tête". "Et tout deviendra clair". "Votre soif insatiable de découvrir la vérité" vous enfoncera-t-elle davantage dans l’abîme ? Suivez mon conseil : n’allez pas plus loin. Car votre écran peut devenir votre sanctuaire ou le tombeau de votre esprit. A vous de choisir...