Une rareté, sortie en France en 1968 sous le titre Le Plongeon, puis ressortie en 2010 sous son titre original, The Swimmer. Adapté d’une nouvelle de John Cheever (prix Pulitzer 1979), qui fait une apparition à l’écran, le film s’appuie sur un scénario particulièrement original, déroutant, et sur la présence de Burt Lancaster qui – fait peu banal – passe tout le film en maillot de bain.
On suit l’itinéraire insolite, voire absurde, d’un homme qui semble sorti de nulle part et qui décide de rentrer chez lui en piquant une tête dans chaque piscine jalonnant son chemin. Chaque plongeon est l’occasion d’une ou plusieurs rencontres, de moins en moins sympathiques au fil du temps. À chaque étape, le réalisateur « plonge » un peu plus dans le passé du personnage. Il dessine le portrait (à rebours) d’un homme, ainsi que le tableau (en filigrane) d’une société. Ce dispositif de narration est aussi étonnant que captivant.
Dans un registre symbolique, on passe ainsi du beau temps à la pluie, du mensonge-fantasme à la vérité cruelle, avec un personnage dont l’énergie athlétique se délite petit à petit, jusqu’à l’épuisement physique et moral. Le film épingle de façon cinglante l’american way of life des années 1960 : culte de la réussite sociale, matérialisme, souci du paraître (la piscine comme signe extérieur de richesse), hypocrisie, égoïsme…
Très intéressant sur les plans dramatique et sociologique, Le Plongeon a cependant un point faible : sa réalisation (signée Franck Perry). Elle est tantôt hésitante (cadrage, lumière), tantôt pompière (ralentis, zooms appuyés, superpositions d’images). On pourrait aussi parler des faux raccords, de la musique ronflante… À la fin du tournage, Frank Perry a été invité à laisser sa place à Sydney Pollack qui n’a cependant pas été crédité au générique.