Les jouets. La petite soeur. Le chien fidèle. Les roulades dans l'herbe. Les anniversaires avec les copains. L'enfance. Et le temps. Il passe, s'enfuit. Pour les hommes, et les jouets, tout est pareil. Tout s'écoule, s'évanouit. Ce qui était un film d'animation pour le jeune public avant tout se révèle être une splendide méditation sur les époques passées et la jeunesse écoulée, qui s'en va, pour ne revenir que dans les brefs souvenirs d'adultes et les vidéos prises par Maman, qui se demande "si le bouton rouge c'est pour dire que ça tourne ?". Avec ce film mature, simple, libre, beau, où toutes les émotions nous balayent le visage comme le vent balaye les feuilles tombées, Pixar se fait machine à rêves. Certes : on sourit. Tant de fois... On rit. On jubile. On s'amuse. Mais on pleure, surtout. Tant de fois, aussi. Car le film est sombre. Terriblement. Intensément. Il y a, parmi les thèmes abordés, l'acceptation des réalités de la vie, et de la mort. Du désespoir, de la colère, tout ce qui mène au mal. Dans Toy Story 3, la mélancolie prend le pas, commande, et pourtant, paraît tellement discrète...Et puis, soudain, musique. Des ailes en plastoc pointée sur les cotés. Un chapeau de cow-boy posé sur le parquet d'une chambre. Et, le temps d'une scène poignante, les mains de ces jouets qui se serrent, comme nos coeur, devant la mort qui fait face, tapis dans un gigantesque brasier, que tous affronteront, ensemble, jusqu'à la fin. Cette fin de film là, comme à la fois inclinée face au passé et tournée vers l'avenir, résonne comme un adieu à l'enfance, à ces rêves, ces images. Là, on s'imagine, pour les plus jeunes comme moi, de ce qu'il s'est passé il y a quinze ans, jour pour jour, quand le monde les découvrait, ces jouets. Les aimait. Aujourd'hui encore, quand on retrouve dans ce coffre sombre ce que l'on avait jamais vraiment oublié, le sentiment perdure. Et on se met à croire pas tout à fait à tort que l'enfance aussi.