Le 25 mai prochain, le Jury présidé par la réalisatrice Greta Gerwig (Barbie) remettra la très convoitée Palme d'Or du 77e Festival de Cannes, propulsant ainsi une ou un cinéaste et son oeuvre sur le devant de la scène cinéma. Avec peut-être, par la suite, un fabuleux destin comme celui qu'a connu Anatomie d'une chute de Justine Triet, auréolé d'un Oscar, de six César et de nombreuses récompenses à travers le monde après son triomphe cannois en mai 2023.
Festival de Cannes : Furiosa, Costner, Cage, Dupieux... Ces films n'auront pas la Palme d'or 2024 mais ils vont faire l'événement !Cette année, vingt-deux longs métrages ont été retenus en Compétition par le comité de sélection piloté par le Délégué Général Thierry Frémaux. Alors que les festivités s'ouvrent ce mardi 14 mai avec la présentation Hors Compétition du Deuxième Acte de Quentin Dupieux, AlloCiné vous propose un coup de projecteur sur les films* qui vont faire battre le cœur de la Croisette et de la planète cinéma durant les deux prochaines semaines. À vos pronostics !
*classés par ordre alphabétique du nom de la / du cinéaste
La Compétition 2024 en bref :
- 22 films sélectionnés sur plus de 2000 reçus
- 1 premier film (Diamant Brut)
- 6 cinéastes français (Jacques Audiard, Coralie Fargeat, Michel Hazanavicius, Christophe Honoré, Gilles Lellouche, Agathe Riedinger)
- 4 réalisatrices (Andrea Arnold, Coralie Fargeat, Payal Kapadia, Agathe Riedinger)
- 1 cinéaste déjà lauréat de la Palme d'Or (Francis Ford Coppola)
Les 22 films en Compétition pour la Palme d'Or 2024
"The Apprentice" de Ali Abbasi
Révélé par ses films fantastiques, dont Border lauréat du prix Un Certain Regard, Ali Abbasi s’est fait une place de choix au Festival de Cannes. Le cinéaste danois d’origine iranienne s’est depuis tourné vers le réel et a fait sensation en 2022 avec Les Nuits de Mashhad, thriller inspiré d’un fait divers sordide pour lequel l’actrice Zar Ebrahimi avait reçu le prix d’interprétation féminine. Il revient cette année en compétition avec le drame biographique The Apprentice, qui dresse le portrait de l’homme d’affaires Donald Trump dans les années 70 et 80. Le film devrait faire parler, notamment pour la transformation de Sebastian Stan, méconnaissable dans la peau de Trump, qui est accompagné de Maria Bakalova et Jeremy Strong au casting.
"Motel Destino" de Karim Aïnouz
Déjà présent en Compétition l’année dernière avec Le Jeu de la Reine, Karim Aïnouz est de retour dans la même catégorie avec son nouveau film Motel Destino. Habitué du Festival de Cannes depuis le début des années 2000, le cinéaste brésilien, qui a fait ses armes aux côtés de Todd Haynes, propose ici un thriller érotique qui nous amène à Ceará, dans la côte nord-est du Brésil où il fait 30 degrés toute l’année. Chaque nuit, au Motel Destino, se jouent à l’ombre des regards de dangereux jeux de désir, de pouvoir et de violence. Un soir, l’arrivée du jeune Heraldo vient troubler les règles du motel...
"Bird" de Andrea Arnold
La cinéaste britannique Andrea Arnold fait son retour à Cannes avec Bird. Sa dernière visite sur la Croisette était pour un documentaire à la limite de l'expérimental, intitulé Cow. La réalisatrice est venue déjà trois fois en compétition : il y a 8 ans pour American Honey, il y 15 ans pour Fish Tank et il y a 18 ans pour Red Road, qui avaient tous deux obtenus le Prix du Jury. Ce nouveau long s'intéresse à Bailey, 12 ans. Elle vit avec son frère Hunter et son père Bug, qui les élève seul dans un squat au nord du Kent. Bug n’a pas beaucoup de temps à leur consacrer et Bailey, qui approche de la puberté, cherche de l’attention et de l’aventure ailleurs. Le casting réunit Barry Keoghan, Franz Rogowski et la jeune Nykiya Adams.
"Emilia Perez" de Jacques Audiard
Selena Gomez chez Jacques Audiard ? Non, ceci n'a rien d'une blague. Trois ans après Les Olympiades, également présenté en Compétition, le réalisateur de Un prophète revient avec Emilia Perez. Beaucoup de secrets entourent ce nouveau projet, d'ores et déjà présenté comme une comédie musicale. L'histoire ? Celle d'une avocate qui va aider une figure de la pègre à se retirer des affaires et réaliser son désir le plus cher : devenir une femme. Aux côtés de la superstar américaine, on retrouvera également Zoe Saldana.
"Anora" de Sean Baker
"Il y a beaucoup d'aspects du travail du sexe que nous pouvons explorer (…) ce sont des thèmes que je vais continuer à aborder", nous disait Sean Baker, déjà à Cannes, lorsqu’il présentait Red Rocket en 2021. Dont acte : Anora marque sa deuxième participation à la Compétition et racontera le parcours d’une travailleuse du sexe (Mikey Madison, vue dans le cinquième Scream) entre New York et Las Vegas. Chef de file du cinéma indé américain, le réalisateur devrait encore faire parler son amour des laissés-pour-compte et des codes des contes de fées, pour nous livrer un nouveau portrait (d'une jeune femme et de l'Amérique d'aujourd'hui) que l’on espère attachant. Et prendre une nouvelle dimension en inscrivant son nom au palmarès ?
"Megalopolis" de Francis Ford Coppola
Sa dernière participation à la Compétition remonte à 1979. Soit l’année de sa deuxième Palme d’Or, obtenue grâce à Apocalypse Now. 45 ans plus tard, Francis Ford Coppola pourrait donc être le premier cinéaste à réussir le triplé sur la Croisette. Avec un film qui s’annonce aussi massif que son titre : Megalopolis. Une histoire d’utopie et de reconstruction de New York que le réalisateur tente de faire aboutir depuis de nombreuses années et qu’il avait même dû abandonner après les attentats du 11 septembre 2001. Ça n’était que partie remise, et il viendra présenter ce nouvel opus, entièrement financé par ses soins, aux côtés de son casting quatre étoiles : Adam Driver, Nathalie Emmanuel, Dustin Hoffman, Shia LaBeouf, Jason Schwartzman, Aubrey Plaza ou encore Laurence Fishburne qui était déjà à l'affiche de... Apocalypse Now. Un signe du destin ?
"Les Linceuls" de David Cronenberg
Deux ans seulement après Les Crimes du futur, David Cronenberg revient à Cannes avec Les Linceuls (The Shrouds) avec Vincent Cassel et Diane Krüger. Ce projet est inspiré d'un deuil personnel et douloureux pour le réalisateur, la perte de son épouse Carolyn Cronenberg en 2017, emportée par une longue maladie à seulement 66 ans. "Les gens qui me connaissent bien sauront quelles parties du film sont autobiographiques", avait indiqué le réalisateur dans les colonnes de Première. Le film sortira en salles le 25 septembre 2024.
"The Substance" de Coralie Fargeat
Attention, choc en approche ! "Film très gore", voici les quelques mots intrigants de Thierry Frémeaux sur le nouveau film de la Française Coralie Fargeat, The Substance. Après son premier long métrage Revenge, la réalisatrice s'entoure d'un casting international : Margaret Qualley, Dennis Quaid et Demi Moore - qui signera sa première montée des marches avec un film en Compétition. Pour l'histoire, le secret est encore bien gardé. Les deux actrices devraient jouer mère et fille. Le nouveau Titane serait-il en route ? Réponse très bientôt.
"Grand Tour" de Miguel Gomes
Révélé en 2009 avec Ce cher mois d'août présenté à la Quinzaine des Cinéastes (qu'il présidera quatre ans plus tard), le Portugais Miguel Gomes fait son entrée dans la compétition avec Grand Tour. Il suit l'histoire d'Edward, un fonctionnaire de l’Empire britannique à Rangoon, en Birmanie, en 1917, qui s’enfuit le jour où il devait épouser sa fiancée Molly. Déterminée à se marier, Molly part à la recherche d’Edward et suit les traces de son Grand Tour à travers l’Asie.
"La Plus Précieuse des Marchandises" de Michel Hazanavicius
Deux ans après avoir fait l'ouverture du Festival de Cannes avec la comédie Coupez!, Michel Hazanavicius passe du côté de la Compétition avec un film d'animation intitulé La Plus précieuse des marchandises. L'histoire se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale et suit un couple de bûcherons polonais qui recueille un bébé jeté d'un train de déportés envoyés vers le camp de concentration d'Auschwitz. Parmi les voix, on retrouve Jean-Louis Trintignant - dans l'un de ses derniers projets avant sa mort -, Dominique Blanc et Grégory Gadebois.
"Marcello Mio" de Christophe Honoré
Jamais deux sans trois pour Christophe Honoré ! Après Les Chansons d’amour et Plaire, aimer et courir vite, son nouvel opus Marcello Mio marque sa troisième participation à la Compétition. Où le film a tout pour être le grand vertige méta de cette édition : il y est question d’une actrice, Chiara (son actrice fétiche Chiara Mastroianni), fille de Marcello Mastroianni et Catherine Deneuve (qui joue son propre rôle, comme Fabrice Luchini ou Nicole Garcia), qui décide de vivre la vie de son père en adoptant son look, moustache comprise. Une comédie dans laquelle fiction et réalité se donneront la main pour revisiter un pan de l’Histoire du Cinéma, et même rejouer certaines scènes iconiques, comme celle de la fontaine de La Dolce Vita, Palme d’Or en 1960. Comme un signe du destin pour le réalisateur, toujours reparti bredouille de Cannes ?
"Caught by the Tides" de Jia Zhangke
Membre du jury du 67e Festival de Cannes sous la présidence de Jane Campion, Jia Zhangke est un habitué de la Croisette. Le réalisateur chinois, membre de la sixième génération du cinéma chinois et attaché au réel et à la captation des changements que vit la Chine contemporaine, revient en Compétition avec Caught By The Tides. Ce drame nous ramène en Chine au début des années 2000 pour nous livrer 25 ans de l’histoire d’un pays en pleine mutation à travers une histoire d’amour passionnée mais fragile et une épopée filmique inédite.
"All we imagine as light" de Payal Kapadia
Premier film de fiction et première fois en compétition officielle ! Après avoir reçu le Prix du meilleur documentaire à Cannes en 2021 pour Toute une nuit sans savoir, retenu à la Quinzaine des réalisateurs, Payal Kapadia défendra All We Imagine as Light. Le cinéaste indienne, qui revendique des influences telles que Alice Rohrwacher, Claire Denis, Mati Diop, ou encore Agnès Varda, s'intéressera au thème de l'amour : "C'est un thème récurrent dans mon travail. Je pense que l'amour particulièrement en Inde est un sujet très politique, car c'est une société très complexe".
"Kinds of Kindness" de Yorgos Lanthimos
L’histoire d’amour entre Yorgos Lanthimos et Cannes va pouvoir reprendre. Après deux détours par Venise avec La Favorite et Pauvres créatures, Lion d’Or 2023, le cinéaste grec revient sur la Croisette. Et en Compétition, où il a déjà remporté un Prix du Jury (The Lobster) et un Prix du Scénario (Mise à mort du cerf sacré). Composé de trois histoires dans lesquelles les sept acteurs principaux (dont Jesse Plemons, Hunter Schafer ou sa nouvelle muse Emma Stone) incarnent à chaque fois un rôle différent, Kinds of Kindness est d’ores et déjà l’un des films les plus attendus de cette nouvelle édition. En espérant que le réalisateur nous offre l’un des ces opus choc dont il a le secret.
"L'Amour ouf" de Gilles Lellouche
Six ans après la sortie du Grand Bain, Gilles Lellouche revient à la réalisation pour L'Amour ouf. Ce film très ambitieux avec François Civil et Adèle Exarchopoulos sera l'un des événements de ce Cannes 2024. Le film devrait mélanger les genres et dépasser les 3 heures ! En terme de références, Scorsese, Tarantino ou West Side Story devraient être convoqués... L'histoire commence dans les années 80, dans le nord de la France. Jackie et Clotaire grandissent entre les bancs du lycée et les docks du port. Elle étudie, il traine. Et puis leurs destins se croisent et c'est l'amour fou. La vie s'efforcera de les séparer mais rien n'y fait, ces deux-là sont comme les deux ventricules du même cœur...
"Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde" de Emanuel Parvu
Emanuel Parvu, connu en tant qu'acteur en Roumanie, est passé à la réalisation il y a quelques années, et Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde est son premier à arriver en Compétition à Cannes. Son cinéma devrait s'inscrire dans les pas d'un autre cinéaste roumain, bien connu de la Croisette : Cristian Mungiu. Particularité de ce film : il s'empare d'un sujet très sensible en Roumanie, et rarement abordé frontalement, celui de l'homosexualité dans une communauté conservatrice.
"The Seed of the Sacred Fig" de Mohammad Rasoulof
Alors qu’il devait faire partie du jury l’année dernière, Mohammad Rasoulof est invité cette année à présenter son nouveau film The Seed of the Sacred Fig en Compétition. Mais le cinéaste iranien sera-t-il présent sur la Croisette ? Rien n’est moins sûr. Car si ses œuvres sont louées par la profession occidentale, elles sont rejetées par le gouvernement iranien qui l’a condamné à plusieurs reprises pour "propagande contre le régime" avec d’autres cinéastes, comme Mostafa Aleahmad et Jafar Panahi. Cette vague de répression contre ces artistes compromet la venue de Mohammad Rasoulof, même s’il a été temporairement libéré de prison en raison de problèmes de santé.
"Diamant brut" de Agathe Riedinger
C’est un nouveau talent français qui vient de se faire une belle place au Festival de Cannes : Agathe Riedinger, l’une des quatre femmes en compétition cette année, verra son premier long-métrage être scruté par le jury présidé par Greta Gerwig. Diamant Brut est un récit d’émancipation qui a pour toile de fond le milieu impitoyable de la télé-réalité. Le film, qui semble suivre l’esthétique haute en couleur et le ton percutant de ses courts-métrages, raconte l’histoire de Liane, 19 ans, téméraire et incandescente, qui vit avec sa mère et sa petite sœur sous le soleil poussiéreux de Fréjus. Obsédée par la beauté et le besoin de devenir quelqu’un, elle voit en la télé-réalité la possibilité d’être aimée. Le destin semble enfin lui sourire lorsqu’elle passe un casting pour l’émission Miracle Island...
"Oh, Canada" de Paul Schrader
C’est l’un des plus grands noms du cinéma américain : Paul Schrader revient sur la Croisette pour présenter son nouveau long-métrage. Le collaborateur de longue date de Martin Scorsese est très prolifique ces dernières années et après sa trilogie implacable (Sur le chemin de la rédemption, Card Counter, Master Gardener), il s’entoure une nouvelle fois d’un casting prestigieux entre acteurs iconiques et nouveaux talents prometteurs. Porté par Jacob Elordi, Richard Gere, Uma Thurman et Kristine Frøseth, Oh Canada raconte l’histoire d’un célèbre documentariste canadien, condamné par la maladie, qui accorde une ultime interview à l’un de ses anciens élèves. Il va enfin dire la vérité sur ce qu’a été sa vie et sa confession est filmée sous les yeux de sa dernière épouse.
"Limonov, la ballade" de Kirill Serebrennikov
En 2018 et 2021, lorsque Leto et La Fièvre de Petrov étaient présentés sur la Croisette, il avait brillé par son absence, car frappé d’une interdiction de quitter le territoire russe, en raison de son opposition explicite à Vladimir Poutine. Mais ça, c’était avant, et Kirill Serbrennikov accompagne désormais ses films à Cannes : La Femme de Tchaïkovski en 2022, et ce Limonov, la ballade aujourd’hui. Soit l’adaptation du roman homonyme d’Emmanuel Carrère, portée par Ben Whishaw, interprète d’Edouard Limonov, poète enragé et belliqueux doublé d’un agitateur politique. Une figure du XXe siècle que nous suivrons de Moscou à New York en passant par Paris, et dans laquelle le metteur en scène doit sans aucun doute se reconnaître. L’autoportrait déguisé de cette édition ?
"Parthenope" de Paolo Sorrentino
Grand habitué de Cannes, l'Italien Paolo Sorrentino revient en Compétition avec Parthenope, dont le nom désigne les sirènes dans la mythologie grecque. Dans ce long métrage, le cinéaste filme la vie d'une jeune femme, Parthénope, de sa naissance dans les années 1950 à nos jours au cœur de Naples. Le film est présenté comme "une épopée féminine dépourvue d’héroïsme mais éprise de liberté". Au casting, on notera la présence de Gary Oldman.
"La Jeune femme à l’aiguille" de Magnus von Horn
Le Suédois Magnus von Horn réalise son troisième film et revient pour la troisième fois à Cannes. Cette fois, il fait son entrée dans la Compétition avec The Girl With the Needle, un biopic sur Karoline, une jeune ouvrière danoise pauvre qui apprend qu'elle est enceinte. Elle fait alors la rencontre de Dagmar, une femme charismatique qui dirige une agence d'adoption clandestine. Un lien fort se crée entre les deux femmes et Karoline accepte un rôle de nourrice à ses côtés.